La rencontre tenue entre le chef de l’Etat et la délégation du parti « Les démocrates » lundi 27 novembre 2023, s’est achevée sur des notes peu satisfaisantes pour ce parti de l’opposition radicale. Qu’à cela ne tienne, cette séance a eu le mérite de situer l’opinion sur la position du président Patrice Talon sur les grands sujets de la Nation.
On en sait désormais un peu plus sur la position du président de la République Patrice Talon sur les questions objet de discorde et qui pour une partie de la classe politique béninoise, sont à l’origine de la crispation de la tension politique dans le pays. Des élections dites exclusives, à la situation des détenus et exilés dits politiques en passant par le fichier électoral et les appréhensions de l’opposition relativement aux élections générales de 2026, rien n’a été occulté au cours de cette rencontre qui a très tôt pris l’allure d’une séance de clarification et de vérité. Outre la question du fichier électoral où les deux parties sont parvenues à un accord sur l’audit de l’outil, et la clémence en faveur des jeunes manipulés dans le cadres des échéances électorales de 2019, 2020 et 2021, les positions sont tranchées entre Talon et ses hôtes sur les autres sujets. Le parti Les démocrates et son président Boni Yayi ne sont pas parvenus, au bout des quatre heures qu’ont duré les échanges à infléchir la position du chef de l’Etat sur le cas des exilés politiques et des personnalités politiques détenues en prison, en l’occurrence Réckya Madougou et Joël Aïvo. Le sujet était en effet une préoccupation essentielle pour le parti Ld et son président Boni Yayi. Sur la question, l’approche de Patrice Talon n’a pas varié. Pour lui, il n’y a pas question d’absoudre les faits ayant conduit ces personnalités en prison ou en exil. Force devra donc rester à la loi et l’autorité de l’Etat se doit d’être restauréé. Le non-aboutissement de cette doléance fondamentale constitue un échec pour le parti Ld qui en avait fait un thème de campagne et une promesse aux électeurs. Le refus de Talon d’accéder à la demande de grâce présidentielle au profit de ces personnalités et d’user de son influence pour faciliter l’adoption par l’Assemblée nationale de la proposition de loi la proposition de loi spéciale portant amnistie et/ou abandon des poursuites judiciaires au profit de personnalités politiques pour des faits criminels. Cette fin de non-recevoir accordée au plaidoyer des démocrates sonne comme un échec qui complique davantage pour ce parti de l’opposition radicale, le respect de ses engagements vis-à-vis de l’électorat.
L’opposition appelée à revoir sa copie
Partis du palais de La Marina pratiquement la queue entre les jambes pour avoir buté sur leur revendication essentielle, Boni Yayi et les siens, devront désormais réfléchir à trouver autre moyen pour parvenir à faire bouger les lignes. La proposition de loi d’amnistie actuellement sur la table des députés apparaît de ce point de vue comme une piste que Les députés de la minorité pourraient explorer. Là encore, ils devront œuvrer à corriger le climat de clivage qu’ils ont contribué à instaurer au Parlement.
Abdourhamane Touré