Le 26 décembre 2024, l’Union progressiste le Renouveau a reçu en audience trois leaders syndicaux de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin), de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb) et de l’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin (Unstb) à la demande de ces derniers. Au menu des échanges, les élections de 2026 avec en toile de fond le Code électoral et la liste électorale à polémique. Pour mieux comprendre la démarche des Centrales et Confédérations syndicales, nous avons joint le secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb). Pour Moudassirou Bachabi, « le noyau noyau syndical le plus fort aujourd’hui au Bénin » est dans une démarche de prévention du chaos au Bénin et de conscientisation des acteurs politiques. Lire ci-dessous, l’intégralité de ses propos.
Le Matinal: Trois leaders syndicaux dont vous, étaient au siège annexe de l’Union progressiste le Renouveau à Cotonou, le 26 décembre 2024. Beaucoup s’interrogent sur les mobiles de ce déplacement?
Moudassirou Bachabi: Il ne s’agissait par de quelques Confédérations. Il s’agit du noyau syndical le plus fort aujourd’hui au Bénin. Je voudrais que vous puissiez le noter. Sur le plan sectoriel, c’est ce regroupement qui a le lead de la représentation des travailleurs. Nous avons demandé à rencontrer l’Union progressiste le Renouveau comme nous avons demandé à rencontrer également beaucoup d’autres formations et acteurs politiques.
Il ne s’agissait donc pas d’une initiative exclusivement vers l’Up le Renouveau ?
Ce n’est pas à l’Up le Renouveau seule que nous avons adressé une requête de rencontre. Vous devez constater que la semaine qui a précédé celle du 26 décembre 2024, le Cadre de concertation des forces politiques de l’opposition nous a rendu visite à la Bourse du travail. En effet, le 11 décembre 2024, nous avons rendu publique une déclaration sur le Code électoral et la liste électorale. A la suite de ladite déclaration, nous nous devons tout naturellement d’aller vers les acteurs qui doivent pacifier les élections de 2026. C’est ce que nous sommes en train de faire en écrivant à tous les acteurs. Il s’est fait que c’est l’Up le Renouveau qui a été la première formation politique à réagir en nous accordant cette audience. Attendez-vous donc à ce qu’il y ait d’autres séries de rencontres avec d’autres acteurs très bientôt.
Que cherchent les syndicalistes sur le champ politique?
Vous savez que c’est le politique qui décide de créer la misère ou la joie aux travailleurs? Savez-vous également que ce sont les décisions politiques qui permettent aux travailleurs et aux populations de vivre? Vous comprenez donc qu’il n’est pas possible d’envisager le bonheur des travailleurs en étant irréversiblement opposés aux acteurs politiques. Il faut discuter avec eux. Raison pour laquelle, notre socle d’action, c’est le dialogue social. Donc, les acteurs politiques ne sont pas nos ennemis. Ce sont nos partenaires sociaux. A partir de ce moment, je comprends votre surprise parce que vous avez découvert le syndicalisme sous un angle qui n’est pas toujours celui qu’il faut. Le plus important pour nous, il faut influencer les décisions politiques en faveur de la population. Ce que nous faisons aujourd’hui est en lien avec 2026 qui s’en va être capital pour nous car c’est la première fois qu’on organise les élections générales au Bénin; c’est la première fois également qu’on se donne rendez-vous pour qu’on désigne tous ceux qui vont intervenir pour que le pays se porte bien. A partir de ce moment, on ne peut pas négocier ce virage avec des craintes et la peur au ventre. Vous n’êtes pas sans savoir ce que le Code électoral et la liste électorale suscitent aujourd’hui au Bénin. Beaucoup en parlent. Le Code électoral est la seule loi votée sous le président Talon qui fait objet de tant de polémiques. Il est donc normal que nous nous intéressons à cela parce que la situation peut générer l’instabilité et conduire à des violences. Or, quand il y a instabilité et violence, les premières victimes, ce sont les travailleurs. C’est eux qui posent leurs valises sur la tête et cherchent où se réfugier. Allons-nous laisser que cela arrive d’abord avant d’intervenir ? Nous sommes donc dans une démarche de prévention et conscientisation des acteurs pour que le Bénin ne bascule pas dans le chaos.
Après la rencontre avec l’Up le Renouveau, pensez-vous que l’espoir est permis ?
Si vous lisez les deux communiqués rendus publics par les syndicalistes et l’Up le Renouveau, vous aurez constaté que l’image projetée, s’est améliorée. Nous pensons avoir rencontré des gens responsables qui sont prêts à coproduire la paix et permettre au Bénin de passer 2026 avec une festivité qui rassure les uns et les autres.
En politique, entre le discours et l’acte, il y a un fossé. Avez-vous mis les garde-fous nécessaires pour passer à l’action au cas où, ce qui est mentionné dans les communiqués ne refléterait pas la réalité sur le terrain?
Pour nous, nous avons rencontré des gens responsables. On n’a pas de raison de penser qu’ils ont un agenda contraire à ce qu’ils ont exposé. Pour nous, ils ont été responsables et nous avons discuté à cœur ouvert. Nous n’avons donc pas des a-priori. Mais il est évident que l’histoire d’un pays s’écrit avec un peu de tout. Nous devons veiller à ce que tout le monde joue sa partition et je crois que tout le monde s’y est engagé. Pour moi, nous avons une présomption de bonne foi qui est assez forte parce qu’on a rencontré la crème de l’Up le Renouveau. Si la crème devrait trahir son engagement, cela voudrait dire qu’il ne resterait plus rien dans le pays. Nous avons bon espoir qu’ils ne vont pas trahir leurs engagements autant que nous aussi, nous allons continuer à œuvrer pour que l’ensemble des acteurs se retrouvent pour garantir un lendemain qui n’est pas clos.
Quelle serait la suite après avoir rencontré toutes les formations politiques ?
La suite, c’est que le Bénin se portera bien.
Merci
Propos recueillis par Serge Adanlao