La signature de l’accord de propriété marquant la dernière phase du processus de restitution des 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey est une nouvelle page qui s’ouvre non seulement pour ces œuvres mais aussi pour le partenariat entre le Bénin et la France. C’est ce qu’a déclaré le président français, Emmanuel Macron, ce mardi 9 novembre 2021, lors du point de presse après la cérémonie officielle organisée à l’Elysée. Lire ci-dessous, l’intégralité de sa déclaration.
Mesdames, messieurs,
Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui et d’accueillir à nouveau le président Patrice Talon en présence des ministres de la culture. C’est un moment symbolique, émouvant et historique. En effet, nous venons avec le président de la République du Bénin, Patrice Talon, de signer ensemble un acte historique qui était tant attendu et désiré. La signature par les ministres de la culture de nos deux pays, d’un accord de propriété qui constitue la dernière phase du processus de restitution des 26 œuvres des trésors d’Abomey.
Comme vous le savez, cette restitution qui devient aujourd’hui une réalité tangible est le fruit d’un long travail. Il y a eu la lettre du ministre béninois des Affaires étrangères d’août 2016 qui avait été rejetée par le gouvernement français au nom du principe d’inaliénabilité des collections publiques. Il y a eu en novembre 2017, le discours de Ouagadougou où je me suis engagé à rendre possibles, les restitutions temporaires ou définitives d’œuvres du patrimoine africain. Il y a eu notre entretien avec le président Talon en mars 2018, où en sa présence, nous avons mandaté Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, je tiens à les remercier par simplement leur présence mais de tout leur travail. Ils ont été mandaté pour tracer le cadre intellectuel d’une doctrine en matière de restitution. Il y a eu la remise de leur rapport le 23 novembre 2018 et mon engagement sur proposition du ministre de la culture et du musée du Quai Branly-Jacques Chirac de restituer 26 œuvres des trésors d’Abomey, prises de guerre du Colonel Général Dodds. Il y a eu l’adoption à l’unanimité des parlementaires de la loi promulguée le 24 décembre 2020 autorisant cette restitution. Et il y a eu le travail considérable au Bénin et en France pour accompagner cette restitution d’une coopération exemplaire en matière culturelle, scientifique, patrimoniale que nous avons eu l’occasion de détailler lors de la cérémonie du 27 octobre au musée du Quai Branly-Jacques Chirac par des programmes ambitieux en matière de formation et d’accompagnement des projets culturels et patrimoniaux béninois et notamment du futur musée d’Abomey soutenues par l’Agence française de développement par ce partenariat inédit qui s’est noué entre nos deux pays autour de cette restitution. C’est bien là pour moi tout le sens de ce geste. Au-delà de cette restitution, nous allons poursuivre le travail engagé depuis 2017 et c’est pourquoi j’ai confié à Jean- Luc Martinez, ambassadeur pour la coopération internationale dans le domaine du patrimoine, une réflexion sur les critères de restitution en vue de l’élaboration à terme d’une loi-cadre.
Les œuvres sont aujourd’hui prêtes à partir après leurs expositions lors de la semaine culturelle béninoise qui leurs ait été dédiée au musée du Quai Branly-Jacques Chirac, qui a eu un immense succès auprès du public. Elles ont été emballées par des conservateurs béninois et français dans des caisses. Elles sont désormais à l’aéroport, prêtes à répartir avec vous Monsieur le président vers leur pays, vers le peuple béninois.
C’est une nouvelle page qui s’ouvre pour ces œuvres mais aussi pour le partenariat entre le Bénin et la France. Un partenariat d’Etat à Etat, de professionnels à professionnels, de société civile à société civile, de jeunesse à jeunesse. Un partenariat entre égaux. Avec le président Talon, nous avons évoqué bien d’autres domaines de cette coopération entre nos pays. Nous avons d’ailleurs parlé de notre jeunesse aussi, de l’éducation et de tout ce que vous voulez faire et ce chemin sur lequel, la France sera à vos côtés, président.
Mais je me réjouis aujourd’hui, de cette étape que nous franchissons ensemble avec une volonté commune parce que vous avez eu le courage de demander et redemander ce qui vous était dû, parce que plusieurs ont eu le courage d’éclairer ce chemin. Et parce que des conservateurs, des scientifiques, des artistes ont eu le courage de revenir sur ce qui était jusqu’alors des tabous. Le geste d’aujourd’hui, est la possibilité pour la jeunesse béninoise, la jeunesse africaine de retrouver les œuvres de son histoire et de son patrimoine, de pouvoir les admirer chez elle. Je souhaite que ce mouvement se poursuive et que l’Universel soit accessible à Cotonou comme à Paris. Nous allons continuer ce travail ensemble.
Merci à vous.