Conformément aux Programmes d’action du gouvernement (2016-2020 et 2021-2026), le Bénin a fait l’option de renforcer son capital humain en développant des projets et programmes structurants en mettant l’égalité des sexes comme une des conditions essentielles de succès. La construction d’un environnement protecteur de la femme béninoise apparaît comme l’une des priorités du gouvernement du président Patrice Talon.
Depuis qu’il a pris les rênes du pays, le président Patrice Talon a engagé des réformes pour améliorer les conditions de vie et de travail des femmes de toutes les catégories socioprofessionnelles. Au plan politique par exemple, des dispositions ont été prises pour garantir une meilleure représentativité des femmes dans les grandes instances de décision comme le parlement. Des projets et programmes sont en cours pour renforcer l’égalité de genre au sein de la société béninoise et réduire de manière considérable la vulnérabilité socio-économique des femmes.
Ces cinq dernières années, le pays a réalisé des avancées qualitatives en matière d’égalité des droits entre les sexes, de promotion et d’autonomisation des femmes. Cela s’est remarqué lors de la révision de la constitution en 2019. À cette occasion, le législateur a indiqué dans l’article 26 alinéa 2 que « la loi peut fixer des dispositions spéciales d’amélioration de la représentation du peuple par les femmes ». Depuis lors, cette sensibilité à la promotion des femmes s’est manifestée à travers les différents politiques, programmes et stratégies adoptés par l’État béninois. Cette disposition de la nouvelle constitution a été actée en 2019 dans le code électoral qui a indiqué en son article 144 que vingt-quatre (24) sièges sont exclusivement réservés aux femmes à l’Assemblée nationale, avec obligation faite aux parties politiques de positionner au moins une femme par circonscription électorale. Ainsi, au terme des dernières élections législatives, le nombre de sièges de femmes députées est passé de 6 à 28, soit une augmentation d’environ 18%1. Cette dynamique a pour socle la vision Bénin-Alafia 2025 inscrite dans le Plan national de développement (Pnd, 2018-2025) qui poursuit le développement du capital humain. La plus grande réforme institutionnelle opérée par le gouvernement pour atteindre ces objectifs est la création en 2021 de l’Institut national de la femme (Inf). Il a, entre autres, pour mission d’œuvrer pour la protection et la promotion de la femme aux plans politique, économique, social, juridique et culturel. L’institut est en outre un instrument de lutte contre toutes formes de discriminations et de violences à l’égard des femmes et des filles. C’est dans cette même veine que le Programme d’action de gouvernement (Pag) 2021-2026 est élaboré. Il se fonde sur les objectifs stratégiques du Plan national de développement 2018-2025, les cibles prioritaires de l’Agenda 20 2030 pour les objectifs de développement durable (Odd) ainsi que les objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Ce programme a prévu des réformes capitales pour la transformation de l’environnement social et économique en vue de « ne laisser personne de côté ». Conformément à ce Programme, le ministère des Affaires sociales et de la microfinance (Masm), est chargé, entre autres, de définir, d’impulser, de conduire, de coordonner la mise en œuvre, de suivre et d’évaluer la politique de l’Etat en matière de promotion de la femme, et d’égalité des chances. A ce titre, au cours de ce quinquennat, le Ministère a conduit successivement : le Projet de promotion du genre et de l’autonomisation des femmes dont l’objectif est de renforcer les appuis de l’Etat aux victimes de Vbg et autonomisation des femmes ; le programme de modernisation des espaces publics de protection sociale et de promotion du genre avec pour objectif d’offrir aux agents du ministère de bonnes conditions de travail et aux usagers de l’administration, notamment les victimes de violences basées sur le genre et autres personnes vulnérables, un bon cadre d’accueil et d’écoute ; le Projet d’autonomisation des femmes et du dividende démographique au sahel (Swedd) qui a pour objectif d’accroître l’autonomisation des femmes et des adolescentes et leur accès à des services de santé reproductive, infantile et maternelle de qualité, et améliorer la production et le partage des connaissances au niveau régional ainsi que la capacité et la coordination régionale. De nombreux autres programmes et projets sont initiés et mis en œuvre directement par les collectivités locales, les organisations de la société civile avec le financement direct des Ptf.
Création de l’Institut national de la femme (Inf)
Afin d’œuvrer à la promotion de la femme et de lutter contre toutes les formes de discrimination et de violences à son égard, l’Institut national de la femme, dans sa nouvelle configuration, a été créé par le décret n°2021-391 du 21 juillet 2021 portant création et approbation des statuts de l’Institut national de la femme. L’organisation et le fonctionnement de l’institut s’articule essentiellement autour de la présidente, de la secrétaire exécutive et des différents pôles. La présidente de l’Institut le représente auprès des autorités publiques et des organisations internationales, pour les questions d’ordre général concernant la promotion du développement économique et sociale de la femme. La Secrétaire exécutive est responsable de l’exécution, de la coordination et de la gestion des activités de l’Institut, dans le respect des orientations fixées par le Conseil d’administration. Elle est le bras technique et opérationnel de l’Institut. L’institut est essentiellement organisé autour de trois principaux pôles à savoir le pôle des affaires juridiques, le pôle assistance aux victimes et le pôle sensibilisation et communication. Au cours de l’année 2024, l’Institut national de la nemme (Inf) a organisé, à travers tout le pays, un dialogue social sur l’élimination des attitudes traditionnelles, coutumières, religieuses et stéréotypées qui perpétuent la violence et les autres formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles, avec les chefs religieux et traditionnels, ainsi que les leaders communautaires. A l’occasion de ces assises, des valeurs culturelles promouvant le statut de la femme ont été identifiées afin qu’elles soient valorisées. Aussi, un appel a-t-il été lancé à ces acteurs pour qu’ils mettent à contribution leur influence pour l’élimination des coutumes et pratiques qui ont une incidence négative sur le statut des femmes.
Les travailleuses domestiques de plus en plus protégées
Le Bénin, dans le cadre de la promotion du genre et de l’égalité des sexes, a adopté depuis 2009 une politique nationale de genre. En application de cette politique, des interventions sont menées pour inciter les hommes à soutenir les femmes dans les soins et travaux domestiques, pour la promotion de la masculinité positive. Pour mieux protéger les travailleuses domestiques ré-énumérées, le salaire minimum interprofessionnel garanti est relevé et passe de quarante mille (40000) à cinquante-deux mille (52 000) francs Cfa et des mesures sont prises pour obliger les employeurs à les déclarer à la Caisse nationale de sécurité sociale. A cet effet, la loi de finance 2024 prévoit l’exonération du versement patronal sur les salaires et une subvention à hauteur d’un milliard par an pour la prise en charge par l’Etat des cotisations sociales des travailleurs domestiques.4 Aussi, la loi n°2021-11 du 20 décembre 2021 portant dispositions spéciales de répression des infractions commises à raison du sexe et de protection de la femme en République du Bénin prévoit-elle des mesures contre le harcèlement en milieu de travail. Dans le cadre de cette lutte et à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes en 2023, l’Inf a organisé une campagne digitale sous le thème : « Unis ! Investir pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles ». L’objectif de cette campagne d’information et de sensibilisation était de mettre l’accent sur l’importance de s’unir et de rester ferme contre toutes les formes de violences et de discriminations. C’était aussi le lieu de rappeler aux femmes et aux filles leurs droits. Aussi, au titre du premier semestre de l’année 2024, l’Inf a-t-il enregistré 46 plaintes relatives au harcèlement sexuel et moral en milieu professionnel. Suite aux procédures judiciaires initiées, des condamnations à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à cinq années ont été obtenues contre les auteurs de ces infractions.
Priorités pour l’avenir
Le gouvernement a adopté en Conseil des ministres le programme national pour l’accélération de l’éducation et du bien-être des filles. Ce programme, d’un montant d’environ 94 milliards de Fcfa, s’étend sur cinq (5) ans et doit renforcer les actions déjà en cours pour fédérer les synergies, avec quelques innovations, pour respecter les engagements du Bénin en faveur de l’éducation des filles. Il vise à améliorer les compétences de ces dernières, en particulier celles non scolarisées, déscolarisées et issues de ménages vulnérables, en vue de leur autonomisation. Le gouvernement a aussi approuvé le document de politique national d’alimentation et de nutrition 2024-2033 qui contribuera à réduire la malnutrition et à concrétiser la vision selon laquelle « à l’horizon 2033, le Bénin est un pays où chaque personne jouit d’une sécurité alimentaire et d’un état nutritionnel optimal ». 29 Ces deux (02) programmes futuristes ont pour but d’accélérer l’atteinte par le Bénin des objectifs du développement durables et de disposer d’un capital humain féminin capable de contribuer au développement du Bénin.
Sergino Lokossou