La communauté Nago de Kétou est encore sous le choc après un drame survenu dans la nuit du 15 novembre 2024. Un homme aurait ôté la vie à son propre neveu, unique fils de son frère aîné, à la suite d’un conflit d’héritage qui s’envenimait depuis plusieurs mois. Une tragédie qui soulève de vives interrogations sur la passivité des autorités locales face aux litiges familiaux qui dégénèrent de plus en plus souvent au Bénin.
Selon plusieurs habitants du quartier, le suspect aurait été aperçu tard dans la nuit, transportant des sacs d’un air nerveux. L’un des voisins, intrigué par ses va-et-vient incessants, l’aurait interpellé pour savoir s’il préparait un déménagement. L’homme aurait simplement répondu qu’il « rangeait un peu la cour ». Mais en s’éloignant, le voisin a remarqué un liquide rouge coulant du sac, ce qui avait éveillé ses soupçons. Lorsque le voisin l’interrogea, le suspect expliqua qu’il s’agissait « du sang d’animaux sacrifiés lors d’un rituel familial ». Le lendemain matin, des enfants qui jouaient dans les environs ont fait une découverte terrifiante : une main humaine reposant sur un tas d’ordures. Les cris de ces derniers ont alerté tout le quartier. Les habitants, se rappelant du comportement étrange du suspect, se sont précipités chez lui. Pris de panique, l’homme avait tenté de s’enfuir en escaladant le mur, mais il a chuté et été rattrapé par la population, avant d’avouer le meurtre. Les riverains ont alors découvert le reste du corps de la victime dissimulé derrière la maison.
Des alertes ignorées
Le chef du village a immédiatement alerté la police, qui s’est rendue sur les lieux. Mais ce n’est qu’après l’arrestation que les enquêteurs ont découvert qu’une plainte pour menaces de mort avait été déposée contre le suspect plusieurs jours plus tôt. Aucune suite n’avait été donnée. Un manquement grave, selon certains habitants, qui dénonçaient le laxisme des autorités locales dans les affaires d’héritage et de violences intra familiales. « Ce n’est pas le premier cas. On prévient, mais rien ne bouge tant qu’il n’y a pas de mort », déplore un voisin rencontré sur place.
Une affaire encore pendante
L’auteur présumé a été présenté au Tribunal de première instance de deuxième classe de Pobè, où il a reconnu les faits et dit « regretter son geste ». Jusqu’à ce jour, il demeure en détention, en attendant le verdict final de son procès. L’affaire, toujours en cours d’instruction, continue de susciter des débats dans la région sur le poids du silence, la peur d’affronter la justice, et l’inaction des autorités face aux tensions familiales souvent meurtrières.
Un drame révélateur
Au-delà du fait divers, cette tragédie met en lumière un phénomène récurrent au Bénin : les conflits d’héritage, souvent mêlés à des pratiques rituelles ou à la sorcellerie, dégénèrent trop souvent en violences faute d’intervention précoce. Tant que ces affaires resteront traitées comme de simples « querelles familiales », d’autres drames comme celui de Kétou risquent encore de se reproduire dans le silence.
Abdourhamane Touré




















