Depuis quelques jours, le maïs, culture de grande consommation, connaît une augmentation de son prix sur le marché. Selon les spécialistes, en l’espace de trois (03) mois, le prix du kilo de maïs a connu un accroissement d’environ 50%. Face à cette situation et aux dires de certains acteurs de la filière, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour soulager les peines des producteurs, des vendeurs, des revendeurs et des acheteurs.
Du Nord au Sud et de l’Est à Ouest, le prix du maïs suscite curiosité. Ces dernières semaines, ce produit de grande consommation connaît une véritable spéculation sur son prix, ce qui affecte plus d’uns au regard de sa consommation sous plusieurs formes tant dans la nutrition animale qu’humaine. Les raisons qui expliquent cette flambée du prix du maïs sont diverses et variées selon certaines revendeuses. Le kilo de mais blanc est de 350 FCfa pendant que le jaune est cédé à 400 FCfa. « C’est trop cher, on ne peut acheter le kilo du maïs à 400 FCfa », maugrée Jeanne, rencontrée au marché de Godomey dans la Commune d’Abomey-Calavi. Un peu plus loin au marché de Mènontin à Cotonou, Larissa s’indigne de la situation. « Le prix a gagné la moitié de sa valeur habituelle », a-t-elle rouspété. « Le sac de maïs blanc est à 42000 FCfa et le jaune est à 44.000 FCfa. Pour les sacs de 100 à 120kg, avant, quand c’était trop cher, c’était à 275 voire 300Fcfa le kilo. » confie-t-elle. Ce phénomène qui inquiète plus d’uns dans le secteur a bien des raisons. Certains acteurs rencontrés le justifient par le retard des premières pluies. D’autres estiment que la concurrence avec les négociants venus des pays voisins a quelque chose à voir dans la spéculation sur le prix de ce produit de grande consommation.
Stabiliser le prix du maïs
Cette céréale joue un rôle important dans le régime alimentaire des Béninois. Plus de 7 millions de personnes vivent de l’agriculture et le maïs est la céréale la plus importante du secteur avec une production de plus d’un million de tonnes par an. Le maïs n’est pas seulement essentiel pour générer des revenus, il est aussi la principale culture vivrière du pays, occupant une place de choix dans l’alimentation de la population. Il participe ainsi à la sécurité alimentaire des habitants, qui en consomment en moyenne 246g par personne et par jour. Selon les spécialistes, notamment Grégoire Amoussou expert en intelligence économique rapporté par média interposé, c’est en moyenne 85 kilogrammes par habitant et par an. A en croire ses propos, les données de l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad) au titre du mois de février 2024, indiquent clairement un taux d’inflation de plus de 2%. Ceci se traduit par une hausse des prix des denrées alimentaires notamment le maïs dont le prix du kilogramme est cédé à 350 FCfa et plus. « Cette flambée de prix a des répercussions sociales très néfastes dès lors qu’elle participe à l’érosion du pouvoir d’achat des consommateurs et de leur niveau de vie. Il est donc souhaitable que l’Etat s’implique dans la chaîne de commercialisation du maïs en cassant cette infernale mécanique. Il peut constituer des stocks de maïs à la manière de l’ex-Office national d’appui à la sécurité alimentaire (Onasa) pour ensuite les déstocker en période de soudure afin de stabiliser les prix de cession sur le marché », va-t-il proposer. Pour la campagne écoulée, la production nationale du maïs est estimée à 1.500.000 tonnes de maïs grain comparée à celle de 2022-2023, qui était de 1.611.615 tonnes, il est noté une baisse de la production. Cette situation n’empêche pas la production de satisfaire la demande sur le marché. « Les besoins en consommation de maïs grain au niveau national sont estimés à un million de tonne. Ce qui montre que la baisse de la production n’entrave pas la couverture des besoins en maïs grain au niveau national. Deux catégories de facteur pourraient expliquer cette flambée de prix du maïs grain. Au nombre des facteurs internes, il va évoquer la constitution d’importants stocks par les commerçants-céréaliers qui projettent une forte demande en maïs grain et qui attendent que les prix atteignent un certain niveau avant de mettre leurs stocks sur le marché et nous avons aussi l’anticipation de certains transformateurs, par exemple les provenderies qui ont constitué aussi des stocks pour leur activité. Au titre des facteurs externes, il y a une forte spéculation de ces commerçants des pays environnants », a précisé Yves Hountondji, chef programme filière maïs à l’Agence territoriale de développement agricole (Atda pôle 2). Il va ajouter plus loin que « Nous sommes dans un espace communautaire qui prône la libre circulation des personnes et des biens et nous pensons que les autorités vont trouver une formule pour réguler la sortie du maïs grain afin que nos frères des autres pays de la sous-région puissent gérer la situation de mauvaise saison enregistrée au cours de cette campagne 2023-2024 chez eux tout en assurant la souveraineté en maïs grain au niveau national ».
Le gouvernement sensible à la souffrance de la population
Le gouvernement, selon le Chef programme filière maïs à l’Atda2, a pris déjà des mesures pour fortement augmenter la production nationale. Au nombre de ces mesures, figure la mise en place des semences à haut rendement qui seront subventionnées pour les producteurs et aussi la facilité d’accès aux autres types d’intrants que le gouvernement a mis en place. Aux dires de ce dernier, cette situation bien qu’elle soit malheureuse, constitue aussi une opportunité pour que la production soit améliorée, parce que les besoins des marchés ont augmenté et des mesures vont être prises pour essayer de satisfaire tout le monde. Il espère qu’à la fin de la campagne en cours, tous ceux qui auront besoin de maïs, pourront l’avoir et à moindre coût. Pour rappel, le maïs se cultive dans tous les départements du Bénin, mais principalement dans les Communes de Kétou, Kandi, Kérou, Gogounou, Banikoara et Ségbana. Les différents acteurs sont invités à produire en qualité et en quantité pour développer la chaîne de valeur afin de répondre aux orientations phares du gouvernement pour le secteur agricole.
Sergino Lokossou (Coll)