Patrice Talon gagne déjà le pari d’un scrutin (Législatives de 2023) inclusif. En attendant le soir des législatives du dimanche 8 janvier 2023, déjà à 72 heures, l’on peut se permettre d’adresser un satisfécit au premier magistrat du Bénin qui, par ses actes, force admiration. Les législatives de 2023 auront pour statut le couronnement heureux des réformes électorales qui ont changé dans une certaine mesure les habitudes. C’est le scrutin qui vient absoudre les ratés existentiels et inhérents aux changements électoraux au Bénin.
2023 n’est et ne sera pas 2019. Et cela, c’est une évidence. Il est désormais à graver dans les marbres que les législatives de 2023 au Bénin, se tiendront dans la forme et le fond que les opposants, la Société civile, les organismes internationaux, les observateurs électoraux de tout genre et la Communauté internationale l’auraient voulues. C’est-à-dire, la participation d’au moins une force de l’opposition dont le radicalisme est dépossédé d’un deal politique souterrain. Puisque pour beaucoup, la classe politique béninoise, depuis la réforme du système partisan, est composée de deux catégories d’opposants à savoir les loyalistes et les radicaux.
Nettement et techniquement incomparables à 2019, les législatives de 2023 font reclasser subtilement, le Bénin dans son vrai attribut de pays démocratique, modèle en Afrique. La crise de croissance connue en 2019 est passée et la maturité est désormais acquise. Plus de doute, 7 partis politiques seront aux urnes le dimanche 08 janvier 2023 prochain. Il ne s’agit plus de deux partis politiques apparentés dont la sélection sur 7 par la Commission électorale nationale, ancêtre du Conseil électoral, dirigée par Emmanuel Tiando, avait suscité certaines réactions qui méritent d’être ramenées ici pour décerner un satisfecit au président Patrice Talon qui, a su avec le temps de mettre les petits plats dans les grands, pour illustrer une fois encore bellement, le Bénin comme à son habitude dans les secteurs vitaux du pays.
Actions et réactions : 2019, les Législatives de toutes les mélancolies
L’histoire démocratique du Bénin a viré à la veille et tout juste après les Législatives de 2019. Tout est parti de la Céna où le 5 mars, l’institution a annoncé ne valider que deux listes présentées par des partis soutenant Patrice Talon, l’Union progressiste et le Bloc républicain. Toutes les autres listes ont connu un rejet. Par conséquent, aucun parti d’opposition ne pourra participer aux Législatives. Cette décision de la Céna a alors laissé libre court aux réactions diverses et multiformes. Des analyses historiques, juridiques arrimées par celles politiques ont eu droit de cité pour cribler de critiques le régime de Cotonou ou pour marquer des désengagements. « C’est la première fois que les partis politiques de l’opposition ne participeront pas aux Législatives, depuis l’ère du renouveau démocratique en 1991 après des décennies de régime communiste sous Mathieu Kérékou », a rappelé le jeune juriste et analyste politique, Steve Kpoton. Pour Éric Houndété, ancien vice-président du Parlement, un des leaders de la coalition politique opposée à Patrice Talon, le Bénin ne permettra pas que l’on désigne 83 députés privés du chef de l’Etat. Dans la foulée, les manifestations ont été interdites et les mouvements de protestation ont été empêchés par les forces de l’ordre. Du côté de la Société civile, c’est le désengagement. Les organisations comme « Sos élections crédibles » ont pris la résolution de ne pas cautionner cette joute électorale (légalement juste mais légitimement injuste Ndrl). « La société civile ne peut pas cautionner cette grave atteinte à la démocratie », avait confié à l’Afp, Hubert Acakpo, le président de cette organisation, qui a décidé de n’envoyer « aucun observateur sur le terrain pour superviser cette élection ».
Au mois de février 2019, donc, tout mouvement social ou manifestation pour protester contre les législatives du 28 avril est interdit et dispersé à coup de gaz lacrymogènes. La réaction de Amnesty International ne s’est pas fait attendre. Pour l’organisation, interdire les manifestations pacifiques et arrêter les personnes qui dénoncent l’exclusion des partis d’opposition ne fera qu’accroître l’agitation politique. L’Union européenne, quant à elle « embarrassée », n’a pas fait de commentaire, mais a pris la résolution de suspendre sa délégation d’observateurs. C’était sa manière de signifier qu’elle ne se « prêterait pas au jeu », avait confié à l’Afp un observateur étranger.
Malgré tous ces actes et réactions, le scrutin a eu lieu avec quelques actes de violences surtout dans le nord. Les élections passées, beaucoup d’observateurs avaient cru que le calme allait revenir de sitôt. Les manifestations ont été perpetuées, les agents électoraux ont été chassés et violentés par des manifestants, des actes de vandalisme ont été perpétrés à Cotonou et dans le septentrion. Le drame a été celui du 1er mai à Cadjêhoun où des personnes ont trouvé malheureusement la mort. Dans le rapport documenté par Amnesty international, on peut lire : « quatre morts par balle dont une mère de sept enfants. Des familles font face à des obstacles administratifs pour récupérer les corps des victimes. Des manifestants blessés sont arrêtés et empêchés d’accéder aux soins.
La répression a atteint des proportions inquiétantes au Bénin où quatre personnes ont été tuées lors des manifestations post-électorales, et les familles des victimes peinent à récupérer les corps du fait d’obstacles administratifs ».
Campagne de 2019 et de 2023
A l’heure actuelle en 2019, la campagne était mélangée aux manifestations et à l’incertitude de la tenue des élections législatives parce que les réactions fusaient de partout et les appels au report se multipliaient sans cesse. Mais, aujourd’hui, en 2023, c’est dans la joie et l’allégresse que tout se déroule. Cependant, avant les campagnes, le pays a failli retourner brièvement dans les dérives de 2019. La liste du parti Les démocrates méritait des mises à jour non tolérées par la Céna qui ne fait qu’appliquer rigoureusement les textes. Mais la justice béninoise ayant toujours gardé chaste sa valeur et sa dignité a dit le droit et le parti a été repêché in extremis. Or, si c’était comme on le dit sans preuve que le président Patrice Talon n’aime pas les compétitions, la justice ne pourrait faire droit à ce parti. Dorénavant, le compte est bon et aucun doute sur le caractère inclusif du scrutin. C’est cette participation qui permet aux observateurs de dire que le scrutin est inclusif même si l’on savait honnêtement que sans ce parti le scrutin l’était déjà avec la Fcbe et le Mpl. « Avec l’introduction des partis de l’opposition, en plus de ceux de la majorité, nous sommes maintenant en face d’une compétition qui promet d’être plus ou moins ouverte. Cela signifie donc que, ne serait-ce que pour les députés de l’opposition, il leur faut absolument réunir les 10% pour siéger », a estimé sur la Dw l’enseignant-chercheur en science politique, Guillaume Moumouni.
La conclusion qui donne raison à Talon
A faire une lecture croisée de tous les deux processus électoraux, il est intelligible de se demander que si Patrice Talon était réellement un dictateur comme ils ont la maladresse de le dire, une élection des représentants du peuple ne peut jamais être inclusive. La liberté populaire appartient au peuple et le Parlement est le terreau fertile de la manifestation de la souveraineté du peuple. Laissez-même une opposition qui se dit radicale en compétition est un risque qu’aucun ditacteur ne prend. C’est donc dire que le problème n’était pas le président de la République. C’était que ces partis n’avaient pas voulu se départir de leur ego pour entrer dans la nouvelle dynamique tracée par le Code électoral qui n’a pas beaucoup visiblement changé aujourd’hui. En tout cas, le chemin du festin électoral est trouvé, salut à l’artiste Patrice Talon.
Bienvenue Agbassagan