Les mairies de Cotonou, Sèmè-Podji et Houéyogbé n’ont plus de secrétaires exécutifs (Se). Pour mauvaise gouvernance, Moutawakilou Assan Aoudou, Nestor Manonwomeh Bossou et Patrice Lafia ont été révoqués et démis de leurs fonctions. La décision a été prise le mercredi 12 avril 2023 en Conseil des ministres.
Le gouvernement veille au respect du Code de l’administration territoriale au Bénin et au suivi de la réforme du secteur structurel de la décentralisation. Pour des actes constitutifs de violation des règles de déontologie administrative, de l’orthodoxie financière, d’abus de pouvoir et/ou d’atteinte grave aux intérêts des Communes de Houéyogbé, Cotonou et de Sèmè-Podji, les secrétaires exécutifs (Se) Moutawakilou Assan Aoudou de la mairie de Houéyogbé, Nestor Manonwomeh Bossou de la mairie de Cotonou ; et Patrice Lafia de la mairie de Sèmè-Podji, ont été révoqués et relevés de leurs fonctions par le Conseil des ministres du 12 avril 2023. Les griefs qui ont valu la révocation de ces personnalités ont été constatés à la suite d’une mission de la Cellule de suivi et de contrôle de la gestion des Communes. Il s’agit des déviances qui contreviennent aux principes qui fondent la réforme structurelle du secteur de la décentralisation. A Houéyogbé par exemple, le comportement du Se traduit une volonté délibérée de passer outre l’orthodoxie financière. S’agissant de Cotonou, en interférant dans les attributions de la Personne responsable des marchés publics (Prmp), le secrétaire exécutif a outrepassé ses prérogatives par des recommandations et/ou instructions, lesquelles ont prévalu dans l’attribution d’un marché à un prestataire à un coût plus onéreux pour la Commune. De même, il lui est reproché d’avoir approuvé un marché d’acquisition de véhicules au profit des services de la mairie, des responsables et du Trésorier communal, en violation de la réglementation sur la gestion du parc des véhicules et autres équipements motorisés de l’Etat. En ce qui concerne Sèmè-Podji, il est reproché au Se le fait d’avoir approuvé, pour un montant de 54.280.000 de FCfa Ttc, un contrat de marché pour lequel les crédits nécessaires n’étaient pas prévus au budget de la Commune et ce, en dépit des dispositions du Code des marchés publics qui font expressément de l’absence ou de l’insuffisance de crédit, un motif de refus d’approbation des marchés. En agissant comme tel, Nestor Bossou a engagé la Commune dans l’exécution d’une dépense malgré l’absence de ressources. Il est en outre mis à sa charge, l’approbation de 7 contrats de marchés sans le visa du contrôleur financier.
Des pratiques à l’antipode de la réforme
Les différents faits mis à la charge des secrétaires exécutifs de Houéyogbé, Cotonou et Sèmè-Podji révoqués, dépassent l’entendement au regard des garde-fous placées par le gouvernement. En effet, avant l’entrée en fonction des 77 Se, il a été organisé des séances de formation à l’endroit de tous les Se ainsi qu’à leurs autres collaborateurs dans le cadre de la réforme. Mieux, l’Exécutif a mis en place une grosse artillerie pour prévenir et punir des actes de mauvaise gouvernance. Conformément à l’objectif majeur de la réforme structurelle du secteur de la décentralisation qui est de promouvoir la bonne gouvernance aux fins de favoriser la satisfaction des besoins des populations tout en améliorant leur bien-être, des cadres qualifiés ont été également mis à la disposition des Communes. Il est donc inconcevable que les irrégularités sus-évoquées soient encore découvertes seulement un an après la mise en œuvre de la réforme alors que les innovations visent à corriger les insuffisances notées et à instaurer les bases d’une bonne gouvernance intégrant la cohésion et l’harmonie dans le fonctionnement des organes de la commune. Pour rappel, c’est après une analyse minutieuse de près de 20 années de pratique de décentralisation, que le président Patrice Talon et son gouvernement ont courageusement entamé une réforme structurelle de la décentralisation au Bénin. Celle-ci visant à faire souffler un nouveau vent dans ce secteur afin de faire rimer décentralisation avec développement à la base. Au vu des irrégularités constatées, il est convenable de frapper tôt et fort pour arrêter la saignée. Cette décision de révocation des trois Se sonne comme un signal fort. Elle est la preuve que plus rien ne sera comme avant. Elle est une autre preuve tangible de la fin de l’impunité et de l’obligation de la bonne gouvernance à tous les niveaux. Elle constitue également un avertissement sérieux pour d’éventuelles brebis galeuses qui seraient encore tapies dans les rangs de l’administration décentralisée et des collectivités territoriales. Elle est par ailleurs la preuve de la pertinence du mécanisme mis en place par le gouvernement Talon dans le cadre de cette réforme afin qu’elle réussisse : la Cellule de suivi et de contrôle de la gestion des Communes.
Abdourahmane Touré