Il s’entretient depuis quelques jours une fausse polémique relative à la lutte contre la corruption sous la rupture. Pour les auteurs, la persistance des cas de corruption en dépit de la création de la Cour de repression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), serait un échec. Cette analyse n’est pas du tout juste.
Parvenir à éradiquer la corruption dans un pays où le mal est profondément ancré dans les habitudes, n’est pas chose aisée. Le Bénin incarne ce genre de nation, où dans un passé encore récent, la corruption est pratiquement érigée en mode de gouvernance. Un système de pillage systématique et de détournement des deniers publics est organisé au sommet de l’Etat par des responsables dont certains, bien qu’ayant été mis en cause par des audits, n’ont jamais été inquiétés. Au contraire, ceux-ci sont célébrés par les populations en raison des faveurs qu’ils leur font. Chercher à être intègre était l’exception. Celui qui joue au saint et n’entre pas dans le système de corruption, est considéré comme un ennemi et devient la risée de ses pairs. La promotion à un poste de responsabilité était comme une délivrance pour le bénéficiaires et les siens. Cela donnait parfois lieu à des célébrations grandioses. Ces attitudes sont symptomatiques de notre grand niveau de sous-développement. Pour enrayer cette perception erronée des choses, il faudra agir sur les mentalités. Celui qui devra provoquer le déclic, est censé faire preuve de beaucoup de courage et de témérité. De même, au regard du niveau avancé des fausses convictions forgées dans les mentalités collectives, le dirigeant qui fait un choix raisonné de lutte contre la corruption, aura fait l’option d’être impopulaire. Il ne saurait en être autrement vu que cette lutte va inéluctablement bousculer des intérêts.
Une véritable guerre de clans
Les détracteurs de la lutte acharnée que mène le Chef de l’Etat contre la corruption et l’impunité depuis 2016, sont pour la plupart du temps, des personnalités et autres politiciens qui ont longtemps mis à genoux le pays. La plupart de ceux-ci ont déjà fait leurs preuves à divers postes de responsabilité. Curieusement, ce sont ces gens qui tirent à boulets rouges sur la gouvernance actuelle pour la seule raison que le système mis en place ne leur permet plus de se la couler douce au détriment du bas peuple qui croupit sous le poids de la pauvreté. Même si certains citoyens sont toujours emballés par le discours des détracteurs de Patrice Talon et de son gouvernement, la majorité des populations perçoivent de plus en plus le sens du combat qui est mené par le Chef de l’Etat. Le volume des réalisations opérées au cours du premier quinquennat reste largement illustratif de ce dont sont capables certains de nos anciens chefs d’Etat en cinq ans de gestion, mais qui malheureusement ont enfoncé davantage le pays dans la pègre et le sous-développement. Aujourd’hui, la page de la mauvaise gouvernance semble résolument tournée au profit d’une gestion efficiente et rationnelle des affaires publiques. Les ressources publiques sont véritablement affectées à la satisfaction des besoins publics et collectifs plutôt que de remplir une seule poche pour faire le bonheur d’un individu.
La Criet, l’instrument qu’il fallait
Depuis sa création en juillet 2018, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a déjà connu plusieurs dizaines de dossiers de corruption, de crimes économiques et autres infractions connexes. Avant l’avènement de cette juridiction spéciale, aucun organe ni dispositif légal, n’a véritablement dissuadé les auteurs des actes de prévarication et de détournement des deniers publics. Au regard des dossiers qui sont déférés devant la Criet et les peines exemplaires prononcées contre les mis en cause, la juridiction spéciale provoque une ‘’ crainte collective’’ au sein de la société. La peur d’être déféré devant elle est déjà un gage de conscientisation individuelle et collective. Le fait que la juridiction soit perçue comme une machine à broyer les fossoyeurs de l’économie nationale fait déjà d’elle, un instrument qui permet à tout individu appelé à un poste de responsabilité, de bien mesurer la portée de ses actes avant de les poser. Ce réflexe reste déjà un gage de bonne gouvernance qui mérite d’être salué. Même si d’aucuns la considèrent à tort comme un instrument de terreur ou une juridiction dirigée contre les opposants au régime, l’essentiel est qu’elle contribue efficacement à enrayer des habitudes, le sempiternel fléau de la corruption, un phénomène qui a longtemps retardé l’essor socioéconomique du pays. La polémique tendant à remettre en cause son efficacité témoigne de ce que cette juridiction fait verticalement peur aux ennemis du développement. Au regard des résultats atteints depuis sa création, il ne fait l’ombre d’un doute que la lutte contre la corruption a de beaux jours devant elle avec la Criet.
Gabin Goubiyi