L’ancien directeur général de la Police nationale, Louis Philippe Houndégnon, et son neveu ont comparu à nouveau, le lundi 20 octobre 2025, devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), pour la suite de leur procès en appel. Selon Banouto, la défense a plaidé à cette occasion, la compétence de la juridiction spéciale à connaître du dossier.
Les deux prévenus sont poursuivis par le parquet spécial pour « harcèlement par le biais d’une communication électronique et incitation à la rébellion », ainsi que pour complicité de ces faits. En première instance, le juge avait déclaré la Cour incompétente, estimant que les faits reprochés étaient de nature criminelle. Les mis en cause ont donc interjeté appel de cette décision. À la barre, Louis Philippe Houndégnon a soulevé plusieurs exceptions, reprises dans les plaidoiries de ses avocats, Me Fidèle Abouta et Me François Kèkè. Selon Me Abouta, la décision d’incompétence rendue en première instance s’appuie uniquement sur une conversation entre Houndégnon et l’ancien ministre Moudjaïdou Soumanou, sans autre élément de preuve. L’avocat a rappelé que, d’après le dossier, son client aurait échangé par téléphone et via WhatsApp avec l’ancien ministre, mais qu’un seul extrait de conversation a été versé aux débats. Il reproche au juge d’avoir déduit de cette seule phrase, où Houndégnon aurait répondu « J’étais contre » à une déclaration de Soumanou évoquant des tentatives d’assassinat, une implication dans un « escadron de la mort » sous le régime de Boni Yayi. Pour la défense, cette interprétation est erronée : l’ancien patron de la Police voulait dire qu’il s’opposait à toute forme de violence ou d’assassinat. Me Abouta a par ailleurs rappelé que le dossier porte sur des faits purement délictueux, liés au harcèlement électronique et à l’incitation à la rébellion. Il estime que le juge de première instance a violé le principe du contradictoire en requalifiant les faits sans débat préalable. « C’est un dossier purement délictuel. La chambre des appels est donc compétente pour en connaître », a-t-il plaidé. Son confrère Me François Kèkè a, de son côté, contesté la régularité du mandat de dépôt émis contre l’ancien chef de la Police et son neveu. Selon lui, le mandat a été signé à 13h par le parquet spécial, alors que Houndégnon se trouvait encore à la Brigade criminelle. L’avocat y voit une irrégularité substantielle : « Le mandat est erroné. Et le faux corrompt tout, c’est élémentaire en droit », a-t-il déclaré, demandant au juge d’en constater la nullité et d’ordonner la libération de son client.
Le parquet maintient ses réquisitions
Pour sa part, le ministère public a maintenu les réquisitions de première instance, à savoir deux ans de prison ferme et deux millions de francs Cfa d’amende contre Louis Philippe Houndégnon, et une relaxe au bénéfice du doute pour son neveu. À l’issue des débats, la Cour a mis le dossier en délibéré pour le 1er décembre 2025.
Léonce Adjévi



















