Le palmier à huile occupait au Bénin une place importante historiquement. Il a fait l’objet d’un développement plus volontariste à partir du règne du roi Ghézo, que l’on situe entre 1818 et 1858. Identifié comme filière phare au niveau du pôle de développement agricole 6, le palmier à huile, qui jusqu’au début des années 1970 a été la première filière d’exportation du Bénin en dépit des conditions marginales pour sa culture, affiche de nos jours, des performances, mais aussi des impacts sur l’environnement.
Depuis 1989, le Bénin a engagé un certain nombre de réformes structurelles dans le secteur agricole visant à relancer son économie. C’est dans ce cadre que des initiatives visant à relancer la filière palmier à huile comme l’élaboration du Programme de relance de la filière palmier à huile au Bénin 2014-2020, ont été prises. La dynamique des réformes actuellement en cours dans le secteur agricole met l’accent sur le développement des chaînes de valeur qui offrent les meilleures potentialités de développement. Cette dynamique a ciblé la filière palmier à huile comme filière locomotive dans le Pole 6 à cause de son potentiel à contribuer significativement au développement économique national. En conséquence, l’Agence territoriale de développement agricole Plateau est désignée comme chef de file des actions de promotion de cette filière. Du fait que le palmier à huile soit une plante pérenne, sa culture a des effets négatifs comme positifs sur l’environnement. Le palmier à huile est utilisé comme un « frein » à la dégradation de la fertilité des sols. De ce point de vue, le palmier à huile semble jouer, dans le système de production, un rôle comparable à celui des légumineuses arbustives. Ce qui est un fait positif au plan environnemental. Cependant, une grande industrialisation de la production du palmier à huile est source d’effet et impacts négatifs comme cela se voit dans certains pays grands producteurs de palmier dans lesquelles des plantations naturelles sont remplacées par des palmeraies. Toutefois, la situation de la production du palmier au Bénin n’a pas encore atteint un niveau où des effets négatifs sur l’environnement pourraient être notés.
Impacts environnementaux du palmier à huile au Bénin
Les impacts environnementaux du palmier à huile proviennent de différentes sources, sont de différents types et des dispositions nécessaires peuvent être prises pour inverser la tendance. L’utilisation des intrants chimiques (engrais et produits phytosanitaires) pour accroître la production des produits végétaux a comme impact la pollution des sols, des eaux, et de l’environnement. Il faut comme solution la promotion des intrants biologiques et le renforcement des moyens physiques de protection des cultures et la promotion des technologies de gestion durable des terres. L’augmentation des plantations de palmier à huile, surtout en zone de cultures dégradées peut améliorer la mitigation des changements climatiques. L’accroissement industriel des superficies de production en zone forestière (marginal au Bénin) engendre la déforestation et la destruction de formations végétales qui constituent des réservoirs importants pour la biodiversité. Face à cela, il faut promouvoir l’utilisation des technologies de production induisant de meilleurs rendements afin de limiter la déforestation et prendre les garde-fous pour éviter la destruction massive de zones de réserve de biodiversité. L’augmentation des unités de transformation entraîne l’augmentation de la pollution sonore autour des unités de transformation et il faut la réalisation des études d’impact environnemental selon les besoins et conformément aux dispositions prévues par la loi et en application par l’Agence béninoise de l’environnement. Il y a également l’augmentation des déchets d’usine qui doit pousser à l’intégration dans les projets d’agrandissement ou de création des unités de transformation de dispositions d’une bonne gestion et/ou valorisation des sous-produits et déchets d’usine. Les aménagements hydroagricoles, constructions d’infrastructures rurales (pistes ou de voies d’accès, magasins de stockage), mécanisation de l’agriculture et l’affectation ou déstabilisation du milieu naturel notamment la perturbation des structures de sol, la destruction de végétation et autres appellent à la réalisation des études d’impact environnemental selon les besoins et conformément aux dispositions prévues par la loi.
Palmiers à huile et accords internationaux
L’expansion continue des cultures de palmiers à huile a des implications considérables pour les stratégies et objectifs de durabilité internationaux adoptés par l’ensemble des pays. Les États ayant adopté ces cadres politiques peuvent les utiliser pour élaborer et mettre en œuvre leurs politiques nationales visant à soutenir une production durable d’huile de palme et à réduire ses impacts sur la biodiversité. Cent quatre-vingt-seize pays, y compris la totalité des nations productrices d’huile de palme sont parties à la Convention sur la diversité biologique. Tous ces pays se sont engagés dans le Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020, avec pour objectif de « prendre des mesures efficaces et urgentes pour stopper la perte de la biodiversité ». Ainsi, lorsque l’exploitation de palmiers à huile cause une perte de biodiversité, par exemple à cause de la déforestation, les pays s’engagent à mettre en œuvre des mesures pour éviter cette perte. Le Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020 comprend 20 objectifs spécifiques d’Aichi. Beaucoup d’entre eux sont pertinents pour la production et la consommation d’huile de palme. Le Plan stratégique actuel pour la biodiversité se termine en 2020, et l’analyse des implications des cultures de palmiers à huile pour la conservation de la biodiversité donne une idée de la façon dont les gouvernements pourraient vouloir formuler les objectifs d’un nouveau plan stratégique. Par exemple, il serait utile de considérer l’incorporation d’un objectif visant à éviter la chasse non-durable d’espèces terrestres, une question clé dans les paysages de palmeraies, là où le Plan stratégique actuel ne considère que l’exploitation durable des espèces aquatiques.
Objectifs de développement durable (Odd)
En 2015, les gouvernements du monde entier ont également adopté l’Agenda 2030 pour le développement durable, comprenant 17 objectifs. L’objectif 15, sauvegarder la vie sur terre, est l’Odd le plus directement lié aux implications des cultures de palmiers à huile pour la conservation de la biodiversité. Cependant, presque tous les objectifs de développement durable sont pertinents pour la durabilité de l’huile de palme, d’une manière ou d’une autre : mettre fin à la pauvreté (objectif 1), une eau propre pour tous (objectif 6), croissance économique (objectif 8), production et consommation responsables (objectif 12), action climatique (objectif 13) et une gouvernance efficace (objectif 16) comptent parmi les autres objectifs particulièrement pertinents Deux caractéristiques des objectifs de développement durable sont essentielles à la relation entre palmiers à huile et conservation de la biodiversité : ils sont universels (ils s’appliquent de la même façon à tous les pays) et ils sont indivisibles et de valeur égale. Leur universalité engage les gouvernements à agir sur la question des palmiers à huile et la conservation de la biodiversité dans les pays consommateurs aussi bien que dans les pays producteurs. Leur indivisibilité engage les gouvernements à accorder la même importance à la biodiversité et autres implications environnementales de l’exploitation des palmiers à huile qu’aux aspects sociaux et économiques.
Conventions relatives au changement climatique et à la désertification
Plusieurs conventions y compris les « conventions de Rio » définissent des objectifs intergouvernementaux en lien direct avec les palmiers à huile et la conservation de la biodiversité. Pas moins de 196 pays sont partis à la convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, et son cadre stratégique 2018-2030 offre un engagement mondial en faveur de la « neutralité de dégradation des terres ». De même, la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, à laquelle 197 pays sont parties, a accepté, via l’accord de Paris de 2015, de limiter le changement climatique à moins de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels. Le développement de plantations de palmiers à huile sur des terres écologiquement dégradées pourrait permettre de faire progresser ces deux engagements. À l’inverse, ils seraient compromis par une expansion des cultures de palmiers à huile entraînant une déforestation, une dégradation des forêts ou une perte de tourbières.
Sergino Lokossou

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