La perspective des élections législatives du 08 janvier 2023 provoque quelques bouleversements au niveau des partis politiques. Hantés par la menace d’une disparition de l’échiquier en cas de non-participation à ces échéances électorales, certains partis ont finalement préféré prendre leur responsabilité en négociant leur fusion dans les grands ensembles politiques déjà constitués.
Le landerneau politique bouge au fur et à mesure que les jours s’égrènent et rapprochent de l’échéance fatidique du 08 janvier 2023. Ces Législatives constituent une épreuve de dernière chance ou un examen de survie pour certains partis politiques qui sont menacés de disparition en cas de non-participation. En effet, selon les dispositions de l’article 27 alinéas 1 et 2 de la loi n°2018-31 du 15 novembre 2019 portant Charte des partis politiques en République du Bénin, « Les partis politiques sont tenus de participer aux élections législatives, communales et locales. Tout parti perd son statut juridique s’il ne présente pas de candidats à deux (02) élections législatives consécutives. » Autrement dit, le parti qui jouit d’une existence légale aux termes de la Charte en vigueur et qui ne se présente pas à deux élections législatives consécutives perd de facto son statut juridique. Plusieurs partis politiques se retrouvent dans ce cas de figure et risquent de perdre leur statut s’ils ne prennent pas les dispositions nécessaires pour figurer dans les startings-blocks des Législatives en vue. Il s’agit notamment des partis politiques ayant obtenu leur récépissé définitif avant les élections législatives du 28 avril 2019. Dans ce registre, on peut citer les partis Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), Forces cauris pour le développement du Bénin (Fcdb), Dynamique unitaire pour le développement (Dud), Grande solidarité républicaine (Gsr), Mouvement populaire de libération (Mpl), Restaurer l’espoir (Re), le Parti pour l’engagement et la relève (Per) pour l’opposition et des partis Mouvement des élites engagées pour l’émancipation du Bénin (Moele-Bénin), Union pour le développement d’un Bénin nouveau (Udbn), du Parti du renouveau démocratique (Prd) du côté de la mouvance présidentielle. Sur ces partis qui ont raté le rendez-vous électoral de 2019, pèse la menace d’une perte du statut juridique, synonyme de disparition. Selon les alinéas 3 et 4 de l’article précité : « La décision de retrait de l’enregistrement est prise par le ministre chargé de l’Intérieur et publiée au Journal officiel de la République du Bénin. Le recours en annulation contre la décision du ministre chargé de l’Intérieur est suspensif ».
Dissolution dans les grands ensembles pour sauver la face
Face au risque qui pointe à l’horizon, les partis menacés de disparition au cas où ils rataient le rendez-vous électoral de 2023, ont décidé de sauver la face. Actuellement, c’est la course à la fusion dans les grands ensembles qui est envisagée comme solution. Les partis en cause s’étant rendu compte de leur incapacité à présenter des candidats aux élections en vue et faire face aux défis qui s’annoncent, ont finalement pris la décision d’aller à la fusion. C’est le cas de l’ex-Parti du renouveau démocratique (Prd), qui, après avoir claironné sans grande conviction à qui veut l’entendre, sa capacité à remonter la pente au travers d’une hypothétique « remontada », a finalement retrouvé toute sa lucidité pour acter sa fusion avec l’ex-Union progressiste pour créer une nouvelle formation politique baptisée « Union progressiste Le renouveau ». Cette fusion inattendue a ouvert la brèche aux autres partis qui sont prétendument des poids plumes sur l’échiquier. La semaine écoulée, le Parti pour l’engagement et la relève (Per) de Nathanaël Koty a emboité le pas aux Tchoco-Tchoco en prononçant sa dissolution au cours d’un congrès et en annonçant sa fusion avec l’Union progressiste Le renouveau. Les deux partis ont déjà déféré aux formalités pour formaliser la fusion. Les partis Dynamique unitaire pour le développement (Dud) de Valentin Aditi Houdé et La nouvelle alliance de Théophile Yarou sont également annoncés pour dissoudre au sein de l’Up le Renouveau qui visiblement se taille la grosse part dans cette dynamique de fusion. Si toutes ces velléités de regroupement sont concrétisées, la carte politique du pays sera actualisée pour ce qui est du nombre de formations politiques ayant un statut juridique au niveau du ministère de l’Intérieur. Ces fusions vont en effet induire une réduction du nombre de partis politiques ayant une existence légale et subséquemment une clarification du paysage politique. La réforme du système partisan s’en trouverait renforcée.
Gabin Goubiyi