En 2021, le taux de bancarisation strict du Bénin était de 34,7% alors que le taux d’inclusion financière qui comprend les personnes ayant des comptes de monnaie électronique s’affichait à 85,5%. D’ici 2027, les autorités veulent faciliter un accès sécurisé des populations aux services financiers.
L’adoption de la Politique nationale de développement de la microfinance 2023-2027 est un pas important posé par les autorités gouvernementales. Ce mécanisme innovant a permis de mettre à la disposition du ministère en charge de la Microfinance, un nouveau document de référence pour le sous-secteur afin qu’il soit en cohérence avec les orientations stratégiques et le programme d’actions du gouvernement. Développer de façon concrète des mécanismes innovants relativement au financement agricole et à la finance responsable au profit des jeunes et des femmes au-delà des financements classiques. C’est ce qui justifie l’adoption de la Politique nationale de développement de la microfinance 2023-2027. « Elaborée suivant une approche participative ayant regroupé tous les acteurs impliqués, la présente Politique postule qu’‘’à l’horizon 2027, le Bénin dispose d’un secteur de microfinance assaini, professionnel, novateur, inclusif et responsable qui contribue efficacement à l’accès durable de l’ensemble de la population aux services financiers diversifiés’’ », a notifié le condensé du Conseil. Ayant fait remarquer que la politique nationale tire les enseignements des insuffisances relevées dans les pratiques antérieures et entend favoriser une plus grande efficacité du dispositif de microfinance au profit des bénéficiaires, le Conseil a estimé que pour y arriver, elle se décline en trois objectifs stratégiques que sont : renforcer la veille, le suivi et les réformes d’assainissement du secteur, améliorer le dispositif institutionnel et managérial des systèmes financiers décentralisés et adopter le numérique et le digital dans les transactions et les opérations des systèmes financiers décentralisés.
« Par ailleurs, un accent particulier est mis sur le suivi-évaluation qui se fera de manière plus rapprochée nonobstant les études et enquêtes à effectuer à des échéances régulières pour davantage de rigueur dans l’implémentation de cette Politique », peut-on lire dans le relevé du conseil. Selon le compte rendu du conseil, le précédent document de politique est arrivé à terme et il importe de doter le ministère en charge de la Microfinance d’un nouveau document de référence pour le sous-secteur qui soit en cohérence avec les orientations stratégiques et le programme d’actions du gouvernement. La ministre des affaires sociales et de la microfinance est instruite pour y veiller particulièrement.
Des efforts malgré les performances
Malgré de bonnes performances par rapport à ses pairs ouest-africains, les chiffres de l’inclusion financière au Bénin restent à améliorer. Selon le rapport 2021 sur l’inclusion financière dans l’Uemoa, le Bénin affiche le taux de bancarisation strict (pourcentage de la population adulte détenant un compte dans les banques, dans les services postaux et les caisses nationales d’épargne et le Trésor) le plus élevé de l’Union à 34,7%. Concernant le taux global d’utilisation des services financiers (Tgusf) ou taux d’inclusion financière, celui-ci s’affiche dans le pays à 85,5%, porté notamment par le nombre d’adultes possédant un compte de monnaie électronique. D’après le gouvernement béninois, la nouvelle stratégie d’inclusion financière doit faire en sorte que « les populations bénéficient d’une éducation financière et aient un accès sécurisé aux produits et services financiers adaptés, dans un cadre légal et réglementaire adéquat ».Ce projet dont le coût n’est pas précisé est financé par le budget national béninois ainsi que par des partenaires techniques et financiers.
L’assainissement du secteur, une priorité
Les structures de collecte de l’épargne ou d’octroi de crédits opérant sans aucune autorisation de l’autorité compétente n’ont plus désormais leur place au Bénin. C’est ce qui ressort des journées communales d’assainissement du secteur de la microfinance, organisées en juin dernier par l’Agence nationale de surveillance des systèmes financiers décentralisés (Anssfd). Le signal a été donné depuis la partie septentrionale du pays notamment dans la commune de N’dali. Ces journées conduites par Abdou Rafiou Bello, directeur général de l’Agence nationale de surveillance des systèmes financiers décentralisés, ont été meublées de discussions sur les rôles et responsabilités des collectivités locales dans l’assainissement du secteur de la microfinance au Bénin. Depuis 2016, a-t-il rappelé, des actions et réformes ont été menées dans ce secteur. «Ce qui fait que, depuis 3 ans, le Bénin est le champion de l’inclusion financière dans notre sous-région, les huit pays avec lesquels nous partageons le franc Cfa », s’est-il réjoui. Mais en dépit de tout ce qui se fait, déplore-t-il un peu plus loin, il y a le phénomène de l’exercice illégal de l’activité de microfinance qui est resté prégnant. Toutefois, confie-t-il, un travail est fait pour assainir le secteur et lutter contre les structures illégales. «Mais le constat est que, malgré tout ce que nous faisons, les populations continuent d’aller vers ces structures », regrette-t-il. Au-delà de la répression, il est donc nécessaire d’impliquer les acteurs à la base dans ce combat. D’où, selon Abdou Rafiou Bello, l’importance de ces journées. L’objectif, c’est de renforcer la sensibilisation des populations locales aux défis liés à l’assainissement du secteur de la microfinance, tout en impliquant les élus communaux, les chefs de quartier et de village, dans la lutte contre les pratiques illégales. « Dans le secteur de la microfinance, nul ne peut, sans avoir préalablement été agréé par le ministre d’Etat de l’Economie, des Finances et de la Coopération, être inscrit sur la liste des Systèmes financiers décentralisés (Sfd), exercer l’activité de microfinance ou se prévaloir de la qualité d’institution de microfinance, ni créer l’apparence de cette qualité », a averti le directeur de l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés, Ignace Dovi. « Le secteur de la microfinance est règlementé et les prestataires de services que sont les institutions de microfinance agréées par le ministre en charge de l’Economie et des Finances, sont sous sa supervision et celle de la commission bancaire de la Bceao », poursuit-il. A l’occasion, l’assistance a pris connaissance de la liste des institutions de microfinance agréées en qualité de Sfd au Bénin. Au nombre de 106, elles sont toutes membres de l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés. « C’est la loi portant règlementation des Sfd en République du Bénin qui les y oblige », a soutenu Ignace Dovi. « Toute autre institution se prétendant être de la microfinance et n’ayant pas son nom sur cette liste est illégale et devrait être dénoncée sans délai au ministre en charge des Finances », a-t-il mis en garde.
Sergino Lokossou