Une voix guidée par la passion et le leadership féminin dans les médias, c’est l’expression qui résume au mieux Pulchérie Gbèmènou, actuelle directrice émérite de radio Wèkè dans la Commune de Sèmé Podji. Cette femme incarne un leadership féminin remarquable dans le paysage médiatique béninois. Sa carrière, jalonnée de succès et d’obstacles surmontés, reflète son engagement indéfectible envers l’autonomisation des femmes et la promotion de la diversité dans les médias.
Visage arrondi et dotée d’une forte corpulence, Pulchérie Sèssi Gbèmènou s’impose avec son teint noir d’ébène. Avec une allure élégante et une présence charismatique, elle porte souvent un sourire chaleureux qui illumine son visage. Ses yeux vifs qui expriment la détermination. Pulchérie Gbèmènou dégage une aura de confiance en soi et d’authenticité qui la rendent très inspirante. « La femme est un être spécial à qui Dieu a presque tout donné », c’est sa philosophie.
Originaire du Bénin, Pulchérie a commencé sa carrière dans les médias en tant que journaliste stagiaire, gravissant rapidement les échelons pour devenir une figure influente dans son domaine. « Je suis venue dans la presse avec le Bac+2 et c’est après que j’ai eu la licence et mes masters 1 et 2. J’ai commencé par un stage à la presse écrite et après, j’ai fait la radio d’abord avec un titre de stagiaire, ensuite collaboratrice et journaliste permanente. J’ai gravi les échelons », a-t-elle narré avec une grande fierté. De secrétaire adjointe de rédaction à la rédactrice en chef pendant 10 ans, elle a franchi le cap de la direction de la radio. Dans un domaine traditionnellement dominé par les hommes, elle a toujours milité pour l’épanouissement de la femme. Elle ne ménage aucun effort pour promouvoir le leadership féminin au sein des médias. « Dans la presse pour promouvoir le leadership féminin, il faudrait que les femmes fassent un effort sur elles-mêmes et laissent tomber les petits problèmes qui détruisent la corporation. La femme leader en général doit faire un travail personnel sur sa vie privée et sa vie professionnelle sans oublier sa vie associative. C’est quand même important que si vous ne le faites pas, vous aurez tous les problèmes sur votre chemin », suggère-t-elle. A l’en croire, il faut aussi intégrer surtout les conseils des devancières pour aller de l’avant. Il faut surtout faire son travail, être professionnel dans l’exercice de son métier et s’y donner corps et âme. Pour développer son talent de leadership, préconise-t-elle, il suffit d’avoir une bonne éducation, d’être entouré de bonnes personnes et de dégager des vibrations positives.
Une vie d’obstacles…surmontés
Les difficultés sont inhérentes à toute aventure. Pulchérie Gbèmènou n’a pas échappé à cette règle. Dans son parcours professionnel, elle a rencontré des difficultés à l’instar de tout travailleur. Elle est très souvent confrontée à des problèmes d’incompréhension et victime du sadisme de certaines personnes. « Quand vous êtes femme leader, il y a des gens qui ne vous comprennent pas. Ils sont prêts à vous mettre les bâtons dans les roues. Ils vont même jusque dans votre vie privée pour vous faire sortir des choses que vous ne connaissez pas de vous-même. C’est une réalité difficile », déplore-t-elle. Le chemin pour elle est parsemé d’embûches. Mais elle s’est armée du courage, de détermination et s’est donnée des outils nécessaires pour faire face à « ces goulots d’étranglements inhérents à toute évolution ». Avec ces atouts et bagages, elle a aussi bénéficié de l’accompagnement de ses ainés. « Beaucoup de femmes professionnelles des médias ont influencé ma carrière. La première est feue Annick Balley. La nouvelle de son décès m’a beaucoup affectée », compatit-elle. L’illustre disparue, était pour elle un modèle à suivre. « Moi, je me rappelle bien de comment elle faisait le journal quand j’étais encore au cours primaire. Je mettais un miroir devant moi, j’écrivais un petit texte que je présente en simulation. J’ai eu après la chance de la rencontrer pour la première fois quand j’étais en stage. Je lui ai confessé mon désir de lui ressembler », a-t-elle confessé en citant Clémentine Lokonon, la première Coordonnatrice de la Cfu, Hyacinthe Koudhorot ancienne vice-coordonnatrice de la Cfu et Corol Gandonou, ancienne Directrice de radio Wêkê comme ses repères.
Déterminée et professionnelle dans ses réalisations
Sa nomination en tant que directrice de Radio Wèkè a marqué un tournant majeur pour la station, propulsant sa notoriété et son impact à de nouveaux sommets. Son approche empathique et inclusive a permis à Radio Wèkè de se démarquer en tant que plateforme médiatique engagée, mettant en lumière les questions cruciales de la société et offrant une tribune aux voix trop souvent ignorées. Pulchérie a su transformer les défis en opportunités, faisant de Radio Wèkè un phare de la diversité et de l’inclusion dans le paysage radiophonique. Au-delà de ses responsabilités de gestionnaire, Pulchérie demeure profondément investie dans la mission de Radio Wèkè de donner la parole aux voix marginalisées. Son sens de leadership l’a hissé au rang de la coordonnatrice de la Cellule des Femmes de l’Union des Professionnels des Médias du Bénin (Cfu) en 2017. Elle est élue par la suite, seule femme dans le bureau de l’Observatoire de la déontologie de l’éthique dans les médias (Odem) 9ème mandature, installé le vendredi 17 mars 2023. En tant que leader, Pulchérie Gbèmènou inspire non seulement par ses réalisations professionnelles, mais aussi par sa vision d’un monde où le leadership féminin est célébré et valorisé. Son héritage est celui d’une femme qui a ouvert la voie à d’autres, démontrant que le leadership féminin est non seulement possible, mais essentiel pour un avenir plus juste et équitable. Très optimiste, elle voit devant elle un avenir pour les femmes des médias. « J’estime qu’au cours de ces dernières années, la situation de la femme des médias a évolué de façon quantitative. Aujourd’hui quand on parle d’une activité qui va réunir une trentaine de femmes, on en trouve facilement. Ce qui n’était pas le cas dans les années antérieures. Un travail a été fait mais il faut encore corser. Mais je crois que l’avenir de leadership féminin a de beaux jours devant lui et les acteurs sont appelés à s’armer lourdement. », témoigne-t-elle.
Estelle Vodounnou (Coll)