En Conseil des ministres le 18 octobre 2023, le gouvernement du Patrice Talon, a approuvé un nouveau programme de politique de développement de la microfinance 2023-2027. Une mesure qui vise à assainir le secteur et à assurer un accès durable aux services financiers.
Vu que le précédent programme de politique de développement de la microfinance est arrivé à terme, le gouvernement a jugé bon de doter le ministère en charge de la microfinance d’un nouveau document de référence pour le sous-secteur qui soit en cohérence avec les orientations stratégiques et le Programme d’actions du gouvernement. La nouvelle politique a été élaborée suivant une approche participative ayant regroupé tous les acteurs impliqués, indique le texte. Il précise qu’elle prévoit qu’«à l’horizon 2027, le Bénin dispose d’un secteur de microfinance assaini, professionnel, novateur, inclusif et responsable qui contribue efficacement à l’accès durable de l’ensemble de la population aux services financiers diversifiés». Le nouveau programme de la Politique de développement de la microfinance 2023-2027 tire les enseignements des insuffisances relevées dans les pratiques antérieures et entend favoriser une plus grande efficacité du dispositif de la microfinance au profit des bénéficiaires, poursuit la même source. Pour y arriver, le gouvernement se fixe trois objectifs stratégiques, notamment renforcer la veille, le suivi et les réformes d’assainissement du secteur ; améliorer le dispositif institutionnel et managérial des systèmes financiers décentralisés et adopter le numérique et le digital dans les transactions et les opérations des systèmes financiers décentralisés. Le communiqué précise qu’il s’agira, de façon concrète, de développer des mécanismes innovants relativement au financement agricole et à la finance responsable au profit des jeunes et des femmes au-delà des financements classiques. Un accent particulier sera également mis sur le suivi-évaluation qui se fera de manière plus rapprochée nonobstant les études et enquêtes à effectuer à des échéances régulières pour davantage de rigueur dans l’implémentation de cette politique. Le Conseil a enjoint le ministre des Affaires sociales et de la microfinance à veiller à la bonne mise en œuvre de la nouvelle politique.
106 institutions de microfinance agréées au 30 avril 2024
L’Agence nationale de surveillance des systèmes financiers décentralisés (Anssfd), structure sous tutelle du ministère de l’Economie et des finances, a actualisé au 30 avril 2024 la liste des institutions de microfinance homologuées en République du Bénin. Il s’agit de 106 structures financières décentralisées qui peuvent désormais opérer en toute légalité sur le territoire national. Parmi ces 106 institutions, on note 80 coopératives, 16 associations, neuf sociétés anonymes et une Société à responsabilité limitée (Sarl). On remarque également sur cette liste que certaines institutions disposent de plusieurs agréments selon les localités dans lesquelles elles sont implantées. C’est le cas des Caisses locales de crédit agricole mutuel (Clcam) qui ont 13 agréments, des Caisses villageoises d’épargne et de crédit autogérées (Caveca) qui en comptent huit et des Caisses rurales d’épargne et prêt (Crep) qui ont également 13 agréments. Comparativement à la dernière liste publiée en février 2023, certaines structures ont changé de forme juridique et cinq autres se sont ajoutées à la liste.
Avec cette publication, les populations doivent savoir à quoi s’en tenir désormais pour éviter les pièges des personnes malintentionnées qui opèrent sous la couverture de structures n’ayant aucune existence légale. Plusieurs personnes en ont fait les frais ces dernières années et des dossiers sont encore pendants devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) qui connait désormais des infractions liées aux crimes économiques. Généralement, le mode de fonctionnement de ces pseudos structures est le placement d’argent suivant l’échelle de Ponzi. Une manœuvre qui consiste à mettre en place un système d’investissement pyramidal dans lequel la rémunération des premiers participants est assurée par les mises des nouveaux arrivants jusqu’à ce que le mécanisme s’effondre de lui-même faute de nouveaux déposants.
Plus d’activité illicite
Les pauvres populations sont appâtées par des taux mirobolants dont les ristournes ne viendront jamais. L’autre mode de collecte illégale de l’épargne publique est la fameuse tontine ‘’Adogbè’’ qui consiste à collecter l’épargne chez les populations et à rembourser à la fin de l’année par des produits vivriers, boissons et certains gadgets pour la fête. C’est au moment du remboursement que l’escroquerie se révèle au grand jour. Face à la difficulté de remboursement et pour échapper à la colère des déposants, certains responsables se volatilisent dans la nature puisqu’ils ne sont plus en possession des sous collectés qui ont été détournés à d’autres fins, laissant ainsi les pauvres déposants dans le désarroi. Ceux qui ont le courage de faire face à la situation modifient les règles du remboursement et proposent des taux ou des produits qui ne sont pas à la hauteur du montant déposé par les citoyens. Ce système de collecte continue d’avoir pignon sur rue malgré son interdiction par le gouvernement en mars 2022. Les promoteurs qui sont des personnes morales ou physiques passent de maison en maison, boutique en boutique pour collecter l’épargne chez les paisibles populations qui se rendent compte de l’escroquerie souvent tard. Pourtant, le gouvernement, dans l’arrêté interministériel d’interdiction a rappelé à toute personne physique ou morale désirant exercer l’activité de collecte d’épargne, sous quelque forme que ce soit sur le territoire national, de se conformer aux dispositions de l’article 7 de la loi n°2012-14 du 21 mars 2012 portant réglementation des systèmes financiers décentralisés en République du Bénin. Même s’il faut reconnaitre que cette tontine apporte un soulagement aux populations en période de fête, il faut retenir qu’il n’est pas autorisé de collecter de l’épargne en République du Bénin sans agrément préalable. C’est à juste titre que l’Etat intervient pour contrôler et encadrer le système afin de prévenir les dérives. Il importe de mettre en place un système de veille permanent pour suivre de près le respect scrupuleux de cette décision. Ce qui permettra de dénicher et de punir avec la dernière rigueur ceux qui continuent de mener illégalement l’activité.
Sergino Lokossou