Au lendemain des élections législatives du 8 janvier dernier, la guerre de chiffres fait rage au sein de l’opinion. Des chiffres fusent de toute part pour proclamer la victoire de telle ou telle autre formation politique, alors même que les organes habiletés mettent les bouchées doubles pour situer les uns et les autres.
Alors que les regards sont tournés vers la Commission électorale nationale autonome (Céna) et la Cour constitutionnelle, institutions habilitées pour situer la communauté nationale et internationale sur le verdit du scrutin du 8 janvier 2023, l’opinion est abreuvée d’une floraison de chiffres. Au profit de tel ou tel autre parti politique, la victoire est décrétée et proclamée avant l’annonce officielle. Déjà quelques heures après le dépouillement de l’élection du dimanche, les réseaux sociaux sont pris d’assaut pour alimenter la manœuvre. Se fondant sur des résultats issus de telle ou telle circonscription électorale ou région du pays, on annonce la victoire d’un ou d’un autre parti. Certains poussent l’outrecuidance jusqu’à annoncer le nombre de députés obtenus par des partis politiques. Dans cette bataille de chiffres, trois formations politiques trottent à la tête des statistiques. Il s’agit de l’Union progressiste Le renouveau, du Bloc républicain et du parti Les démocrates qui, selon les proclamateurs circonstanciels de résultats, auraient tiré son épingle du jeu. Le classement varie d’une personne à l’autre, chacun essayant de tirer le drap de son côté. Dans l’emballement de chiffres, chacun se fait son opinion sur la configuration de la neuvième législature. Le fait est loin d’être nouveau quoiqu’elle soit exacerbée par la participation d’un parti dit de l’opposition radicale. L’euphorie induite du probable retour dans l’arène de décision politique de ce parti de l’opposition est inéluctablement l’une des raisons qui justifient cette agitation entretenue sur fond de confusion et de manipulation de l’opinion.
Sérénité à l’Up Le renouveau
Ça tire dans tous les sens entre les partis politiques engagés dans l’élection. Depuis dimanche, deux principaux camps revendiquent la victoire. Il s’agit de l’Up Le renouveau et du parti Les démocrates. C’est d’abord le parti pro-Talon qui a lancé les hostilités. Invité sur un plateau de télé pour le débat de la nuit électorale, Anique Djimadja de la cellule de Communication de l’Up Le renouveau a dénié toute victoire au parti Les démocrates contrairement aux agitations observées après le scrutin. Pour elle, la victoire de l’Up Le renouveau à ce scrutin est d’une limpide clarté.
Les Démocrates appellent au respect du verdict des urnes
Comme s’il était confiant en sa victoire, Eric Houndété du parti Les démocrates a invité les institutions devant proclamer les résultats, au respect du verdict des urnes. « Que les autorités confirment ce que chacun de nous a vu, ce que chacun de nous a entendu. Il nous parait important d’appeler au respect du verdict des urnes, au respect de la proclamation du parti Les démocrates comme parti vainqueur de ces élections », a-t-il indiqué au travers d’une conférence de presse organisée lundi 9 avril 2023.
Le Br confiant
Dans le débat qui se mène, le parti Bloc républicain est taxé de n’avoir pu franchir la barre des 10%. Du coup, et selon les artificiers de cette polémique, le parti présidé par Abdoulaye Bio Tchané ne devrait pas prétendre à l’attribution de sièges. Une hypothèse balayée du revers de la main par le parti qui se dit serein et confiant. « Des agitations stériles contre le Bloc républicain…Nous sommes bien là, imperturbables. Il faudra dire à nos amis que les tempêtes ne changeront pas les résultats ! », a martelé Distel Amoussou, un des membres de la cellule de communication du parti.
La Céna et la Cour constitutionnelle pour trancher le débat
Et pourtant les partis politiques ont déjà procédé, chacun à leur niveau, à la compilation des résultats dans leurs états-majors respectifs en fonction des données recueillies par leurs délégués au niveau des différents postes de vote où ils ont été déployés. Pour la Céna, les chiffres avancés çà et là n’engagent aucunement l’institution. Par la voix de son Directeur des opérations et des opérations Rufin Domingo au travers d’une interview sur Rfi, l’institution a dégagé toute responsabilité dans cette guerre des chiffres. La fin de cette récréation sera probablement sifflée ce jour, mercredi 11 janvier 2023 par la Commission électorale nationale autonome. En effet, du côté de l’institution en charge de l’organisation des élections au Bénin, la réception des cantines provenant des 546 arrondissements du Bénin, est pratiquement achevée depuis hier. Après cette étape, rien ne devrait raisonnablement handicaper la publication des grandes tendances préalablement à la proclamation des résultats, une prérogative exclusivement dévolue à la Cour constitutionnelle.
Abdourhamane Touré