L’élection présidentielle de 2021 a connu la participation de trois duos présidentiels, Talon-Talata, Soumanou-Hounkpè et Kohoué-Agossa. Comparée aux élections présidentielles passées, il se dégage une réduction de candidatures, surtout celles fantaisistes induites par le parrainage.
« Les forces de l’opposition par la présente, réaffirment leur attachement au processus démocratique en cours dans notre pays, disent haut et fort qu’ils participeront aux élections législatives du 28 avril 2019, prennent l’opinion publique nationale et internationale à témoin de leur détermination à participer à l’animation de la vie politique nationale », ont-ils fait remarquer. « Depuis le début, l’intention était claire que le pouvoir en place avec les institutions en charge de l’organisation des élections n’ont pas voulu de notre participation aux élections. En tant que parti politique, en tant que patriote, en tant que Béninois, nous avons tout fait, tout ce qu’un parti politique peut faire pour avoir le certificat de conformité. Mais malheureusement, ils ont tout fait pour nous empêcher de l’avoir. Et ne l’ayant pas eu nous avons jugé utile de ne pas déposer de dossier, de nous replier pour savoir quoi faire », a affirmé de-Laure Faton de la Fcbe.
Malgré les protestations dans le pays et les casses, le 05 mars 2019, la Commission électorale nationale autonome (Céna) a rendu publique la liste des partis politiques retenus pour les législatives du 28 avril prochain. Au cours d’un point de presse, Emmanuel Tiando et ses pairs ont dévoilé que l’Union progressiste et le Bloc républicain sont les seuls retenus pour cette compétition. Cette sélection n’a pas été du goût de l’opposition. « Nous sommes dans un cirque, et nous sommes en train de jouer. Aucun parti politique de la majorité présidentielle n’est à jour. Je vous le dis par expérience. C’est l’impasse, et puis quand même on ne peut pas faire un match Talon-Talon », a déclaré l’ancien ministre Candide Azannaï.
La recherche de consensus par Talon
Au lendemain du point de presse de la Céna, le chef de l’État, Patrice Talon, a tenu une séance de travail avec des responsables de formations politiques engagées dans les élections législatives. L’objectif de cette rencontre avec les partis politiques est d’échanger autour des solutions pour un processus électoral apaisé et inclusif. L’assistance était composée des représentants des partis Union progressiste, Bloc républicain, Moele-Bénin, Fcdb, Udbn et le Prd. A leurs côtés, une délégation du bureau de l’Assemblée nationale conduite par son Président, Adrien Houngbédji. Du côté du gouvernement, le chef de l’État, entouré des ministres Sévérin Quenum de la justice et Sacca Lafia de l’intérieur. Au début de la séance tant attendue, le premier magistrat n’a pas dissimulé sa désolation de ne voir aucun parti de l’opposition apte pour les élections prochaines. S’il a imputé une part de responsabilité à ces partis, l’autre a été au tort exclusif du Parlement. « L’Assemblée nationale a voté des lois et n’a pas veillé à harmoniser les dates d’effet de certaines dispositions. Ce n’est pas la faute de la Commission électorale nationale autonome (Céna) », a notamment fait observer le président Patrice Talon. A le suivre, le fait que la Céna ait indiqué que le 26 février était la date de clôture du dépôt des candidatures, ce n’est pas de sa volonté. « C’est la loi qui a prescrit un tel calendrier à partir de la date de convocation, de la tenue des élections », a-t-il soutenu. « Nous avons convoqué le corps électoral pour le 28 avril. La loi prescrit qu’avant le 28 avril, il y a 15 jours de campagne obligatoire. Avant le 1er jour de campagne, il y a 45 jours de délai de préparation des élections, délai qui commence à la date de clôture du dépôt des candidatures. Donc, tous les candidats doivent avoir fait les formalités de dépôt de candidature au minimum, 45 jours avant le premier jour de campagne. 45 plus 15, cela fait 60 jours. Donc, il faut au minimum 60 jours pour compter de la date de tenue des élections pour le dépôt des candidatures », a-t-il expliqué à ses hôtes du palais de la présidence. La désharmonie et l’incohérence entre la date d’échéance, a-t-il dit, pour les formalités de mise à jour des partis politiques et le calendrier électoral sont imputables aux députés. « Si le Parlement avait fait les décomptes, il n’aurait pas donné six mois de mise à jour à partir de la date probable de promulgation de la loi qu’il a votée », a précisé le chef de l’Etat. Accusée d’être indirectement à la manœuvre de la difficulté que connait le processus électoral, l’Assemblée nationale a eu, par le biais de son président à se défendre, Me Adrien Houngbédji, a dans ses propos, innocenté subrepticement l’institution. « Nous travaillons dans des conditions de célérité jamais vues dans un Parlement. Lorsque les textes arrivent, le temps qui nous est imparti est très court », s’est-il défendu, non sans reconnaître que « effectivement, il y a des erreurs dans nos lois ». A entendre les partis politiques présents à cette rencontre de vérité, l’objectif est de trouver la solution optimale pour faire participer l’opposition à ces élections législatives. « Il y a comme un sentiment d’exclusion en laissant aller aux élections deux partis politiques heureusement ou malheureusement de soutien au président de la République », ont-ils souligné. Pour eux, la solution à cette difficulté objective est de s’en remettre à l’institution qui a fait la loi. Selon le président Bruno Amoussou, représentant de l’Union progressiste, la piste consistant à ce que les forces politiques se retrouvent au Parlement pour dialoguer, pour examiner ce qu’il convient de faire sera féconde. Et son parti participera avec intérêt à ces différentes discussions. Mais il faudra rester conforme aux dispositions légales et rester dans l’esprit de l’Etat de droit. « La piste d’une réflexion collective entre forces politiques représentées ou non au Parlement parait bien utile à exploiter… pour la recherche de consensus et d’un vivre en commun pacifique », a-t-il précisé. Gildas Aïzannon de l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn) s’est dit sidéré par la sincérité qui se dégage de l’intervention du chef de l’Etat. Il trouve qu’aucun sacrifice ne sera trop grand pour préserver la paix et que le président Patrice Talon a tracé des pistes de solutions très intéressantes. « L’espoir est permis», a-t-il déclaré. « Je veux espérer qu’à partir de cet instant, vous allez être en mesure de nous faire des suggestions pour prendre des décisions, parce que vous en avez les prérogatives…, s’il faut que l’Assemblée nationale aille en session dès lundi ou ce week-end pour proposer des mesures nous permettant d’atteindre les objectifs tout en respectant les lois actuelles ou les lois de demain, ce serait salutaire pour nous tous et nous allons en partager le mérite….Certes, ma volonté n’est pas de forcer la main aux partis politiques pour aller aux élections. Mon souhait, c’est qu’en mon temps également, les élections soient de même nature, de même qualité, de même convivialité que ce que nous avons connu jusque-là… Je n’ai pas le pouvoir de suspendre le processus électoral. Si j’avais ces prérogatives, je le ferais… Ni l’Exécutif, ni le Parlement, personne dans notre disposition constitutionnelle ne peut suspendre un processus électoral si la Cour constitutionnelle ne constate pas des irrégularités sur lesquelles elle statue et prescrit quelque chose de formel en tant qu’arbitre du contentieux », a expliqué patrice Talon à ses hôtes.
Il faut rappeler que quatre formations politiques n’ont pas répondu à l’invitation du chef de l’Etat pour des raisons diverses. Il s’agit, entre autres, de la Dynamique unitaire pour la démocratie et le développement (Dud), de l’Union sociale libérale (Usl), de Restaurer l’espoir (Re) et les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe).
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