Canal + marque pour une énième fois son engagement pour le cinéma. Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des droits de la femme et en collaboration avec Canal Olympia Wologuèdè, une projection gratuite du film « Lingui, les liens sacrés » réalisé par le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun a été organisée le mercredi 16 mars 2022 à Cotonou. C’était au cours d’un Cinema store class qui a rassemblé des cinéphiles, des étudiants en cinématographie (Réalisation, Production, Actorat) et des associations qui luttent contre les inégalités de genre.
Grande soirée de cinéma à Canal Olympia Wologuèdè le mercredi 16 mars 2022. Le mois de mars étant dédié à la femme, Canal+ Bénin a initié en collaboration Canal Olympia Wologuèdè, un Cinéma store class. Il s’agit de la projection gratuite d’un film qui incarne les valeurs de la femme à l’endroit des amoureux du 7ème art, des étudiants en cinématographie et des associations qui œuvrent pour la préservation des droits des femmes dont le Réseau ouest africain des jeunes femmes leaders (Roajelf). La séance de visionnage et d’échanges cinématographique s’est déroulée autour du film « Lingui, les liens sacrés ». Pendant environ une heure trente minutes, les invités n’ont pas regretté d’avoir effectué de la salle de projection de Canal Olympia. Ils ont suivi de bout en bout l’œuvre qui était en compétition à l’édition 2021 du Festival de Cannes. Ode à la solidarité, l’entraide entre les communautés, « Lingui, les liens sacrés » est écrit et réalisé par le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun. Le chef d’œuvre illustre parfaitement la résilience des sociétés confrontées à des réalités assez dures. Il traite de multiples situations d’inégalités et de discrimination dont sont victimes les femmes et les filles. Les violences sexistes et sexuelles, la mono parentalité, les grossesses précoces, les droits de reproduction sont des thématiques poignantes qui ont une part belle dans cette œuvre cinématographique qui est un outil d’éducation pour les communautés.
Présente à la projection, l’actrice principale du film, la Tchadienne Achouackh Abakar Souleymane, a plongé l’assistance dans les méandres du film avec le rôle de mère de Maria qu’elle a joué. Elle a témoigné sa reconnaissance à Canal+ et à Canal Olympia Wologuèdè pour cette opportunité donnée à la jeunesse béninoise de suivre ce film plein d’enseignements et d’éducation. Elle souhaite que « Lingui » soit un outil d’enseignement et fasse le tour des centres de formation pour éduquer et sensibiliser les filles d’aujourd’hui et femmes de demain.
Pour la responsable communication de Canal+ Bénin, Barnes Pemen Vidjannagni, le groupe français de télévision au Bénin a décidé de marquer cette année, la Journée internationale des droits de la femme pas seulement le 8 mars, mais durant tout le mois de mars et tous les mois de l’année. « Canal+ est engagée pour l’égalité des femmes béninoises et du monde. Nous avons mis en place ce programme avec Canal Olympia afin de soutenir une fois encore le cinéma africain et de montrer en exemple à nos jeunes étudiants en cinématographie et audiovisuel, tout ce qui touche au cinéma afin de leur permettre de se préparer pour devenir des réalisateurs et réalisatrices », a fait savoir la patronne de la communication de Canal+ Bénin. Selon elle, la Journée internationale des droits des femmes est aussi mais surtout un vibrant manifeste et un rappel de la nécessité ferme de changement de paradigme sociétal à l’égard des femmes mais aussi des jeunes filles qui plus tard deviendront des femmes. La pertinence de commencer par les jeunes filles est liée à leur développement, leur transformation sociétale et enfin leur conditionnement cognitif. C’est donc essentiellement un moment d’introspection et de prise de responsabilités sociétales supplémentaires dans un monde où la question du genre est devenue centrale et primordiale pour garantir une équité sociale durable. Revenant sur le film « Lingui », elle dira que c’est une leçon de vie, de tolérance, une œuvre forte qui invite à l’introspection et à l’éducation.
La responsable de salle Canal Olympia Wologuèdè, Floriane Déguénon, quant à elle, s’est réjouie de la collaboration avec Canal+ Bénin pour cette projection au grand bonheur des femmes. A l’en croire, le titre du film est d’une thématique qui particulièrement qui tient à cœur Canal Olympia. « C’est la raison pour laquelle nous avons voulu organiser cette séance en collaboration avec Canal+ », a-t-elle laissé entendre avant d’ajouter : « Ensemble, nous travaillons à créer un creuset d’échanges pertinents et impactants afin d’adresser les maux qui nous affectent tous mais les femmes en particulier ».
« Ce film n’est pas pour faire l’apologie de l’avortement… »
Le réalisateur Mahamat-Saleh Haroun, intervenant depuis Paris, s’est dit heureux de voir son film en projection à Cotonou malgré qu’il ne connaisse pas la ville. Il a tenu à apporter une précision importante sur d’éventuelles idées préconçues que l’on pourrait avoir sur le film après l’avoir visualisé. « Ce film n’est pas pour faire l’apologie de l’avortement. Ceux qui le pensent, pensent faux parce que quand on réalise un film où il y a de la vengeance par exemple, cela ne veut pas dire qu’il faut prendre son arme et aller se venger. Ce que j’ai essayé de montrer, c’est comment une femme dans sa vie où il est interdit de pratiquer l’avortement, une mère et sa fille, essaient de trouver une solution à ce problème qui s’est posé à elles », a-t-il confié. Le film « Lingui, les liens sacrés » est à retrouver dans toutes les salles Canal Olympia en Afrique à partir de ce vendredi 18 mars 2022.
Quelques impressions sur le film
Samson Adjaho, réalisateur béninois : « « Lingui » est un chef d’œuvre »
« J’ai beaucoup aimé ce film du réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun que je suis depuis quelques années à cause de son approche très épurée de faire un cinéma sans effets spéciaux et musique qui souvent viennent gonfler les lacunes des films. J’aime bien son approche de film d’auteur où il fait la chirurgie des problèmes qui minent son pays et l’Afrique en mettant en avant des personnages principaux qui sont banals, qui vivent au quotidien des situations plus ou moins triviales qu’ils doivent affronter. Lorsqu’ils les apportent à l’écran, vous vous rendez compte de combien c’est difficile, ce que nous vivons au quotidien ou ce que nos voisins, frères, amis, parents etc. vivent au quotidien. C’est ce que moi, j’aime dans ce film « Lingui ». C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai suivi ce film tout comme d’autres grands films de grands réalisateurs qui sont primés à de grands festivals. De ma position de réalisateur, j’étudie beaucoup de films. « Lingui » est un chef d’œuvre parce que lorsque vous abordez la dimension de ce film avec une approche documentaire, il faut qu’il ait une fragilité dans la manière dont l’histoire est racontée mais aussi dans le jeu de l’acteur. C’est pourquoi souvent, dans ces genres de films, l’un des plus grands défis, c’est de pouvoir trouver l’acteur ou l’actrice qui porte le film avec la même fragilité qui se retrouve dans le film. Raison pour laquelle, la plupart des réalisateurs qui abordent ce style, vont chercher des non-professionnels… ».
Lazarine Damando, étudiante en 1ère année de réalisation à Isma : « J’ai beaucoup aimé le film qui parle des réalités de l’Afrique »
« J’ai beaucoup aimé le film qui parle des réalités de l’Afrique. Très souvent quand on entend parler d’avortement, on pense à la mort. Mais avec « Lingui », le réalisateur a pu contourner la mort de Maria, tombée enceinte à l’âge de 15 ans sur les bancs. J’ai beaucoup apprécié cela parce que ce n’était pas son objectif de départ. Il voulait juste montrer comment la femme arrive à prendre en main certaines situations sans penser au drame. Il arrive des situations où la femme prend de la hauteur et arrive à les gérer. C’est vrai que certains vont mal prendre le film en se disant que le réalisateur a cautionné l’avortement mais moi, je me dis qu’il n’est pas question de suivre ce film et dire je peux faire comme Amina et sa fille Maria et avorter aussi. Le réalisateur veut juste montrer que lorsqu’il y a une erreur et qu’on peut la réparer, il faut le faire. C’est ce que je garde du film et je l’ai beaucoup aimé ».
Médessè Agohoundjè, jeune réalisateur : « Un film extraordinaire qui expose les problèmes de la femme »
« J’ai vu à travers « Lingui » que j’ai suivi avec beaucoup d’attention, un film extraordinaire, un film qui expose les problèmes que vit au quotidien, la femme dans la société tchadienne et en Afrique en général par le médium du cinéma. C’est un film que j’ai beaucoup apprécié et on a passé de bons moments. Il s’agit d’un film qui fait partie de la sélection officielle du festival de Cannes en 2021. Après environ une heure trente minutes de projection, on se rend compte que c’est un film qui a mérité de porter vraiment l’Afrique au dernier festival de Cannes. On voit des choix d’acteurs très bien faits avec une mise en scène réussie, la solidarité qu’entretiennent les femmes dans la société africaine, des femmes fortes qui se battent contre leurs problèmes comme le viol, l’excision etc. »