Le patron de la confrérie Ogboni qui a régné en maître pendant des décennies au Bénin sans être inquiété a des ennuis judiciaires. Dans l’affaire flagellation de son secrétaire le dimanche 18 juillet 2021 dans son palais à Akpakpa, le dignitaire a été placé sous convocation après sa présentation au procureur de la République près le Tribunal de première instance de première classe de Cotonou le lundi 19 juillet 2021. Le mythe des intouchables qui ont droit de vie et de mort sur ses sujets vient ainsi de tomber.
Le Bénin n’est pas un no man’s land. L’Etat de droit au sein duquel chacun répond de ses actes quelque soit sa puissance naturelle ou surnaturelle est restauré depuis avril 2016. L’empereur mondial des Ogboni qui se croyait intouchable l’a appris à ses dépens le dimanche 18 et lundi 19 juillet 2021. Face à la barbarie de certains de ses ministres qui ont violé l’intégrité corporelle du secrétaire de la confrérie dans une affaire de transfert d’argent, la justice n’est pas restée dans l’attentisme. Avec la dilligence de la Police républicaine, elle a tapé du point sur la table en rappelant à Abib Adam alias Owolobè que le respect des droits humains est une valeur cardinale au Bénin. En effet, suite à l’alerte du passage à tabac du secrétaire de la confrérie donnée sur les réseaux sociaux, les éléments de la brigade criminelle de Cotonou se sont dépêchés sur les lieux, le siège de la fraternité Ogboni à Akpakpa. En deux temps deux mouvements, l’empereur a été cueilli avec huit de ses ministres auteurs de la flagellation. S’en suivra leur garde à vue à la brigade criminelle puis leur présentation au procureur de la République près le Tribunal de première instance de première classe de Cotonou le lundi 19 juillet. Après les différentes auditions et en attendant le procès de flagrant délit prévu pour le 10 août, le parquet a décidé de libérer sous convocation, l’empereur parce qu’il a déclaré n’avoir donné aucune instruction pour bastonner le collaborateur. Il a été conforté dans sa déclaration par son premier ministre qui a abondé dans le même sens que lui. Contrairement au leader religieux, les huit ministres inculpés pour coups et blessures volontaires ont été placés sous mandat de dépôt. Cette décision du parquet de Cotonou ‘a suscité diverses réactions. Pour beaucoup, le leader religieux devrait être placé en détention provisoire au même titre que les ministres poursuivis. Mais la responsabilité pénale étant personnelle, le procureur a décidé de placer Owolobè sous convocation. Dans l’un ou l’autre des cas, la décision a un mérite. Elle vient rappeler aux barbares que le Bénin est un Etat de droit où tous les citoyens sont égaux devant la loi comme le rappellent si bien les dispositions de l’article 26 de la Constitution qui consacrent le principe d’égalité de tous les citoyens béninois devant la loi et l’article 7 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui prescrit également l’égalité de tous devant la loi. L’article 5 de la Déclaration énonce pour sa part, que «Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants». Avec les actions concertées de la Police républicaine et de la justice, on peut sans se tromper dire qu’il n’y a plus de place aux pratiques violant l’intégrité physique des citoyens.
Serge Adanlao
Affaire ‘’Sévices corporels et traitements inhumains’’
Le procès de Owolobè et ses ministres prévus pour le 10 août
La Justice s’active déjà à démêler l’écheveau dans le cadre de l’affaire Owolobè révélant de graves violations des droits de l’Homme. L’empereur de la fraternité ‘’Ogboni’’ et huit de ses ministres ont été présentés au procureur de la République le lundi dernier. Au terme de l’audition, il a été placé sous convocation. Ses coaccusés, quant à eux ,ont été déposés en prison en attendant le procès fixé au mardi 10 août 2021 au tribunal de première instance de Cotonou.
Kabiessi Owolobè, empereur mondial de la Fraternité Ogboni et huit (8) de ses ministres seront devant la première chambre des flagrants délits du tribunal de Cotonou le mardi 10 août 2021. Il est poursuivi pour complicité de coups et blessures dans un dossier de violence sur un de ses collaborateurs. Présenté au procureur de la République près le tribunal de Cotonou, le lundi 19 juillet 2021, Kabiessi Owolobè a été mis sous convocation. Quant à ses ministres poursuivis dans le même dossier, ils viennent de passer leur deuxième nuit en prison. Pour rappel, des vidéos montrant des traitements dégradant infligés à un jeune homme répondant au nom de Ibrahim Houégnon avait été abondamment relayées sur les réseaux sociaux. Ces scènes ont choqué plus d’un. Le procureur de la République s’est alors saisi du dossier et interpelé les mis en cause dont Abibou Adéola Adam alias Owo-Lobè.
L’empereur Owolobé décline sa responsabilité
Lors de l’audition, l’empereur Owolobè a en effet, confié n’avoir donné aucune instruction pour que la victime soit flagellée. Il a aussi déclaré n’avoir aucune connaissance préalable du plan de ses collaborateurs. Toutefois, il reconnait avoir été informé par son premier ministre d’une réunion nécessitant la présence de M. Ibrahim, la victime. Ses propos ont été confirmés par le premier ministre ayant initié la réunion de châtiments corporels.
Léonce Adjévi
La Justice béninoise réactive sous le Nouveau départ
Sous le règne du président Patrice Talon, la Justice béninoise est en train de prendre toute son indépendance et s’investit résolument dans la mission qui est la sienne. Elle est réactive et surtout prête à régler les questions liées aux bonnes mœurs. Dans l’affaire coups volontaires portés à un employé du dignitaire religieux Owolobè, on a tout de suite constaté sa promptitude. Le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Cotonou, territorialement compétent, s’est aussitôt saisi du dossier et a instruit la Police républicaine aux fins d’investiguer. Des arrestations ont été aussitôt faites, et le lendemain, les intéressés ont été présentés au Procureur publique, garant de l’ordre publique. Tout est allé vite, car, après audition, huit personnes ont été immédiatement placées sous mandat de dépôt. Mieux, la date de leur procès est déjà connue. Ils seront face au juge pour répondre des faits mis à leur charge. Jadis, sous un certain régime, on n’aurait jamais observé cette célérité et surtout cette promptitude de la Justice à agir. Les intéressés seraient encore en liberté narguant tout le monde dans la République. Autre temps, autre mœurs. Cette indépendance de la Justice qu’on constate actuellement est à mettre à l’actif du gouvernement du Nouveau départ qui travaille de sorte à garantir l’égalité à tous devant la loi, telle que consacrée par la constitution du 11 décembre 1990. L’Exécutif doit être encouragé pour que les ‘’intouchables’’ de la République puissent changer de mode opératoire et sachent que les temps sont révolus.
J. S. B.
Les Osc interpellées sur cette violation des droits de l’Homme
Quelle importance le Bénin accorde-t-il à la personne humaine ? Cette question est désormais d’actualité, notamment après la diffusion sur les réseaux sociaux des vidéos choquantes d’un jeune homme qui a subi des coups et blessures volontaires au palais royal de l’empereur Owolobè. Pour avoir des éléments de réponse à cette légitime préoccupation, il faut se référer à la Constitution du 11 décembre 1990. En effet, ce texte fondamental de la République du Bénin consacre en son article 8 la sacralité et l’inviolabilité de la personne humaine. Mieux, il oblige les gouvernants à la respecter et à la protéger. Il doit aussi lui garantir un plein épanouissement en assurant à ses citoyens un égal accès à la santé, l’éducation, à la culture, à l’information, à la formation professionnelle et à l’emploi. Le Constituant ne s’est pas arrêté là, car à l’article 15, il indique que toute personne a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne. Et à l’article 18 de marteler que nul ne sera soumis à la torture, ni à des sévices ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Enfin, il a réservé des mesures coercitives à l’encontre de ceux qui poseraient des actes répréhensibles du genre, notamment à l’article 19 qui dispose : « Tout individu, tout agent de l’Etat qui se rendrait coupable d’acte de torture, de sévices ou traitements cruels, inhumains ou dégradants dans l’exercice de ses fonctions, soit de sa propre initiative, soit sur instruction, sera puni conformément la loi ». Ces principes de la constitution béninoises qui doivent garantir le vivre-ensemble en toute quiétude s’inspire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Ce document adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1948 et qui précise les droits fondamentaux de l’homme stipule, en effet, en son article 3 que tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. Et à l’’article 5 de marteler que nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Mais, apparemment, ces dispositions clairement énoncées, certains ne les connaissent pas ou du moins, se sont engagés à ne pas les respecter. C’est à ce niveau qu’un travail sérieux de sensibilisation doit être fait par les Organisations de la société civile et organisations défendant les droits de l’Homme. C’est à l’aune de ces défis que la société pourra véritablement évaluer leurs actions. Leur responsabilité est grande pour décourager ces genres de pratique d’une époque révolue.
Joël Samson Bossou