Le travail du gouvernement qui a consisté à rendre plus performante la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) ne s’est pas arrêté sur la mise en exécution du Contrat-plan. A la suite d’un diagnostic pertinent, l’Exécutif béninois a découvert que la mise en gestion déléguée de la Sbee, permettra d’atteindre le bonheur recherché.
« Mais le travail, la profondeur du changement est telle que nous ne pouvions nous contenter que d’un contrat plan. C’est pour ça d’ailleurs que le gouvernement avait décidé, au-delà de ce qui avait été préconisé dans le cadre de l’accord de don Mca II, de rendre plus efficace cette entreprise. L’analyse du gouvernement a débouché sur le constat que le mal est profond, nos concitoyens sont impatients et il faut aller vite et en profondeur pour que les résultats soient durables. C’est pour ça que le gouvernement a pris la décision de passer en gestion déléguée cette entreprise nationale », a expliqué le ministre Dona Jean-Claude Houssou. L’option de la gestion déléguée est sortie du conseil des ministres en sa séance du 12 mai 2017. Pour éclairer l’opinion publique par rapport à cette décision, le ministre d’Etat chargé du plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané, et celui de l’énergie, Jean-Claude Houssou, ont animé le 15 mai 2017 à Cotonou une conférence de presse. L’objectif est d’expliquer aux citoyens béninois dont la plupart ont pensé à une privatisation de la Sbee, les motivations d’une gestion déléguée. « L’énergie électrique est un obstacle pour la croissance économique dans notre pays », a soutenu le ministre d’Etat chargé du plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané. A le suivre, le contrat de gestion est un engagement contractuel par lequel une entité privée prend la responsabilité de la gestion d’une entreprise publique, moyennant paiement d’un montant pour la prestation de service, mais toujours avec l’effectif de l’entreprise. Ce montant correspond à des services bien définis et il peut également être fonction de la performance de l’entreprise. « La propriété des décisions d’investissement demeure du ressort de la partie publique. Le risque opérationnel est entièrement supporté par l’autorité publique », a-t-il dit avant d’ajouter : « Le contrat de gestion stipule un certain nombre d’améliorations et d’objectifs à atteindre, et la rémunération de l’opérateur est liée à la performance obtenue ». Dans un contrat de gestion déléguée, les indicateurs prennent en compte également et fortement les ressources humaines, l’accompagnement dans l’amélioration des compétences des acteurs locaux, leur promotion, pour faire en sorte qu’une fois le gestionnaire parti, l’entreprise puisse assurer normalement les performances. Pour la mise en œuvre de cette réforme, l’Etat Béninois s’est engagé à recruter un cabinet conseil international qui sera chargé d’assister le gouvernement pour conduire le processus de mise en place de la gestion déléguée de la Sbee, par un appel d’offres international. Mais avant la mise en gestion déléguée, le gouvernement de la rupture a décidé d’effacer les créances de l’Etat sur la Sbee, d’un montant d’environ 25 milliards de francs cfa. Pour l’avenir, dans une vision d’éviter l’accumulation des dettes, le conclave hebdomadaire du 12 a choisi de faire installer des compteurs à prépaiement, et de payer les consommations de l’administration publique et des collectivités locales par anticipation. Se basant sur le contrat-plan le numéro 1 de l’énergie au Bénin a annoncé la mise en place d’un conseil d’administration « capable d’exercer un pouvoir décisionnel sur toutes les grandes orientations ». Selon le ministre, les membres de ce conseil d’administration doivent disposer de compétences nécessaires de haut niveau en matière de gestion administrative, financière, technique et managériale, pouvant permettre d’améliorer considérablement et durablement les qualités de management de la Sbee. « L’objectif visé par le gouvernement est d’assurer dans la durée une bonne gestion de la Sbee, et de lui donner les moyens d’assurer ses performances de façon pérenne au service de la clientèle, qui est la raison d’être de toute entreprise », a-t-il indiqué.
Les critiques à l’annonce de la gestion déléguée
La gestion déléguée choisie par le gouvernement de Patrice Talon a suscité certaines analyses. En évoquant la loi n°92-023 du 06 août 1992 sur la dénationalisation en République du Bénin, en son article 7, il est dit que le pouvoir en place a contourné les dispositions. « Sont exclues du champ de dénationalisation ou de transfert de propriété du secteur public au secteur privé, les entreprises stratégiques et les entreprises du secteur non concurrentiel, ayant une mission de service public national. Sont réputées stratégiques, les entreprises ayant pour objet les mines, l’énergie, l’eau, les forêts, les armements, les transports, les communications et les télécommunications. Toutefois, le Gouvernement peut intéresser des personnes privées à l’exploitation des entreprises relevant de ces secteurs ». Les explications du ministre Dona Jean-Claude Houssou pour faire entendre raison à certains qui pensent que la gestion déléguée est une privatisation déguisée n’ont pas abbouti. Dans certains médias, on peut lire « Mais ce qui risque d’arriver à la Sbee malgré toutes les assurances, c’est un système de compression périodique du personnel par l’entreprise qui aura cette fameuse gestion déléguée à charge. Les conséquences en seront d’ailleurs grandes : chômage, coûts des prestations revus à la hausse (alors que les populations soufrent assez avec les tarifs actuels), etc. Cette souffrance va s’accentuer. Or, l’Etat a la responsabilité de protéger tous ses administrés, surtout les petits consommateurs. La gestion déléguée est une privatisation qui ne dit pas son nom, et elle constitue une menace pour les pauvres consommateurs. Le secteur privé donne généralement l’impression d’une gestion meilleure à celle du public. Or, le privé est en quête permanente de profit : gagner gros, concurrencer, être leader dans son domaine, etc. Les résultats n’ont d’ailleurs pas été reluisants dans des pays comme le Sénégal la Côte d’Ivoire ou le Gabon, où elle a été expérimentée. » Mais le temps a permis de les convaincre. Les performances de la Sbee aujourd’hui peuvent témoigner.
L’appropriation du concept gestion déléguée
Malgré les critiques, le président Patrice Talon et son gouvernement ont foncé dans le processus de ce mode de contrat Ppp. Pour mieux faire comprendre aux personnels de la structure le bien-fondé de la réforme une journée de réflexion a eu lieu à Cotonou le vendredi 30 juin 2017. « … Les cadres de la Sbee ne sont pas contre les réformes. Nous l’avons prouvé en participant activement et qualitativement à tous les travaux d’élaboration du Contrat-plan. Nous voulons simplement comprendre le contenu de la Gestion déléguée. Nous voulons être associés et apporter notre contribution à toutes les réformes qui puissent porter vers la performance de notre société, la Sbee… », a déclaré Gustave Allodji, le président de l’Association des cadres du métier de l’électricité (Acme).
Bienvenue Agbassagan
(Suite dans la prochaine parution)