(Les partis soutenant le chef de l’Etat récompensés)
Annoncée depuis plusieurs mois, la nomination des ministres conseillers a finalement été actée à la faveur du conseil des ministres tenu le mercredi 11 décembre 2024. En scrutant la liste des 12 personnalités promues dans cet organe, force est de constater que c’est un véritable cadeau de Noël que le président de la République, Patrice Talon a offert aux partis soutenant ses actions.
Alea jacta est, le sort est finalement jeté pour ce qui est de la liste des ministres conseillers. L’opinion est fixée depuis hier, mercredi 11 décembre 2024 sur le profil des personnalités appelées à occuper les différents postes prévus dans cet organe créé par décret n°2024-006 du 9 janvier 2024 et placé sous l’autorité du chef de l’Etat. Au nombre des douze (12) personnalités promues, on retrouve trois femmes que sont : Claudine Prudencio, Sèdami Médégan Fagla et Mariam Djaouga Sacca. Dans l’ensemble, il s’agit des noms bien connus comme Jacques Ayadji ministre conseiller aux infrastructures et à la gouvernance locale, Janvier Yahouédéou aux services publics, Rachidi Gbadamassi à la défense et à la sécurité, Sèdami Médégan Fagla à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique, Paulin Akpona aux affaires économiques, pour ne citer que celles-là. En passant au scanner cette liste, l’on se rend compte qu’il s’agit de personnalités politiques majeures, figures de proue des partis politiques soutenant les actions de Patrice Talon. Ce qui fait dire à nombre d’analystes que ces nominations ont une connotation politique. Une position qu’assume le chef de l’Etat qui l’a fait d’ailleurs savoir le 8 février 2024 à la faveur des échanges qu’il a eus avec la prese nationale. Abordant le sujet, le président Talon a d’abord reconnu les frustrations induites par l’appel à des compétences techniques pour la mise en œuvre de l’action gouvernementale. Il a exposé que ce ne sont pas ces personnes qui sont responsables devant le peuple ou qui ont œuvré à la conquête du pouvoir, d’où la légitimité de ces frustrations. Cette approche selon lui, se justifie par le fait que pour un pays à bâtir où tout est à faire, l’exigence de compétences techniques est encore plus élevée. Ayant reconnu cette insuffisance, Patrice Talon a alors entrepris de compenser cela par une approche de complémentarité avec la solution du collège de ministres conseillers. « Nous avons besoin que des politiques qui ont des aspects techniques accompagnent la dynamique gouvernementale », avait indiqué Patrice Talon, qui a confié, un brin déçu, de ne pas avoir le temps de se consacrer aux questions politiques. Ce qui lui crée parfois des préjudices, selon ses explications. Avec cet arrinage, les ministres seront accompagnés de personnalités doublées de casquette politique. Cette réforme vise donc à remettre l’action politique au cœur de l’action technique. Une approche qui, selon le chef de l’Etat, est bien vue car elle permet aux ministres qui ont constamment le nez dans le guidon et qui ne sont pas nécessairement des « politiques » d’avoir des compétences politiques à côté d’eux comme des guides.
La jeunesse réduite à une portion congrue
Comme il est aisé de le relever, des figures connues de la scène politique se sont taillé la part du lion dans la liste des ministres conseillers. Rachidi Gbadamassi, Claudine Prudencio, Jacques Ayadji, Paulin Akpona, Expédit Houessou, Paulin Gbénou, Janvier Yahouédéou sont des personnalités à ne plus présenter sur l’échiquier. La promotion de ces personnes qui, pour la plupart, ont déjà occupé des postes où certaines sont même encore en fonction, fait dire à nombre d’analystes que la jeunesse a une fois encore été sacrifiée. Même les désignations faites au niveau du Conseil économique et social par les partis politiques confortent la thèse selon laquelle les acteurs politiques ne sont pas prêts à faire la promotion de la jeunesse. Les ainés ne semblent pas vouloir céder la place à la jeunesse. Autrement, les vieux du sérail n’auraient pas été désignés pour des postes où la jeunesse pourrait bien s’illustrer. Un constat désolant qui devrait amener la jeunesse militant au sein des partis politiques à réfléchir et à changer de fusil d’épaule.
Gabin Goubiyi