(Lire la quintessence de leur audition à la Criet)
A l’audience du mercredi 29 janvier 2025, cinquième jour du procès, et suite au refus des principaux mis en cause de faire leurs dépositions dans l’affaire dite de « Complot contre l’autorité de l’Etat », la présidente de la composition collégiale, Christelle Adonon, a demandé que soit donné lecture, du procès-verbal d’auditions des inculpés Olivier Boko et Oswald Homéky. Dans ses déclarations l’homme d’affaires a catégoriquement rejeté toutes les accusations mises à sa charge et levé un coin de voile sur ses relations avec Talon, Homéky et Niéri.
« Je ne suis ni informé ni mêlé à un projet de coup d’Etat. Je ne peux pas faire un coup d’État à mon propre régime. Je suis fier de son bilan. Talon président, c’est Boko président. Je ne rentrerai jamais dans l’incertitude des coups d’Etat. Tels sont les propos tenus par Olivier Boko lors sa deuxième audition par le juge d’instruction en octobre 2024. Des propos qui sonnent comme un rejet catégorique de l’homme des faits présumés de tentative de coup d’Etat mis à sa charge. Au sujet de sa relation avec l’ancien ministre Oswald Homéky, l’opérateur économique très influent du régime a déclaré ce qui suit : « Je connais Oswald Homéky depuis les années 2014 où j’étais en exil en France avec M. Patrice Talon et c’est ce dernier qui me l’a présenté. Ma relation avec M. Oswald Homéky avant son entrée au gouvernement, consistait en une collaboration pour la conduite de la campagne de Patrice Talon. Pendant qu’il était au gouvernement, je n’ai pas eu de relations particulières avec lui mais j’entretenais avec lui la même relation que j’entretenais avec tous les ministres. Après sa sortie du gouvernement, nos relations ne sont toujours pas particulières. Je n’ai jamais mis pied au domicile de Oswald Homéky et lui non plus ne vient chez moi. Il me rend visite à mon bureau quelques rares fois comme d’autres ministres, députés et hommes politiques du pays. Lorsque nous nous rencontrions, nous discutions du pays et des perspectives. Ce que je sais, c’est que Oswald Homéky et Rock Nieri sont très amis. Son engagement à mes côtés est comme l’engagement de plusieurs autres Béninois qui suscitent ma candidature. Personne n’a entendu que M. Boko s’est prononcé pour dire qu’il est candidat à ci ou à ça. Quant à la suscitation de ma candidature par Monsieur Homéky, il est libre de son opinion Il ne m’appartient pas de lui dire ce qu’il doit faire. Nous ne parlons pas particulièrement de ma candidature étant entendu que je ne me suis pas prononcé sur le sujet. Beaucoup de Béninois me disent : « Vous êtes le meilleur candidat. » Jusqu’aujourd’hui, je n’ai pas encore suivi qui que ce soit. Je voudrais préciser que cette même déclaration de Oswald Homéky peut être ouverte par le colonel Dieudonné Tévoèdjrè. Je ne confirme pas la déclaration de Oswald Homéky, mais c’est sa façon d’interpréter mon silence. Je n’ai pas nommé de coordonnateur d’un quelconque mouvement OB26, étant donné que ce sont des choses qui se font sans moi. Et à partir de ce moment, n’ayant pas nommé de coordonnateur, je ne saurais ni réprimer ni dire à quel montant il est payé. Il existe des milliers de personnes qui se déclarent coordonnateurs de telle ou telle chose dans le pays. Je ne mets aucun franc à la disposition des associations et mouvements. Je n’ai rien commandé et ça n’engage qu’eux. Par rapport à la multiplication des soutiens en ma faveur, pour moi, c’est une attitude normale, connaissant comment se passe la politique dans notre pays et pour avoir été coordonnateur des deux élections du président de la République, M. Patrice Talon, lorsque des gens s’investissent dans les activités, vous n’avez pas à les décourager puisque vous aurez besoin d’eux à un moment ou à un autre, même si vous n’êtes pas candidat. Je suis un leader politique et un leader a besoin de membres pour qu’au moment « M », ils le conduisent quelque part, même s’il n’est pas lui-même candidat. Je ne suis membre d’aucun parti politique. Et selon le Code électoral, ce sont les partis politiques qui désignent les candidats aux élections présidentielles. Je n’ai aucune ambition politique pour 2026. »
Sur les 250 millions en provenance du Togo prétendument remis à Homéky
Olivier Boko a expliqué qu’il ignorait pourquoi la société Porteo avait choisi de le payer depuis le Bénin ou le Togo, mais qu’il savait devoir être payé en espèces. Pour vérifier si la déclaration de devises avait été faite à la Douane togolaise, il aurait dû recevoir l’argent par son beau-frère, Rock Niéri, mais son arrestation dans la nuit du 23 au 24 septembre 2024 l’en a empêché. Ce n’est que devant la commission des instructions qu’il a eu confirmation de l’arrivée des fonds. Il affirme avoir donné pour seule instruction que la somme soit remise à Rock Niéri, puisqu’il n’était pas censé être au Bénin à cette date. Il réfute toute implication dans un envoi d’argent au domicile d’Oswald Homéky, insistant sur le fait qu’il n’a jamais ordonné un tel transfert et ne l’aurait jamais su sans son arrestation.
Pas d’association d’affaires avec Rock Niéri
« Je connais M. Rock Niéri depuis plus de trente ans, il est le grand frère de mon épouse, Sonia Niéri. Il est pour moi comme un petit frère. » Tout en précisant que chacun évolue dans un domaine d’affaires distinct, Olivier Boko affirme : « Nous ne sommes pas associés. » Il reconnaît néanmoins lui apporter un soutien occasionnel en se portant caution pour sa société afin d’obtenir des prêts bancaires. Il insiste : « Rock Niéri ne gère aucune entreprise pour mon compte, ne collecte pas de fonds pour moi et ne me fait aucun don. » À ce titre, il indique n’être caution que pour une seule entreprise, Gtp, à hauteur de 500 millions à 1 milliard de francs Cfa.
Sur le plan politique, il souligne : « Rock Niéri est engagé, je crois qu’il est membre du Bloc républicain. C’est d’ailleurs dans ses bureaux que ce parti a été créé. » Concernant son rôle dans le mouvement OB26, il déclare : « Il n’y a que lui-même qui puisse vous parler de son engagement. » Il évoque des échanges informels sur l’actualité politique et rapporte une anecdote : « Il m’arrive souvent de lui répondre non lorsqu’il me demande si je serai candidat. Sa réponse à lui, en blaguant, est : “Nous allons te faire élire président contre ton gré.” » Enfin, il balaye toute implication officielle dans la gouvernance, martelant : « Je n’ai pas de fonction officielle et, jusqu’à nouvel ordre, je ne suis membre d’aucun parti politique. »
Relations avec Patrice Talon
Concernant sa proximité avec le chef de l’État, Olivier Boko assure : « Nos relations sont les meilleures. » Il rappelle que Patrice Talon lui a personnellement demandé de rentrer de voyage le 23 septembre 2024 au matin pour travailler sur certains dossiers. « Si je n’avais pas été arrêté, j’aurais voyagé avec lui au sommet de la Francophonie le 29 septembre 2024. » À propos des déclarations du président affirmant qu’il ne favoriserait pas ses amis dans sa succession, il se veut clair : « Je ne suis candidat à rien. » Et d’ajouter : « Cette déclaration n’a eu aucun impact sur nos relations, nous continuons de travailler et de voyager ensemble. » Enfin, il précise que cette prise de position avait été discutée entre eux avant même son annonce en décembre 2023.
Gabin Goubiyi