Le député Nourénou Atchadé a prononcé à la tribune de l’Assemblée nationale, le discours du parti Les démocrates pour la constitution de leur groupe parlementaire. Dans ce discours, il a stigmatisé certaines personnalités comme étant des bourreaux de l’opposition. A l’analyse de ces propos, le Sage Karim Urbain da Silva estime n’avoir entendu que des injures et de la provocation.
Le Matinal : Du haut de votre expérience, quelles appréciations faites-vous du discours des Démocrates au Parlement à l’occasion de l’installation de la nouvelle Législature ?
Karim Urbain da Silva : Sans vous étonner, il y a eu de la perturbation, c’est de la provocation. Tout le monde s’attendait, à une entrée d’humilité et de reconnaissance. Ce parti politique a eu des difficultés pour remplir certaines conditions d’éligibilité. C’est Patrice Talon, en bon père de famille, qui l’a sauvé de ce que tout le monde sait. Hier dimanche 12 février, j’ai été scandalisé.
Pour comprendre mon état d’âme, il faut remonter dans l’histoire, pour expliquer des situations aux jeunes qui se sont permis de choisir les démocrates. En effet, ces jeunes avaient 10 ans. Aujourd’hui, ils sont mûrs. Sans explication, ils seront toujours ignorants. Qui étions-nous ? Et d’où nous venons ? Il est d’une logique indiscutable, qu’on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Il faut leur faire comprendre qu’à la prise de pouvoir en 2016, le constat malheureux est le pays allait vers la ruine totale. Sur l’échiquier politique, on dénombrait plus de 200 partis et regroupements politiques un pays d’environ 11 million d’habitants. Les députés sont soudoyés pour procéder aux votes de lois. C’était une porte grandement ouverte sur la faillite. En dehors des grands chantiers réalisés, Patrice Talon a réduit considérablement et extraordinairement le nombre de partis à 2 ou 3. Un travail qui était titanes que pour Kérékou, Soglo et Yayi. Ceux qui ont 20 ans aujourd’hui, ignorent concrètement cela. Ce n’est pas leur faute.
Qui l’eut cru ? Je me dois de dire la vérité quoi que cela me coûte. Certains pourraient penser que j’en veux à quelqu’un. Mais c’est l’objectivité. Yayi Boni et ma grand-mère maternelle sont d’une même région. Malgré cela, je ne connaissais pas Yayi. C’est le président Patrice Talon qui nous a fait connaitre Yayi Boni. Je suis d’accord qu’on peut arriver à commettre des erreurs parce qu’il n’y a que celui qui ne fait rien qui ne se trompe pas. Ils ont fait un logiquement un deal parce que la politique est faite d’intérêts et d’intrigues. Yayi n’aurait pas honoré son engagement. Talon étant un bon calculateur, il a su prévoir. Parmi les jeunes qui se disent Démocrates, il en a de doués et de surdoués qui ne connaissent pas ce qui s’était passé. Il ne faut donc pas leur reprocher d’avoir pris des positions favorables aux démocrates. Mais, ils doivent savoir que ce pays était perdu avec la gouvernance Yayi.
Cautionnez-vous la thèse du recul démocratique de Talon pour sauver les meubles ?
On ne peut rien faire sans la paix. Rien ne réussit dans le désordre. Pour avoir la paix, il faut des sacrifices dans tous les domaines. Je vous dis que pour cette législature, c’est le gouvernement qui a joué son rôle de facilitateur. Sinon le parti ne remplissait pas des conditions de la loi.
Mais la décision de la Cour constitutionnelle vous contredit ?
Je vous le réitère, le parti ne remplissait pas les conditions. Le gouvernement a tout fait pour qu’il y soit.
Soupçonnez-vous des accords dissimulés ?
Vous en parlez-vous-mêmes. Si vous en parlez, c’est donc vrai. .
Mais Eric Houndété l’a nié……
Eric Houndété, j’ai de l’estime pour sa personne. Je l’aimais, il ne le sait pas. Je n’ai pas eu l’occasion de le manifester. Il sait quand je le vois, je suis content. Mais ce qu’ils ont dit hier, est décevant. Ce discours laisse transparaitre le côté va-t’en guerre, vindicatif de Boni Yayi qui est d’ailleurs leur parrain.
Il est vrai que c’est de son droit de se mettre sur le champ politique, mais il n’a pas à faire des sorties politiques.
A vous entendre, c’est comme si le discours qui a été prononcé est commandité par Boni Yayi ?
C’est sur la base de ce que j’ai entendu que je fais mes analyses. En tout cas, je m’adresse à tous ceux qui ont contribué. Connaissant l’homme, il n’en serait pas loin. Quand on veut une chose réellement, ce n’est pas en criant sur les toits chez tout le monde qu’on peut l’obtenir ? Ils parlent de la libération de Madougou et de Aïvo, de la surpression de la Criet, une juridiction qui fait école dans d’autres pays. Nous sommes un petit pays, mais grand par ce que nous représentons. J’étais en colère hier, après avoir écouté le discours de Les démocrates. On s’attendait à un discours de paix. On a entendu que des injures. C’est de la provocation.
Que doit-il faire quand on sait qu’il y a une jurisprudence Soglo ?
Un ancien président n’agit pas de la sorte. Prenant le cas Soglo, je vous dis tout simplement que qui se ressemble s’assemble. Le Cas Soglo n’est pas pour le moment d’actualité, même si son enfant qui est mon petit neveu est en exil. Une situation qui pourrait se régler facilement. Reconnaissons que Léhady a commis des erreurs à la mairie. Tout ça peut se régler si l’on se tait.
A vous suivre, pour que la 9ème législature ne soit pas pertubée dans son bon fonctionnement, par le parti Les démocrates, il faut que Boni Yayi se rétire?
Evidemment ! A l’inverse, sa colère transparaitra dans tout. J’ai eu à le pratiquer.
Mais c’est de son droit absolu de rester en politique. Dans l’hypothèse de son non retrait volontaire, que faut-il faire ?
Moi, je dis que Dieu interviendra parce que Patrice Talon fait beaucoup de choses dans notre pays. Les gens ont la mémoire courte. C’est ce même Boni Yayi qui a manigancé avec les autorités du Nigéria pour obtenir la fermeture des frontières en 2016. Ce faisant, c’était une stratégie pour affamer la population. Cette fermeture n’avait d’autre but que de pousser à coup sûr à la révolte de la population contre le régime établi. La réalité, on la connait, on n’est pas mort. Mieux, on a résisté. Le gouvernement Talon s’est acquitté de toutes les dettes antérieures cumulées au nom du principe de la continuité. Tout ce qui est mauvais aujourd’hui provient la plupart de la gouvernance de Boni Yayi.
Est-ce que ce son de cloche ne manquait-il pas à ce Parlement ?
L’entrée du parti Les Démocrates hier au Parlement a été un échec. C’est de la provocation alors qu’on attend d’eux la paix. Ils ont fait des demandes comme s’ils étaient au pouvoir.
Néanmoins, ils ont reconnu les mérites à Patrice Talon, notamment sur l’entrée des 24 femmes à l’Assemblée nationale ?
Quand on reconnait un mérite à quelqu’un, on ne tient pas ce genre de discours. En plus, c’était en direct à la télévision nationale. Quand, ils ont eu cette occasion, ils ont vidé leur sac. C’est ça qui est malheureux. Je dis que c’est une peinture en noir de toutes les réalisations du président Patrice Talon. Moi, je souhaite qu’ils se reprennent en revenant à la réalité.
La réalité c’est quoi ?
La réalité, c’est la bonne compréhension.
Cependant, cette bonne compréhension se traduit par la composition du bureau de l’Assemblée nationale. Ils ont même tenté de réclamer deux postes dans le bureau.
On sait ce que ça veut dire. Notre pays ne mérite pas cette comédie que font Les démocrates.
Pour le bureau de l’Assemblée nationale, Louis Gbèhounou Vlavonou a été reconduit, les autres postes ont été renouvelés. Quelle analyse faites-vous de ce nouveau bureau de l’Assemblée nationale ?
Tout d’abord, on a fait des élections. L’Assemblée est le reflet des élections. Quand on gagne les élections, on a le pouvoir. Je ne suis pas surpris de la disposition du bureau de l’Assemblée nationale.
Beaucoup ne voyaient pas Vlavonou revenir à la tête de l’Assemblée nationale ?
En dehors de tout, il y a le destin.
Quelles sont vos attentes pour cette 9ème Législature ?
Pour les trois années, je souhaite d’abord que les jeunes se ressaisissent. Que les jeunes se disent quand on veut quelque chose, on travaille pour l’avoir. Rien ne s’obtient pas la force. En politique, celui qui était mon ennemi hier, peut devenir mon ami aujourd’hui. J’oublie mon passé avec ce dernier. Quand on est ensemble, on commet moins d’erreurs. Lors de l’installation des députés hier, Les Démocrates ont profité de l’occasion pour faire croire à l’opinion que rien ne va dans le pays. Connaissant l’histoire du pays, ils ont tort.
J’ai participé à la conférence nationale, il y avait deux groupes. Le groupe de Souza et le groupe que j’ai présidé composé de Eustache Prudencio, Justine Béhanzin la damer de fer, le colonel Kouandété. Toutes les bonnes décisions ont été prises par nous. J’ai fait l’expérience politique de ce pays depuis les années 60. Yayi nous a amenés à caricaturer Talon. Mais Talon est un rédempteur. Ses actes le prouvent. Comme le dit un proverbe dans notre dialecte, « tant que la tête d’un homme n’est pas tranchée de son corps, rien n’est perdu pour lui ». Talon, Dieu veillera sur lui et son entourage. Longue vie à lui !
Propos recueillis par Bienvenue Agbassagan