La vacance du trône de la lignée Affossoko a pris fin le samedi 13 avril 2024. Dépositaire de la science divinatoire dans la région Agonlin en général et dans la Commune de Zagnanado en particulier, il a été pourvu à travers l’intronisation officielle du vénérable Daada Affossoko Yêhouétchia Atchèdjèdji. Le nouveau prêtre de Fâ qui poursuit encore les cérémonies coutumières liées à sa consécration, a promis d’inscrire son règne sous le sceau de la continuité. C’était en présence du roi Yêto Kandji d’Agonlin-Houégbo et un parterre de Bokonon venus de tous les horizons.
«Tresser la nouvelle corde au bout de l’ancienne pour valoriser le Fâ. » Tel est le défi majeur que s’est aasigné Daada Affossoko Yêhouétchia Atchèdjèdji, le troisième dignitaire qui accède à la haute fonction de l’ordre sacré de l’art divinatoire à la tête de la lignée Affossoko. Selon lui, aucun héritier ne parvient à ce trône s’il n’a pas toutes les potentialités requises. « Avant d’être intronisé, il faut atteindre un certain niveau de la hiérarchie des Assangnis bokonon, c’est-à-dire avoir le grade des Assangnis bokodaxo », a-t-il précisé. Il a ajouté que Affossoko, au sein de la dynastie Yèto, joue un rôle de premier plan auprès du souverain. La cour royale le consulte souvent sur des questions qui dépassent l’intelligence humaine. Usant de ses connaissances empiriques, il apporte la solution qu’il faut pour soulager le peuple et faire triompher la puissance du trône. Parmi ses frères, si le choix de l’oracle est porté sur lui, c’est parce que, non seulement il a été désigné par son père, de vénéré mémoire, mais aussi, il remplit toutes les conditions exigées. D’ailleurs, il a assuré l’intérim de ce poste durant les huit années qu’avait durées l’indisponibilité de son père pour raison de santé. Autrement dit, son couronnement n’est que la légitimation du pouvoir qu’il exerçait du vivant de son géniteur. En dépit de cette grâce dont il a bénéficié, aucune étape n’a été escamotée notamment la consultation de l’oracle pour s’assurer qu’il est vraiment le choix des ancêtres. Des rites coutumiers visant à tourner la page de son prédécesseur jusqu’au port des attributs en passant par la présentation au temple des ancêtres et les rituels de purification, le vénérable Daada Affossoko Yêhouétchia Atchèdjèdji, avec la complicité de Assouwagan de Bamè, le maître des cérémonies, n’a rien laissé au hasard. Suite à la publication de son nom de règne, il a indiqué qu’il ne peut accomplir seul cette mission. Mais en symbiose avec tous les acteurs afin de donner plus de visibilité à la culture ancestrale qu’est le Fâ. Le pouvoir de Affossoko s’étend sur toute la Commune de Zagnanado. Il est donc habilité à investir les nouveaux bokonons de son clan. Au chapitre des doléances, le vénérable a d’abord salué la vision du chef de l’Etat, celle de mettre en valeur les us et coutumes du Bénin. Ensuite il a fustigé la gestion souvent faite de l’appui de l’Etat destiné aux rituels propitiatoires dans les trois Communes d’Agonlin. Selon lui, ces subventions ne sont pas directement versées aux ayants droits. Un groupuscule s’en accapare et ce sont les dignitaires et les initiés qui cotisent de l’argent pour pourvoir conduire ces genres de cérémonie alors l’Etat, ayant compris leur pertinence, envoie son soutien. Il souhaite qu’à l’avenir ces fonds aillent directement aux vrais acteurs de chaque Commune pour plus de traçabilité.
Zéphirin Toasségnitché
(Br Zou-Collines)