L’Assemblée nationale a organisé du 20 au 22 septembre 2022, une série consultations publiques sur l’extrémisme violent et le terrorisme dans le département de l’Alibori. Ces consultations publiques se sont tenues à Kandi et ont permis aux députés d’échanger avec les forces vives des Communes de Kandi, Karimama, Banikoara et Malanville. Au terme de la rencontre, des engagements ont été pris de part et d’autre pour lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme dans ce département du Bénin. Lire les propos de quelques participants.
Benoît Dègla, député : « Nous pouvons interpeler le gouvernement et cela va commencer »
« Ce fut des échanges très fructueux. Nous en avons tiré beaucoup de choses. Il fut un moment où l’émotion a failli prendre le pas sur les évènements. Nous avons écouté attentivement tout ce qui a été dit. Nous pouvons interpeler le gouvernement et cela va commencer les tout prochains jours. Notre pays par rapport à la question de l’extrémisme violent, se distingue dans la sous-région. Quand vous regardez les pays côtiers qui sont atteints, nous sommes l’un des rares à pouvoir bloquer l’ennemi malgré les parcs qui sont les refuges de ces terroristes. Il appartient au Bénin de sécuriser ses frontières. Et c’est ce que nous faisons. Il y a quelques incursions c’est vrai. Mais on finira par contenir cela. Nous avons compris les messages des forces vives des Communes de Kandi, Karimama, Banikoara et Malanville. La représentation nationale se fera le devoir de rendre compte. Nous nous ferons le devoir aussi d’intervenir auprès de l’Exécutif pour faire le plaidoyer afin que tout ce qui est difficultés énoncées puisse trouver des solutions ».
Orden Alladatin, député : « Ce qu’on a vu peut induire des projets ou des propositions de lois »
« Nous avons pu mesurer la portée de la question et à peu près le niveau d’infiltration que nous avons au niveau des communautés. Ce fut une belle expérience. Après cinq jours de riches discussions, on a une moisson d’informations. En tant que député, dans notre rôle de représentation, nous allons faire remonter les choses et en lien avec le gouvernement, les réponses qui peuvent être apportées vont suivre. Nous allons pondre un rapport qui sera partagé avec toute la représentation nationale. Ce rapport sera envoyé au gouvernement pour que l’on voie surtout, à la veille de l’examen du budget général de l’Etat, comment intégrer des préoccupations majeures exprimées par les populations. Ce qu’on a vu ici peut avoir des implications au niveau législatif et induire des projets ou des propositions de lois. Et si c’est le cas, la commission des lois va se mettre à la tâche pour faire des propositions. Les populations ont un rôle essentiel à jouer. Les forces de l’ordre sont là pour jouer leur partition. C’est une guerre asymétrique. On n’a pas en face une Armée régulière qui vous attaque. Dans ces conditions, les populations doivent prendre la mesure des choses et nous sommes venus renforcer cette conviction qu’elles-mêmes ont commencée par avoir par rapport au phénomène. Nous en avons profité pour leur lancer des messages par rapport à leur propre responsabilité. Le rôle de la population est de ne pas permettre l’infiltration. Nous avons aussi rassuré les populations que la représentation nationale est à leur côté ».
Abdouwahabe Seydou, Premier adjoint au maire de Kandi : « Ce qui compte pour nous, ce sont les solutions »
« Au niveau de la Commune de Kandi, nous vivons de plein fouet cette situation. Avec les derniers évènements, vous vous rendez compte que c’est beaucoup plus dans l’arrondissement d’Angaradébou précisément dans le parc W que les attaques s’enregistrent. C’est le nid des terroristes qui viennent se réfugier en cas de forfait. Nous avons eu l’occasion d’écouter tous les chefs de villages, les élus du Conseil communal. Chacun a pu dire comment le phénomène se manifeste dans sa zone. C’est un phénomène très compliqué, très complexe parce qu’on n’arrive pas à distinguer les différents acteurs qui animent ce phénomène de nous-mêmes en tant que population. Le drame, c’est que même lorsque les populations veulent collaborer, on ne sait même plus à qui faire confiance. Pour le moment, nous optons pour la sensibilisation au niveau des mosquées et des églises pour que les gens puissent propager des messages de paix mais on constate que cela ne suffit pas. La cause principale de ce phénomène, c’est la pauvreté. Or, la pauvreté gagne du terrain. C’est pourquoi, nous voulons demander que diligence soit faite pour que les députés qui sont arrivés, puissent exploiter les informations qu’ils ont reçues pour que dans un avenir très proche, nous puissions conjuguer ce phénomène au passé. Ce qui compte pour nous ce n’est pas seulement leur arrivée mais les solutions qu’ils nous aideront à trouver après cette rencontre ».
Nourou Deen Traoré Zakari, représentant de l’Association « Iri-Bonsê » de Kandi : « En dehors de la sensibilisation, il faut prévenir… »
« C’est une bonne consultation. Cela nous permet d’abord de nous informer et de partager aussi ce que nous avons à notre niveau par rapport à l’extrémisme violent et le terrorisme. Au niveau de la Commune de Kandi, les effets de l’extrémisme se font déjà sentir. C’est pourquoi nous, nous avons fait des propositions allant dans le sens des sensibilisations. En dehors de la sensibilisation, il faut prévenir car prévenir vaut mieux que guérir pour que nous, représentants des associations de développement, les populations, nous puissions prendre conscience pour travailler, collaborer avec les forces de sécurité ».
Amadou Koto Sabi Kouma, président de l’Association de l’Ajdk : « Nous allons renforcer la coproduction de la sécurité »
« Cette séance dirigée par nos parlementaires est d’une importance capitale. Les maux qui nous minent, nous les jeunes de la Commune de Kandi trouvent pour la plupart leur source dans la prise de certains produits psychotropes. Avec un tel tableau, la jeunesse inconsciemment facilite l’implantation des terroristes. Et il faut reconnaitre que le mal existe. Il vaut mieux prendre des dispositions pour mieux contenir ce phénomène. Avec les conseils reçus, nous allons mettre l’accent sur la sensibilisation surtout en notre sein, au niveau des jeunes et renforcer la coproduction de la sécurité en partenariat avec les forces de défense et de sécurité pour finir avec l’évolution galopante et inquiétante de l’extrémisme violent ».
Propos recueillis par Ludovic Ayédèguè (Br Borgou-Alibori)