Le gouvernement du président Patrice Talon travaille avec constance dans un social orienté vers la capitalisation de l’être humain. Et dans cette logique, pour ne pas perdre la jeune génération qui se retrouve en face des réalités ruineuses de la sexualité, un projet innovant est conçu pour les accompagner : c’est le projet «Agbazatché. En cette année 2022, il sied de présenter le bilan d’étape de 2020 et de 2022 à travers les réponses de la ministre Véronique Tognifodé, aux journalistes. Lire les réponses de la ministre en 2020.
Quel impact recherchez-vous à travers la campagne « Agbazatché », Madame la ministre ?
Véronique Tognifodé : « Agbazatché » qui veut dire « mon corps », pour les jeunes « mon corps vaut de l’or. Je dois en prendre soin ». Cette campagne est née du constat de toutes ces déviances qui existent en milieu scolaire. Bien sûr des cas de grossesse en milieu scolaire, mais aussi des cas de prise de drogue et d’alcool. Cette campagne permet également de briser le tabou sur la sexualité, car ce qu’on ne dit pas aux enfants, ils iront le chercher dans leur univers : à l’école, auprès des camarades, dans la rue etc…Entre l’école et la maison, il y a la rue.
Cela nous a permis de leur dire tous les risques qu’il y a à avoir une sexualité non responsable; aussi bien les grossesses précoces que les maladies sexuellement transmissibles. Concernant le Vih par exemple, c’est que nous avons une prévalence générale assez stable. Mais ces derniers temps, nous avons une féminisation des nouveaux cas. Ils se retrouvent à 40% dans la jeunesse, chez les adolescentes entre 15 et 24 ans. C’est le moment de les sensibiliser, car beaucoup de leurs actes partent de l’insouciance et une désinformation en plus de l’impact de tout ce qui est internet, téléfilm etc. Et donc, il faut leur apporter la bonne information. Quand nous faisons la sensibilisation, nous leur distribuons des bouts de papier pour qu’ils posent des questions dans l’anonymat et nous leur répondons.
Nous profitons également pour parler du code de l’enfant pour qu’ils puissent aussi avoir les outils pour dénoncer les cas de harcèlement et d’abus. Et enfin, nous parlons aussi avec les parents parce que le dialogue entre les enfants et leurs parents est très important. D’ailleurs, nous pensons que ce n’est que ça qui peut nous sauver de la situation actuelle, l’Etat joue déjà sa partition dans ce sens. Cette campagne de sensibilisation impacte et contribue à l’éveil des consciences. Mais il y a un minimum de vigilance qui est aussi attribué à la cellule familiale.
A vous écouter, vous avez senti la nécessité de vous porter vers ces adolescents pour leur parler. Qu’avez-vous relevé comme préoccupations de leur part ?
Quand ils posent des questions, on sent que c’est tout un monde dans leurs têtes. Et ils ont besoin de réponses précises.
On nous a reproché de leur parler des préservatifs, ce qui pourrait les inciter à la dépravation. Mais pas du tout ! Beaucoup d’entre eux connaissent déjà certaines choses et on ne va pas continuer à être hypocrites avec eux. Il vaut mieux leur donner les informations qu’il faut pour se préserver des difficultés.
On m’a donné l’exemple d’un enfant à qui des dealers faisaient croire que s’il prend de la drogue il pourrait jouer comme Maradona. Quel enfant, qui rêve de devenir footballeur, n’a pas envie de jouer comme Maradona ? C’est comme ça qu’ils détournent, par exemple, certains enfants vers ce fléau-là. Donc, il faut le leur expliquer. Il faut les prévenir. Il faut en parler. Si on n’en parle pas, comment peut-on les prévenir ?
Avez-vous le sentiment qu’ils prennent conscience de vos messages ?
C’est sûr qu’une seule fois, ça ne suffit pas. Mais une seule fois par des Ministres, souvent, ça marque. C’est pour ça que nous descendons parfois à deux. Nous l’avons fait avec le Ministre de l’enseignement secondaire et avec la Ministre de l’enseignement supérieur à l’Uac. Le fait de voir des ministres qui s’expriment sur ces sujets souvent encore tabous, participe à l’éveil de conscience.
Vous allez souvent avec des artistes comédiens et autres.
Tout à fait ! Nous allons souvent avec des artistes parce que ça aussi, c’est un autre canal qui permet de véhiculer le message. Les enfants sont sensibles à leurs prestations.
Par exemple, nous avons des chorégraphes qui exécutent des scènes contre des violences et autres. Ça choque. Mais ça attire l’attention des jeunes sur ce qu’ils doivent éviter. Notre descente avec des jeunes est pour compléter la panoplie de communications pour atteindre leur conscience et espérer un changement de comportement.
Mais lorsque vous avez fini de faire toutes ces descentes en tant que Ministre, Médecin gynécologue et mère d’enfants et que cette affaire de sextape occupe l’actualité dans les écoles, qu’est-ce que vous ressentez ?
Il faut situer simplement les responsabilités. L’Etat joue bien sa partition à travers les campagnes de sensibilisations et autres mais c’est un problème qui concerne tout le monde : les parents d’élèves, les enseignants. Ce problème de sextape est parti, non seulement du vice exprimé mais de la banalisation du vice, avec de la production. On filme avec un téléphone portable et on balance sur les réseaux sociaux. Mais les enfants ont eu les téléphones portables comment ? Ils ont accès à internet comment ? Ils ne gagnent pas leur vie ! Donc, forcément, il faut situer les responsabilités et que chacun reprenne son rôle, autant que possible.
Source: Gouv.bj
(Suite dans la prochaine parution)