Depuis l’arrivée du président Patrice Talon au pouvoir, un nombre important de chantiers ont été initiés pour remettre le pays sur les rails. Il s’agit, entre autres, des actions hardies menées pour faire freiner l’avancée de l’océan afin d’assurer la sécurité des riverains.
Des pas de géant sont posés dans la lutte contre l’érosion maritime. Le Bénin a marqué des points à l’est de Cotonou où d’immenses épis posés ont permis de faire reculer l’océan et d’assurer la sécurité des riverains. L’océan a fini par reculer de 150 mètres en moyenne voire 180 mètres par endroits. Dans plusieurs quartiers de la ville, des maisons ont été détruites par les assauts de l’océan Atlantique. « Le danger était réel, assure un responsable des programmes de protection du littoral contre l’érosion côtière au Bénin. Des habitants ont été emportés pendant leur sommeil et sont morts noyés. Lors des grandes marées, les quartiers, entièrement inondés, pouvaient rester isolés du reste de la ville pendant plusieurs jours. »
Ce bras-de-fer entre l’océan et la terre a toujours existé. Mais la construction du port de Cotonou en 1964 a joué sur les différentes forces. En modifiant la dynamique naturelle de la côte, la construction du domaine portuaire, considéré aujourd’hui comme le troisième port d’Afrique de l’Ouest, après Lagos et Abidjan, et qui engendre 60 % du Pib béninois, a entraîné une accrétion de sable en amont (à l’ouest du port) et une érosion en aval (à l’est).
Une œuvre de longue haleine
Avec plusieurs aménagements du port qui se sont achevés en 2011 et la montée des eaux liée au réchauffement climatique, les premiers épis se sont révélés insuffisants. « Il est impossible de savoir combien d’immeubles et de maisons ont été emportés par les flots, explique un expert. Dans plusieurs quartiers y compris celui des ambassades, les gens vivaient sous la menace de cette érosion. »
« L’Etat béninois avait conscience de l’avancée de la mer, mais il y a eu certaines lenteurs administratives, se souvient le propriétaire d’un restaurant de plage situé à l’embouchure de la lagune de Cotonou. Nous avons rencontré beaucoup d’obstacles pour nous faire entendre, mais nous avons finalement réussi. »
L’attention du président Patrice Talon
Après les grandes marées particulièrement dévastatrices d’avril 2016, le gouvernement de Patrice Talon, tout juste élu à la tête du Bénin, a alors lancé plusieurs actions pour contrer l’érosion. Après des études de modélisation des façades maritimes, un nouveau programme de protection du littoral a commencé, comprenant l’enrochement de la côte et le rechargement en sable des segments sur le littoral situé à l’est de Cotonou. Ce chantier titanesque a vu la pose de près d’un kilomètre d’épis (4,5 millions de mètres cubes) et de 600 mètres de digue immergée. Il est clair que ce problème d’érosion, qui touche également toute la région de l’Afrique de l’Ouest , incite le Bénin à investir massivement dans des projets de protection du littoral et d’adaptation au changement climatique. Le gouvernement béninois a dépensé des millions de dollars pour protéger les communautés côtières de l’érosion marine. « C’est un grand projet qui a protégé un segment transfrontalier et nous attaquons maintenant segment par segment selon le plan d’attaque que le gouvernement a élaboré. Nous sommes en train d’attaquer segment par segment. Les segments qui sont encore vulnérables sont étudiés et seront traités en temps voulu », défend Esquill Outiclissou, cadre de la direction générale de l’environnement et du climat du Bénin.
Freiner l’avancée de la mer
Il est connu de tous que l’Afrique est en première ligne face au changement climatique. Chaque année, les eaux débordent dans cette localité sous les yeux des habitants impuissants. La ville ne compte plus le nombre d’habitants emportés dans leur sommeil par la mer ou réveillés la nuit par les vagues au milieu de leurs terrains.
Depuis 2002, le Bénin a perdu des kilomètres de côte, reconnaît Esquill Outiclissou, cadre de la direction générale de l’environnement et du climat. « L’Etat n’est pas non plus resté les bras croisés, il a érigé des ouvrages de protection et des épis », défend-t-il. Selon lui, près de cent milliards de franc Cfa ont été injectés pour la protection des côtes béninoises ces dernières années et ont permis de freiner l’avancée de la mer. L’Afrique se retrouve souvent en première ligne face au changement climatique, bien que le continent contribue dans une moindre mesure aux émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Le Bénin et ses voisins du littoral ouest-africain, le Togo et le Ghana, tout comme les îles du Pacifique et les villes côtières d’Asie du Sud, sont menacés par la montée des eaux.
L’érosion côtière a été l’un des sujets abordés lors de la Cop28 à Dubaï en décembre.
Selon une nouvelle étude de la Banque mondiale, la dégradation des zones côtières coûterait au total 3,8 milliards de dollars par an au Bénin, à la Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo, soit l’équivalent de 5,3% de leur Pib. « Mais au-delà de son coût économique, la dégradation du littoral ouest-africain brise des vies et détruit les moyens de substances de millions de personnes », souligne la même étude.
Sergino Lokossou