(Le parti Les démocrates dans un tournant critique)
Ce jeudi 23 octobre 2025, à la Cour constitutionnelle, se jouera le sort du principal parti d’opposition Les démocrates et pour cause! La haute juridiction est attendue pour situer le parti sur sa participation ou non à la Présidentielle du 12 avril 2026.

C’est une audience décisive et très attendue qui se tient, ce jeudi 23 octobre 2025 à la Cour constitutionnelle. Après le report du lundi 20 octobre dernier, la Cour devrait, sauf cataclysme, fixer les responsables et militants du parti Ld sur la participation ou non de leur duo de candidats à la présidentielle de 2026. Au cœur du recours, l’affaire Sodjinou, une actualité qui défraie la chronique depuis quelques jours. Le requérant, Kamar Oussagari demande aux sept sages de la Cour constitutionnelle, de déclarer contraire à la constitution, l’ordonnance du juge des référés civils du tribunal de première instance de première classe de Cotonou, rendue le 13 octobre 2025. Dans son dispositif, le président du tribunal de première Instance de première classe de Cotonou, statuant en qualité de juge des référés, avait ordonné à Thomas Boni Yayi, es-qualités président du parti Les démocrates et au parti politique « Les démocrates » d’avoir à restituer à Michel François Oloutoyé Sodjinou, dès la signification de l’ordonnance, aux mains de l’huissier de justice instrumentaire, le formulaire nominatif de parrainage qui lui a été délivré par la Commission électorale nationale autonome (Cena). L’ordonnance enjoint également au président de la Commission électorale nationale autonome (Cena) d’avoir à invalider le précédent formulaire de parrainage délivré au demandeur Michel François Oloutoyé Sodjinou et de lui en délivrer un nouveau, en cas de résistance de monsieur Thomas Boni Yayi, es-qualités président du parti Les démocrates et du parti politique « les démocrates » à lui restituer le premier formulaire. Une ordonnance au ton martial qui visiblement n’a laissé aucune marge de manœuvre au parti qui se verra plus tard débouté en appel, la juridiction de second degré ayant confirmé l’ordonnance, déboutant de facto, le parti présidé par Boni Yayi.
Cacophonie et cafouillage
A la suite de cette ordonnance, le parti a, en vain, entrepris moult démarches pour faire entendre raison à son militant dont le parrainage est devenu très précieux pour faire valider la candidature du duo constitué de Renaud Agbodjo et Bonaventure Lodjou. Entre temps, le député réfractaire s’est fait délivrer une autre fiche de parrainage par la Céna. Une nouvelle qui sonne comme un coup d’assommoir sur la tête du parti qui espérait amener son poulain à libérer le vingt huitième parrainage indispensable pour faire valider le dossier de candidature. Entre injures et menaces à l’encontre du député qui visiblement n’est pas en phase avec le processus ayant conduit à la désignation du duo de candidats du parti Ld, et les suspicions d’implication du gouvernement dans cette affaire, Eric Houndété va mettre les pieds dans le plats en faisant publier une lettre à l’allure d’un cri de cœur à l’endroit de son collègue, frère et ami. Seulement que dans cette lettre, le député va maladroitement livrer en termes voilés, quelques pans de la crise qui prévaut au sein du parti Les démocrates, en proie à un leadership des plus contestés. Ce qui va enlever aux activistes du parti, le principal argument dont ils entendaient se prévaloir pour faire endosser au pouvoir, l’entière responsabilité de la situation difficile dans laquelle le parti se trouve plongée.
La Cour constitutionnelle face à un précédent jurisprudentiel décisif
La décision que rendra la Cour constitutionnelle dans l’affaire Michel Sodjinou est très attendue. Elle pourrait avoir un impact majeur sur la suite du processus électoral en cours. Toutefois, la haute juridiction s’est déjà prononcée sur une question similaire. Dans sa décision EP 21-012 du 17 février 2021, relative à l’affaire du député Ahmed Affo Obo Tidjani, alias Souwi, la Cour avait établi un principe clair : l’acte de parrainage est susceptible de rétractation, à condition que celle-ci ne soit pas abusive. Selon cette jurisprudence, une rétractation devient abusive lorsqu’elle intervient après l’examen des dossiers de candidatures ou après la proclamation de la liste des candidats par l’institution en charge de l’organisation du scrutin, en l’occurrence la Cena. Dans le cas actuel, l’enjeu est de savoir comment la Cour interprétera cette position antérieure et surtout, si elle reconnaîtra la compétence du juge civil à connaître de la plainte déposée par Michel Sodjinou. À ce stade, difficile de prédire la tournure que prendra cette affaire. Le verdict des sept sages de la Cour constitutionnelle, attendu ce jeudi, s’annonce déterminant pour la suite du processus électoral.
Gabin Goubiyi



















