Les présidents des groupes parlementaires de la majorité présidentielle ont déposé, le vendredi 31 octobre 2025, une proposition de loi portant révision de la Constitution du Bénin. L’annonce a été faite lors de l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’Assemblée nationale. Le texte prévoit entre autres la création du Sénat. Dans un entretien accordé à BIP Radio, le député Aké Natondé, président du groupe parlementaire Union Progressiste le Renouveau, a détaillé les motivations et les principales innovations contenues dans cette proposition.
Selon le député Aké Natondé, président du groupe parlementaire Union progressiste le Renouveau (Upr), la révision vise à améliorer l’arsenal juridique et institutionnel du pays, notamment par la création d’un Sénat, une institution présente dans la plupart des démocraties modernes. « Le Bénin ne disposait pas encore d’une chambre haute du Parlement. Pourtant, dans de nombreux pays, le Sénat joue un rôle essentiel dans l’étude approfondie des lois, notamment celles à caractère politique », a expliqué le député. Le Sénat, tel que proposé, regrouperait des personnalités d’expérience, notamment des anciens présidents de la République, de l’Assemblée nationale ou de la Cour constitutionnelle, ainsi que des figures issues du secteur sécuritaire. « Nous faisons souvent appel à ces personnalités en période de crise. Il est temps de formaliser ce cadre informel afin que leur expertise serve durablement la nation », a-t-il ajouté.
Une trêve politique pour favoriser le développement
La proposition de loi prévoit également une période de trêve politique après chaque élection présidentielle. L’objectif, selon Aké Natondé, est de limiter la campagne permanente et de consacrer plusieurs années au développement du pays. « Le Bénin a fait le choix du multipartisme intégral en 1990, mais cela a conduit à une agitation politique constante. Nous voulons éviter des compétitions électorales permanentes et instaurer une période de quatre ans sans campagnes, afin de privilégier les actions de développement », a-t-il précisé. Pendant cette période, les partis politiques continueront d’exister et de débattre, mais la compétition électorale ne sera autorisée qu’un an avant les élections générales. « Il ne s’agit pas de museler les partis, mais de canaliser l’animation politique pour qu’elle serve l’intérêt national », a-t-il rassuré.
Un Sénat non élu mais légitime
Interrogé sur la légitimité d’une chambre composée de membres non élus, Aké Natondé a écarté toute crainte d’un « verrouillage » institutionnel. « Ce n’est pas un manque de légitimité. Les anciens présidents et hauts responsables ont représenté la nation à un moment donné. Leur expérience est une richesse pour le pays », a-t-il expliqué. Le futur Sénat aurait notamment pour mission de relire certaines lois en cas de désaccord entre l’Assemblée nationale et le président de la République, jouant ainsi un rôle d’arbitre institutionnel. « Le Sénat sera une chambre de sages, capable d’apporter le recul et la sérénité nécessaires aux grandes décisions nationales », a-t-il ajouté. Pour Aké Natondé, cette révision constitutionnelle s’inscrit dans la continuité des réformes politiques engagées depuis 2019 et dans la vision Bénin 2060 portée par le gouvernement. « L’opportunité de créer le Sénat existe depuis longtemps. Nous voulons simplement achever les grandes réformes avant la fin de la neuvième législature », a-t-il conclu.
L.A.




















