La fermeture prolongée de la frontière entre le Niger et le Bénin, qui dure depuis le 26 juillet 2023, continue de susciter une vive inquiétude au sein de la population nigérienne. Si, au début, les autorités de la transition et une partie de la population avaient soutenu cette décision, invoquant des préoccupations sécuritaires, le désarroi est désormais palpable face à la situation économique qui en découle. La vie quotidienne des Nigériens est durement impactée par la cherté des produits de consommation, avec une inflation galopante qui mine l’économie nationale.
Abdoulaye Aboubakar, un citoyen nigérien, n’a pas caché son mécontentement. « La fermeture de cette frontière nous a apporté une cherté de la vie qui n’a pas d’égal. Depuis le 26 juillet, les prix des denrées alimentaires et d’autres produits essentiels ont fortement grimpé. La diplomatie nigérienne est active pour la réouverture de la frontière, mais il est important que cela se fasse dans le respect des accords. Cela reste crucial pour la stabilité économique de notre pays », a-t-il expliqué.
L’impact du maintien de la fermeture de la frontière sur le commerce est également ressenti à tous les niveaux. Nouhou Hamadou, commerçant-importateur, déplore les lourdes pertes engendrées par cette fermeture. « J’ai 12 à 13 camions bloqués à Gaya et je suis actuellement à 10 millions de FCfa de frais pour le carburant, uniquement pour maintenir mes camions en stationnement. Et le pire, c’est que, pendant ce temps, certains contournent la loi en fraudant pour faire passer des marchandises du Nigéria ou du Bénin. Ce phénomène ruine complètement notre économie », a-t-il fustigé, préoccupé par les conséquences à long terme de la situation.
Le commerce informel : un fardeau pour les opérateurs économiques
Selon Nouhou Hamadou, le commerce informel, favorisé par la fermeture des frontières, complique encore davantage la situation. « En plus des pertes financières, ceux qui ont des camions vides doivent désormais passer par le Nigéria. Mais ce pays impose des frais exorbitants. Quand vous traversez le Nigéria, ils vous prennent jusqu’à 300 000 voire 400 000 FCfa pour un camion chargé et 6000 FCfa + le laisser-passer si le camion est vide. Le Bénin, avec lequel nous avons des problèmes, prend seulement 6 000 FCfa par camion vide. Mais c’est au Nigéria que les coûts sont les plus élevés, et cela affecte encore plus notre commerce », a-t-il déploré.
Les conséquences sur les commerçants et la population
Le secrétaire général de l’Union des travailleurs du transport du Niger (Uttan), Gamatché Mahamadou, a lui aussi exprimé son désarroi face à l’impact économique du maintien de cette fermeture. « Nous nous demandons pourquoi, malgré les conséquences néfastes, cette frontière reste fermée. Aujourd’hui, tout est devenu beaucoup plus cher, car les produits qui mettaient trois jours pour arriver du Bénin au Niger, prennent maintenant deux à trois mois. Cela a un coût, et ce coût, les commerçants le répercutent sur le consommateur final. Mais il est urgent que les autorités nigériennes rouvrent la frontière pour éviter que l’économie ne soit complètement paralysée », a-t-il insisté.
Une situation insoutenable
La fermeture de la frontière a aussi des répercussions sur la vie quotidienne des Nigériens. Nombreux sont ceux qui se demandent comment ils pourront accueillir le mois sacré du Ramadan dans de telles conditions. Pour de nombreux citoyens, la situation est désormais insoutenable. « Si la frontière reste fermée, comment allons-nous gérer la période du Ramadan ? Les prix sont déjà trop élevés, et si cela continue, les familles auront du mal à se nourrir », a souligné une habitante de Niamey, préoccupée par les difficultés à venir.
Un appel pressant à la réouverture de la frontière
Face à cette situation, l’appel à la réouverture de la frontière Niger-Bénin se fait de plus en plus pressant. Les opérateurs économiques, les commerçants et la population dans leur grand ensemble réclament une action concrète pour relancer l’économie et alléger le fardeau qui pèse sur les Nigériens. « Nous ne pouvons pas continuer à supporter une telle pression. Il est temps que nos autorités lèvent ce blocus pour permettre à l’économie de respirer », a conclu Gamatché Mahamadou. Les regards sont désormais tournés vers les autorités nigériennes, dans l’espoir que la réouverture de la frontière ne tardera plus, permettant ainsi de soulager une population déjà éprouvée.
Léonce Adjévi