Deuxième pourvoyeuse de recette d’exportation après le coton, les noix de cajou du Bénin attirent les investisseurs et plusieurs industries envisagent de s’implanter dans le pays. Dès 2024, la totalité de la production nationale de noix de cajou sera transformée sur place. Tel est l’objectif du président Talon. L’exportation de noix de cajou brut sera interdite à compter du mois d’avril 2024. La production nationale est en pleine croissance, mais les défis sont nombreux.
Avec une production estimée à 203.844 tonnes au cours de la campagne 2023-2024 et une capacité de transformation de plus 40.000 tonnes l’an et 20.000 tonnes transformées à l Zone industrielle de Glo-Djibé, selon Létondji Béhéton Directeur Général de la Société d’Investissements et de Promotion de l’Industrie (Sipi Bénin), le cajou béninois est très apprécié et capte l’attention. Lancée le 8 mars 2024, la campagne de commercialisation de la noix de cajou est actuellement en cours. Les producteurs, les acheteurs et les exportateurs de noix brute de cajou autorisés par le ministère de l’industrie et du commerce sont sur le terrain. Le prix d’achat au niveau des producteurs varie entre 325 et 410 FCFA le kilogramme. Dans la partie septentrionale du pays, la situation est identique. A en croire un acteur du secteur qui a requis l’anonymat, le prix oscille entre 300, 350 voire 400 FCFA dans les villages qui font frontière avec le Togo. Moins de trois producteurs d’anacarde sur cent utilisent de fertilisants dans les plantations. Parmi ceux qui l’utilisent, les types de fertilisants rencontrés sont : les fertilisants chimiques avec 88,52% et les engrais organiques à hauteur de 15,57%. Notons que ces fertilisants ne sont pas directement appliqués à l’anacardier mais plutôt aux cultures mixtes. L’opération culturale la plus courante est le désherbage pratiqué par plus de quatre producteurs sur cinq. Le labour (40,27%), l’élagage (39,58%), les éclaircies (19,20%) sont les autres opérations culturales les plus pratiquées sur les plantations d’anacarde. Les producteurs adoptent plusieurs techniques de séchage de noix simultanément. Un peu plus de la moitié des producteurs (51,17 %) font un séchage au sol, 38,85% utilisent des bâches et 30,92 % font sécher les récoltes sur des sols cimentés. Les récoltes sont généralement faites par ramassage des noix tombées des arbres (96,37%) et stockées dans les habitats en attente de commercialisation par plus de neuf producteurs sur 10. En ce qui concerne les matériels de stockage, plus de sept producteurs sur 10 utilisent les sacs de polypropylène communément appelés sacs en plastique, un quart d’entre eux utilisent des sacs de jute et 10% des paniers et/ou bols.
Transformation de la noix de cajou
L’autre maillon en pleine mutation de la filière est la transformation. Selon les données du Conseil national des transformateurs de cajou (Cntc), sur une capacité installée d’environ 65 000 tonnes pour la transformation des noix de cajou (14 unités de transformation dont 3 non fonctionnelles entre 2022 et 2023 pour la transformation des noix de cajou), 19 100 tonnes et 26 035 tonnes ont été transformées respectivement en 2022 et en 2023. A ces unités, s’ajoutent celles installées au niveau de la Gdiz pour la transformation des noix de cajou dont les capacités sont de 120 000 tonnes par an et qui ont transformé 57 000 tonnes de noix de cajou au titre de la campagne 2022-2023 selon les données de la Société d’Investissement et de la Promotion de l’Industrie (SIPI). Par ailleurs, les unités de transformation des pommes en jus existent dans le pays (25 unités en 2022 et 2023) et qui ont permis de transformer respectivement 225 tonnes et 250 tonnes de pommes en 450 000 et 500 000 bouteilles de 25 cl respectivement en 2022 et 2023 selon la Cntc. Au niveau de la Gdiz, 1200 tonnes d’amandes transformées ont été exportées selon la Sipi. Le processus de transformation des noix de cajou pour la consommation ou l’exportation commence après l’achat, le tri et le calibrage des graines. « Quand c’est au niveau des usines, les amandes sont mises dans les emballages vides, en sachet dans les cartons pour l’exportation. Au niveau de la transformation artisanale avec les femmes qui le font manuellement après l’étape de tri et classification. Elles peuvent faire des amandes salées et des amandes beurrées et ces dernières sont conditionnées dans les bouteilles ou des papiers en format de 250g et des emballages de 500g. La filière anacarde est donc une filière qui a inéluctablement une valeur ajoutée en raison de sa capacité de contribution à la création d’emploi. Le cajou béninois est très apprécié sur le marché local. Les acteurs de la chaîne de valeur en tirent d’énormes profits. Le marché d’écoulement reste et demeure le marché local. La bouteille se vend à 4000 FCfa en gros à partir de 10 litres et 5000 FCfa la bouteille en détail. La filière cajou est une filière rentable et en pleine croissance renseigne la Direction de la statistique agricole dans le document intitulé l’anacarde au Bénin, une filière en pleine mutation.
Meilleure organisation de la filière
Pour profiter davantage de la filière, il faut une meilleure organisation. La mesure d’interdiction d’exportation des noix de cajou cadre bien avec cette logique des gouvernants. Grégoire Amoussou, expert en intelligence économique trouve que la transformation sur place des noix d’anacarde génère des devises étrangères à l’économie nationale, stimule la productivité en introduisant dans notre pays de nouvelles techniques de production, crée des emplois nouveaux, rehausse les compétences de la main d’œuvre locale et favorise l’économie formelle, l’innovation et le transfert de technologie au profit du pays. La filière joue alors un rôle important dans l’économie du pays. « La filière anacarde se porte très bien aujourd’hui. Nous sommes environ 81000 producteurs et productrices dont 21314 femmes. La filière est en augmentation jusqu’en 2023. Nous sommes à 260.000 tonnes l’année passée. Pour la production de la Fédération nationale des producteurs d’anacarde du Bénin (Fenapab) nous sommes à 117.000 tonnes. La filière permet d’avoir des usines à la zone industrielle de Glo-Djigbé et les anciennes usines qui sont dans le pays. Les partenaires techniques et financiers appuient les producteurs d’anacarde du Bénin et les produits sont vendus vers la France, la Chine. Aujourd’hui, il y a le marché du Togo qui fait la concurrence. Le système de vente à la Fenapab est la vente groupée. Tous les producteurs rassemblent leurs produits au niveau d’un magasin, on fait des pesés pour voir la qualité et le client identifie, paie et prend ses produits. Malheureusement le prix a fait que notre dispositif marche plus correctement », a indiqué Shahadatou Atta, présidente de la Fédération des producteurs d’anacarde du Bénin qui a reconnu le mérite au président Patrice Talon et son gouvernement pour tous les efforts consentis pour le rayonnement de l’agriculture béninoise.
Sergino Lokossou