(Les avancées économiques du régime Talon saluées)
Invité sur la chaîne de télévision Canal 3 Bénin le mercredi 7 mai 2025, l’économiste et président du parti politique Le Libéral, Richard Boni Ouorou, s’est exprimé sur le bilan économique du président Patrice Talon, les limites du modèle actuel et les propositions de son parti pour une croissance inclusive.
Au cours de cet entretien exclusif, Richard Boni Ouorou a reconnu des avancées économiques enregistrées sous la gouvernance de Patrice Talon. Il a notamment salué la stabilité du taux de croissance économique, qui s’est maintenue autour de 6% au cours des dernières années, ainsi que la performance du Bénin sur les marchés financiers, à l’image d’une levée d’un milliard de dollars en moins de 12 heures en début d’année 2025. Toutefois, l’économiste nuance ce bilan en soulignant le caractère déséquilibré de cette croissance. Selon lui, seuls certains secteurs comme le coton ou le tourisme ont véritablement tiré profit des dynamiques économiques, laissant d’autres pans de l’économie en retrait. Il déplore ainsi une structuration sectorielle inégale, incapable d’impacter durablement le quotidien de l’ensemble de la population. « Une croissance en tue parfois une autre », a-t-il illustré, ajoutant que cette tendance affaiblit le tissu économique dans sa globalité.
Réforme fiscale, justice commerciale et formation : les piliers d’un modèle libéral
Pour le président du parti Le Libéral, Richard Boni Ouorou, il est urgent d’adopter une réforme fiscale plus progressive, adaptée aux réalités sociales. Il plaide pour une fiscalité qui évolue avec la société afin de ne pas étouffer les entreprises naissantes ni les classes modestes. L’accent a également été mis sur la nécessité d’une justice commerciale compétitive, rapide et impartiale, capable de rassurer les investisseurs et de protéger leurs actifs. Dans une approche résolument tournée vers la jeunesse, Richard Boni Ouorou insiste sur la formation professionnelle de qualité, alignée sur les besoins du marché de l’emploi. Il appelle à encourager l’innovation et la créativité, qu’il considère comme des leviers essentiels pour bâtir une économie solide.
Invite à une gestion de la dette plus transparente
Interrogé sur ses critiques régulières envers la politique d’endettement du gouvernement, l’économiste précise que ses reproches ne concernent pas la dette en elle-même, qu’il qualifie « d’effet de levier », mais plutôt son utilisation et sa transparence. Prenant l’exemple de la Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz), il reconnaît l’importance stratégique de ce projet, tout en regrettant un manque de clarté sur le financement réel de la part de l’État. Il s’interroge notamment sur la nature des 40 % de participation de l’État dans le projet, soupçonnant qu’ils soient adossés à de la dette publique. Enfin, Richard Boni Ouorou critique les choix d’investissement en matière d’infrastructures. Bien qu’il reconnaisse les nombreuses réalisations routières à Cotonou, il estime que des axes stratégiques comme la route Kérou–Banikoara, qu’il appelle la « route de la croissance », auraient dû être prioritaires. Selon lui, cette voie, essentielle pour l’exportation du coton et l’approvisionnement en produits agricoles, constitue une artère vitale pour l’économie nationale. « Cette route devait être la priorité des priorités, bien avant même l’embellissement de Cotonou », a-t-il insisté. Pour finir, il a appelé à une redéfinition des priorités économiques du Bénin, fondée sur une croissance équilibrée, une réforme fiscale inclusive, une justice efficace, et une formation adaptée aux défis du marché. Profitant de l’occasion, il s’est prononcé sur la philisophie de son parti Le Libéral, l’éventuel rapprochement dudit parti avec Les démocrates, le bilan du régime Talon et la réforme du système partisan.
Léonce Adjévi