Le duo du parti « Les démocrates » ne participera pas à l’élection présidentielle de 2026. La dernière carte sur laquelle comptaient le président Yayi Boni et les siens, la Cour constitutionnelle, s’est déclarée incompétente, jeudi 23 octobre 2025 sur le recours formé contre le président du Tribunal de première instance de première classe de Cotonou. Une décision qui met un terme au rêve de plusieurs années de combat politique : provoquer l’alternance au sommet de l’Etat pour succéder à Patrice Talon.
Alea jacta est. Renaud Agbodjo-Jude Lodjou, duo du parti « Les démocrates » ne sera pas dans les starting-blocks pour la Présidentielle d’avril 2026. La Cour constitutionnelle sur qui les derniers espoirs étaient fondés s’est déclarée incompétente à travers la décision EP 25-006 du 23 octobre 2025. En effet, les sieurs Chabi Sika Abdel Kamar Ouassagari, Antonin Midofi Hounga et Souley Malam Moucouré Boko avaient saisi l’institution pour contester la constitutionnalité de l’ordonnance n°288/2025, rendue par le Tribunal de première instance de première classe de Cotonou ordonnant au président Yayi Boni et au parti « Les démocrates » de restituer au député Michel Sodjinou, le formulaire nominatif de parrainage qui lui a été délivré par la Commission électorale nationale autonome (Céna) et enjoignant au président de la Céna d’invalider le premier formulaire de parrainage délivré à Michel Sodjinou et de lui en délivrer un nouveau, en cas de résistance de Yayi Boni, es-qualités président du parti « Les démocrates ». En plénière hier, les Sages, se basant sur le Code électoral, la Constitution et les lois organiques en vigueur, se sont déclarés incompétents pour connaître de ces recours. La conséquence directe de cette décision est que le rêve de participer à la prochaine Présidentielle est définitivement brisé. Un peu avant cette décision de la Cour, la Commission électorale nationale autonome (Céna) avait déjà donné le ton. Le président Sacca Lafia a officialisé la liste provisoire des duos retenus pour la grand-messe électorale dans la journée d’hier. Comme on pouvait s’y attendre, trois dossiers de candidature dont celui du duo du parti « Les démocrates » ont été rejetés pour incomplétude. Seuls les duos Romuald Wadagni-Mariam Chabi Talata de la mouvance présidentielle puis Paul Hounkpè-Rock Hounwanou du parti d’opposition Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) ont pu tirer leur épingle du jeu. Ils sont passés dans le tamis et attendent impatiemment la publication de la liste définitive pour se tourner résolument vers le scrutin. Sauf revirement de dernière minute, il n’y aura plus de changement même si un moratoire de 48 heures est accordé par la Céna pour saisir éventuellement la juridiction compétente au cas où un duo voudrait encore contester la liste provisoire. Les carottes étant presque cuites, il ne reste pour « Les démocrates » qu’à prendre le rendez-vous des Communales et des Législatives de janvier 2026. A ce niveau, il faudra encore que le parti se réveille tôt pour déposer des dossiers exempts de tout reproche.
Abdourhamane Touré
Les fondements juridiques de la décision de la Cour
De l’avis d’un éminent juriste contacté par la rédaction de Le Matinal, la décision de la Cour constitutionnelle ne manque pas de pertinence. Pour l’homme de droit, en déclarant son incompétence, la Haute juridiction a purement et simplement estimé que le dossier ne relève pas de son ressort. En clair, il s’infère de cette décision que l’affaire querellée ne relève pas du contentieux électoral. A la question de savoir quand est-ce qu’on pourrait évoquer le contentieux électoral, le spécialiste de droit a exposé qu’il s’ouvre dès que le dossier de candidature est déposé à la Commission électorale nationale autonome (Céna) et que son étude est amorcée. Pour le juriste, le débat dont s’agit a commencé entre des particuliers, fussent-ils des potentiels parrains, qui ne sont pas encore rendus à la Céna pour y accomplir la formalité de dépôt de leur liste. Dès lors, on considère cela comme une affaire judiciaire privée, d’où la compétence du juge de droit commun. La seule voie qui s’ouvre désormais au parti Les démocrates désormais est celle de saisir la Cour suprême relativement à l’arrêt rendu par la Cour d’appel les ayant déboutés de leurs prétentions dans l’affaire Sodjinou.
Gabin Goubiyi


















