Dans un entretien exclusif au quotidien Le Matinal, Judith Amandine Ablawa Goudé-Djessin, éprise de justice et d’égalité, note des avancées en ce qui concerne l’amélioration de la condition de la femme. Elle estime que des efforts doivent être consentis pour promouvoir plus encore les droits des femmes afin de les rendre plus autonomes.
Le Matinal : Présentez-vous aux lecteurs du journal Le Matinal ?
Judith Ablawa Goudé-Djessin : Je m’appelle Judith Amandine Ablawa Goudé-Djessin ; Avocate au barreau du Bénin depuis le 27 novembre 2014, Arbitre au tribunal arbitral de l’Ihf (Fédération internationale de handball) ; Formatrice certifiée Interpol.
Quand on est avocate comme vous, comment arrive-t-on à prendre le contrôle de sa carrière professionnelle ?
Pour garder l’équilibre et trouver le juste milieu entre la vie personnelle et celle professionnelle, il est impératif de fixer des objectifs et dégager des priorités. Il faudra donc assurer la planification, l’organisation de son agenda, le développement personnel et s’entourer d’une équipe solide au sein du cabinet. Tout ceci contribuera à rester concentré tout en préservant ma santé mentale et physique.
Quels sont les trois mots qui vous définissent?
Je dirai l’intégrité, la rigueur et l’humanisme
Quand on vous demande de jeter un regard sur la situation sociale des femmes du Bénin, que diriez-vous ?
Les défis auxquels font face les femmes au Bénin sont multiples et très variés d’une ville à une autre. Toutefois, il est observé dans plusieurs communautés une grande résilience et un esprit créatif en développement. Mais il est nécessaire de souligner que des efforts doivent être consentis pour parer aux inégalités et promouvoir encore plus les droits des femmes afin de les rendre plus autonomes.
Pouvez-vous nous citer quelques documents signés et ratifiés par le Bénin en ce qui concerne l’élimination de toutes sortes de violence faites aux femmes?
Les Objectifs de développement durable (Odd), notamment l’égalité des sexes ; la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et le Protocole de Maputo sur les droits des femmes en Afrique etc…
Quels sont, selon vous, les principaux freins à une plus grande participation des femmes dans le milieu professionnel ?
L’environnement souvent hostile de travail et les facteurs socioculturels sont les principaux freins. Nous pouvons évoquer le stéréotype du genre qui consiste à voir les femmes comme faites pour le foyer, les responsabilités familiales surtout domestiques qui pèsent souvent plus sur les femmes et le manque de création d’opportunité de formation et de promotion à leur profit.
Le cri de cœur des femmes en ce qui concerne leur représentativité dans les instances de prise de décisions semble être entendu sous ce régime, qu’en dites-vous ?
Certes, il y a eu une avancée considérable sur la question et sur les essais de solutions, mais il est important de faire un ajustement en fixant un nombre bien précis qui doit être respecté. Il y a aussi lieu de prendre des mesures de soutien aux femmes dans ses instances pour garantir une égalité réelle pour ne pas prôner tout le temps des efforts non matérialisés.
Existe-t-il des inégalités fondées sur le genre dans la profession d’avocat au Bénin ? Si oui, en avez-vous déjà été victime ?
Naturellement, comme dans tous les corps, la profession d’avocat ne fait pas l’exception. A la question de savoir si j’en ai déjà été victime, je réponds affirmatif. Il y a des préjugés en ce qui concerne notre compétence ce qui ne doit pas être normalement le cas, mais rassurez-vous, cela m’a toujours motivé à plus travailler en vue d’inspirer d’autres femmes.
Quels sont les dossiers que vous rencontrez au quotidien concernant les femmes?
Les cas de violence domestique, les litiges portant sur la garde d’enfant, les demandes d’indemnisations liées à des discriminations au travail et autres…
Que pouvez-vous dire aux lecteurs sur les conditions de détention des femmes dans les maisons d’arrêt au Bénin?
Pour ma petite expérience et pour les visites effectuées au niveau des maisons d’arrêt, j’ai constaté que les femmes sont détenues dans des conditions précaires ce qui soulève des problèmes relatifs aux manques de soins et de conditions d’hygiène appropriés.
Qu’avez-vous à dire aux jeunes filles qui ambitionnent de devenir Avocate comme vous ?
Chère sœur, croyez en vous et en vos rêves, investissez dans votre éducation et dans votre avenir. Restez déterminées, car le métier d’avocat demande beaucoup de courage, du travail acharné, une passion pour la justice et enfin un don de soi-même.
Comment peuvent-elles réaliser pleinement leur potentiel selon vous ?
Je demanderais aux jeunes filles de s’armer de courage, d’être persévérantes et d’avoir confiance en elles-mêmes et surtout, de beaucoup prier peu importe leur confession religieuse.
Quels conseils avez-vous à donner aux femmes ?
Ayez foi en vos capacités, entourez-vous de soutiens positifs, et n’ayez pas peur de vous affirmer ou de revendiquer vos droits. Travaillez à avoir votre autonomie peu importe le sacrifice à consentir. Chaque femme a le pouvoir de transformer la société, et ensemble, nous pouvons changer le monde positivement.
Propos recueillis par Sergino Lokossou