Le gouvernement béninois a dissipé les inquiétudes du Département d’Etat américain relatives à l’instrumentalisation de la Justice par le politique. Au cours de sa séance de question d’actualité du mercredi 15 décembre 2021, Wilfried Léandre Houngbédji estime que les décisions rendues par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) ne souffrent d’aucune manipulation.
Aucune main invisible n’a manipulé les dernières audiences de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). C’est du moins ce que l’on peut retenir de la position du gouvernement béninois face aux inquiétudes du Département d’Etat américain soupçonnant l’ingérence de la politique dans le judiciaire. En effet, lors de son point de presse hebdomadaire du Conseil des ministres, Wilfried Léandre Houngbédji a fait savoir que les procès intervenus la semaine dernière sont du ressort de la Criet. C’est pourquoi la juridiction s’en est occupée. Il estime que les dernières audiences de la Cour sont la preuve que les institutions jouent leurs rôles étant entendu que « nous sommes en régime de séparation des pouvoirs ». Pour lui, la Justice a fonctionné comme cela se doit et les décisions ont été rendues comme il sied de les rendre. Ce qui aurait étonné la partie américaine, fait-il observer, aurait été de voir le gouvernement faire des injonctions ou intervenir intempestivement dans le déroulement des procès. « Or, en l’espèce, le gouvernement a tâché de jouer sa partition de façon scrupuleuse. Laquelle partition consiste à créer les conditions de la tenue d’un procès équitable pour les personnes mises en cause. Le procès a été public et ouvert aux gens d’ici comme d’ailleurs. Les accusés ont eu le loisir de se faire défendre par des avocats de leur choix, de soumettre leurs arguments à la Cour qui également a entendu les réquisitions du Procureur spécial. Lesquelles réquisitions à charge et à décharge renseignent sur la nature des faits reprochés à l’un et à l’autre. Et c’est à l’aune du contenu de ces réquisitions associées aux plaidoiries des différents avocats des mis en cause ajoutées par ailleurs aux déclarations des intéressés eux-mêmes devant la Cour que la Criet a rendu les décisions sanctionnant le procès des deux personnalités », a expliqué le porte-parole du gouvernement. Selon lui, le gouvernement américain s’est toujours préoccupé dans le monde et en Afrique en particulier de l’inexistence d’institutions fortes. « C’est la ligne de conduite prônée par Barak Obama dont l’actuel président des Etats-Unis a été le vice-président », a déclaré le porte-parole du gouvernement.
La Criet pour arrêter la saignée
Dans ses explications, il a avancé que pendant de longues années, l’impunité et la mal gouvernance ont été des sujets d’actualité au Bénin à telle enseigne qu’à tous égards, l’on peut dire qu’avant 2016 la pagaille s’est installée dans le pays. « C’est pour cela que des réformes hardies ont été engagées à partir de 2016, conformément au programme que le candidat Patrice Talon a proposé à ses compatriotes. Et au cœur de ce programme, des réformes d’ordres politique, administratif et institutionnel avec en point de mire, la réorganisation en vue du bon fonctionnement de la Justice. Depuis la mise en place de la Criet, précise-t-il, un coup d’accélérateur a été donné à la lutte contre la corruption en général, et à la lutte contre les infractions économiques et le terrorisme en particulier. « Le chef de l’Etat attache du prix à la démocratie et à l’Etat de droit. C’est pour cette raison que le Programme d’actions du gouvernement 2021-2026 adopté par le Conseil des ministres est porté par trois piliers à savoir : renforcer la démocratie, l’Etat de droit et la bonne gouvernance, poursuivre la transformation structurelle de l’économie et poursuivre l’amélioration du bien-être social des populations », a-t-il conclu.
Odi I. Aïtchédji