De reports en reports, le parti Les Démocrates (Ld) a fini par révéler son incapacité à désigner un candidat consensuel pour la prochaine élection présidentielle. Ce qui devait être une démonstration d’unité et de maturité politique s’est progressivement muée en une crise interne, symptomatique d’une gouvernance défaillante.
Selon de nombreux observateurs, la principale cause de cette impasse réside dans la gestion interne du parti. En orchestrant lui-même une fracture au sein de sa formation, l’ancien président Boni Yayi, fondateur et figure tutélaire de Ld, aurait ouvert la voie à un affaiblissement majeur de sa propre organisation. Ironie du sort, cette désunion interne a servi, bien malgré elle, les intérêts de la mouvance présidentielle. Cette dernière n’a eu nul besoin d’intervenir pour compliquer la tâche à ses adversaires : le parti s’est, de fait, sabordé tout seul. Alors qu’il disposait de 28 parrains, un atout stratégique dans la course à la candidature, Les Démocrates détenaient pourtant toutes les cartes pour s’imposer comme une alternative crédible. Mais l’incapacité à surmonter les querelles internes a fini par réduire à néant cet avantage politique. Pour nombre d’observateurs avertis de l’actualité politique nationale, il apparaît clairement que Boni Yayi n’a pas d’idéal pour le pays, ni pour son parti, qu’il ne veut la promotion de personne d’autre au sein du parti si ce n’est lui-même ou ses proches parents. C’est les choix aventureux du leader charismatique du principal parti d’opposition qui semblent mettre à mal la cohésion et la discipline au sein du parti. Les vilains clichés projetés au-devant de la scène ces derniers jours, sont la résultante de l’incurie qui caractérise cette formation politique qui nourrit pourtant l’hypothétique rêve de provoquer l’alternance au sommet du pays en 2026.
Désignation de duo sur fond de division
La désignation du duo de candidats pour la Présidentielle de 2026 n’est pas chose aisée au niveau du parti « Les démocrates ». Alors que les partis de la majorité ont réussi, contre toute attente, à s’accorder autour du choix du duo Wadagni-Talata, la principale formation politique de l’opposition et son président Boni Yayi sont sous les projecteurs, alimentant la polémique et démontrant son incapacité à choisi un duo consensuel. Après moult tergiversations, le parti « Les démocrates » aurait finalement jeté son dévolu sur maître Renaud Agbodjo, comme porte-étendard à la Présidentielle du 12 avril 2026. Comme colistière, le nom de Célestine Zanou est annoncé. C’est du moins ce que révèlent des sources proches du parti, contactées par Le Matinal. Si ce choix se confirme, il s’apparenterait à un accouchement par césarienne, au regard des nombreux soubresauts exposés par le parti depuis quelques jours. En effet, les reports successifs de la date de désignation de deux jokers du parti pour la présidentielle, ont mis à nu, les difficultés internes à s’accorder les violons autour d’un candidat.
Houndété à nouveau « évincé »
Annoncé comme l’un des prétendants sérieux au fauteuil présidentiel au niveau du parti Ld, Eric Houndété devra, à nouveau, à son corps défendant, prendre son mal en patience et différer ses ambitions présidentielles pour le futur, si d’aventure, il n’était pas frappé par la limite d’âge. En effet, d’autres prétendants lui auraient été préférés, une situation qui est perçue à tout point de vue, comme une enième trahison. A l’origine des malheurs du député de la 5ème circonscription électorale, l’on pointe du doigt Boni Yayi. L’ancien président de la république est taxé de privilégier ses propres intérêts au détriment de ceux de la formation politique. Pour les partisans du leader politique de Kpomassè, l’on estime que Boni Yayi a toujours laissé s’exprimer son côté revanchard contre Eric Houndété qu’il a malicieusement écarté de la course à la Présidentielle de 2021 avant de l’évincer de la tête du parti « Les démocrates ». Par ailleurs, malgré son poids politique, Eric Houndété ne se verra pas confier la présidence du groupe parlementaire Ld ni la gestion des finances du parti. En préférant son parent Yacoubou Bio Sawé puis son neveu Renaud Agbodjo à Houndété pour porter le flambeau du parti Ld à la Présidentielle d’avril 2026, il apparaît que Boni Yayi ne met pas la considération nationale dans la balance pour faire ses choix. C’est toujours des gens de son cercle ethnique qu’il préfère promouvoir. Une situation sujette à une flopée de critique et qui fragilise fortement le parti.
Abdourhamane Touré




















