Le Cadre d’outillage de la jeunesse à l’engagement et au militantisme citoyens (Cojem-Citoyens) n’a pas passé sous silence la célébration, vendredi 15 septembre 2023, de la Journée internationale de la démocratie. L’organisation de la société civile a saisi cette occasion pour organiser un panel sur la préservation des acquis de développement avec en toile de fond, l’épineuse question du septennat unique.
A l’heure où des cas de remise en cause de l’ordre constitutionnel via les coups d’Etat militaire sont de plus en plus récurrents, la question de la démocratie est plus que jamais d’actualité. Comment se porte la démocratie en Afrique, précisément au Bénin ? Sur cette question inaugurale du panel organisé par le Cadre d’outillage de la jeunesse à l’engagement et au militantisme citoyens (Cojem-Citoyens) sous la houlette de son Coordonnateur Adé Fidégnon Agbowaï, les avis sont partagés entre les panelistes. Pour Wuldath Mama, politiste et auteure, la démocratie est de plus en plus éprouvée sur le continent africain. Elle est en proie à une décroissance avec la recrudescence des coups d’Etats. L’expert en gouvernance Joël Atayi Guèdégbé estime pour sa part que l’Afrique est au creux de la vague. Il a manqué son adhésion à la démocratie. Il n’en veut pour preuve que les élections mal organisées sur le continent sur fond de fraudes massives, la gestion calamiteuse des ressources qui sont autant de travers qui font dire à nombre d’observateurs que l’Afrique reste un mauvais élève en matière de démocratie. Comme thérapie, il propose une revue d’un certain nombre d’indicateurs. Le socio-anthropologue Dodji Amouzouvi s’est voulu péremptoire sur la question. Se détachant du discours « politiquement correct » qu’il taxe d’être teinté d’une certaine hypocrisie, il s’est voulu péremptoire sur la question. Pour lui, la démocratie n’existe. Elle reste plutôt un idéal étant donné qu’aucun pays, même ceux qui passent prétendument pour des modèles en la matière, ne respectent pas de façon stricte, les 14 principes universels de la démocratie. « Travaillons à l’avoir » propose le professeur pour qui les modèles de démocratie « prêt à porter » ne conviennent pas à l’Afrique.
Quid du septennat unique ?
Sur la question du septennat unique, les avis ne sont guère uniformes entre les panelistes. Joël Atayi Guèdégbé pense qu’il n’y a pas de corrélation étanche entre la préservation des acquis de développement et le système politique. Subséquemment, poursuit-il, le septennat unique ne saurait être perçu d’office comme la meilleure option pour préserver les acquis de développement. Opinion en partie partagée par le professeur Dodji Amouzouvi qui estime qu’au-delà de la question du septennat unique, il faudra travailler à impulser une dynamique de consolidation des acquis de développement. Pour ce faire, développe-t-il, il faut avoir des orientations générales, des repères nationaux à imposer au chef de l’Etat. Ce qui éviterait au pays de s’enliser dans une spirale d’éternel recommencement. Selon Wuldath Mama, l’idée de septennat unique pourrait paraître intéressante à certains égards. Cette idée, soutient-elle, a le mérite de circonscrire le chef de l’Etat dans une dynamique de réussite de son mandat. Le président élu a les coudées franches pour travailler au développement du pays vu qu’il n’est pas dans la perspective d’un second mandat. Pour Adé Fidégnon Agbowaï, le Coordonnateur du Cojem-Citoyens, cette initiative vise à crever l’abcès, ouvrir le débat au regard du contexte sous régional. Selon le Cojem-Citoyens, il faut travailler à des institutions fortes comme socle à la préservation des acquis de développement, terreau à l’option de la limitation des mandats.
Gabin Goubiyi