(« Le chef de l’Etat ne m’a rien demandé », clarifie le député)
La proposition de loi sur la révision de la Constitution est une initiative personnelle. Le président du groupe parlementaire Bloc républicain, le député Assan Séïbou a fait cette clarification à la suite de la polémique consécutive aux propos du chef de l’Etat face à la presse nationale où il se démarquait de toute tentative de retouche de la loi fondamentale.
« Je n’ai pas déposé ni au nom de mon groupe parlementaire ni au nom de mon parti. J’ai déposé en mon nom propre. Et c’est une prérogative constitutionnelle reconnue à un député », a clarifié Assan Séïbou, initiateur de la proposition de loi sur la révision de la Constitution. Une actualité qui polarise le débat et qui, selon certains, cachent des velléités de troisième mandat à l’actuel chef de l’Etat. Sur la question, Patrice Talon s’est prononcé, jeudi 8 février 2024. Face aux journalistes de médias locaux, le chef de l’Etat a officiellement donné sa position sur le sujet. « Je n’ai demandé aucune révision », a notamment martelé le président de la République pour qui, les acteurs politiques qui créent et alimentent la polémique relative à un éventuel troisième mandat sont en panne d’arguments. Pour lui, cette question est définitivement réglée depuis 2019, et il n’y a aucune raison de le suspecter de se maintenir au pouvoir au-delà de 2026. En vue de prouver à ceux qui doutent encore de sa bonne foi, Patrice Talon a déclaré à la face du peuple qu’il ne se mêlerait plus de ce débat et que si cela ne tenait qu’à lui, cette question serait rangée au placard jusqu’à la tenue de la Présidentielle de 2026, quitte à laisser le soin à son successeur, de rouvrir le débat. Cette hostilité de Patrice Talon à toute retouche de la Constitution a fait dire à nombre d’observateurs que le député initiateur de la proposition serait en disgrâce. Et pourtant, Assan Séïbou qui est devenu la risée d’une frange de la population et de certains acteurs politiques, continue d’assumer la paternité de cette proposition de loi qui a le mérite de révéler un pan essentiel de la mission du député. « Ce faisant, pédagogiquement, j’amène le peuple à comprendre ce qu’un député est capable de faire. Un seul député peut mettre cette nation en débat », a indiqué l’élu du peuple pour qui la polémique qui a cours n’a pas sa raison d’être étant donné qu’il avait lui-même déclaré devant micros et caméras que l’initiative de la révision de la Constitution ne vient pas du chef de l’Etat. « Je l’ai dit à la télévision et sur les radios. J’ai dit je suis allé le voir (Patrice Talon, ndlr), il dit « Moi je ne suis pas demandeur ». » Pour Assan Séïbou, cette opposition du Chef de l’Etat n’empêche pas que dès qu’un député remarque qu’il y a un problème, qu’il prenne ses responsabilités dans l’intérêt de la nation.
Les députés face à leurs responsabilités
Tout en recentrant le débat et en dédouanant le chef de l’Etat, le député initiateur de la proposition de loi sujette à polémique, met les députés devant leurs responsabilités. Pour lui, il n’y a rien à craindre pour ce qui est des intentions malveillantes prêtées à tort à l’initiative. Il est loisible aux députés qui ne sont pas en phase de rejeter la proposition. Il a indiqué que même avec la configuration actuelle de l’Assemblée nationale, la proposition de loi ne peut passer en l’état. Autrement dit, le vote à 100% des députés de la majorité parlementaire en faveur de la proposition ne pourrait la faire adopter. « La recevabilité n’est pas acquise avec 81 députés. Il faut un opposant dedans pour atteindre 82 députés et il faut 88 députés pour valider», a laissé entendre le président du Groupe parlementaire Bloc républicain pour qui au regard de ces paramètres, on ne saurait craindre que le Chef de l’Etat tire les ficelles derrière l’initiative. Mieux, il expose que même dans l’hypothèse où les députés glisseraient malicieusement des choses dans la loi, le défaut de la majorité des 4/5èmes devrait bloquer son aboutissement. Par ailleurs, il avance que la majorité des députés actuels ne veulent pas perdre le privilège du parrainage des candidats à la présidentielle de 2026. Dès lors, il invite ses collègues à ne pas se laisser distraire. Assan Séïbou dit ne pas redouter un éventuel rejet de sa proposition.
Gabin Goubiyi