Au lieu de négocier une grâce présidentielle dans l’affaire « Madougou », son avocat, Me Renaud Agbodjo, a évoqué la semaine dernière dans un quotidien de place, la possibilité d’une loi d’amnistie générale pour la libération de sa cliente. Pour beaucoup, cette position de l’avocat comporte une part de reconnaissance tacite de la culpabilité de Reckya Madougou. Sinon, il aurait dû négocier la grâce présidentielle.
A la question du journaliste de savoir quelle pourrait être la solution pour que Reckya Madougou qui vient de passer un an en prison recouvre sa liberté, la réponse de l’un de ses avocats, Me Renaud Agbodjo est sans équivoque : « A l’instar de Reckya Madougou, il y a des centaines de détenus de la crise post-électorale qui sont encore sans jugement. Je pense qu’une solution politique viable passe par une loi d’amnistie générale ». Il a par ailleurs ajouté : « Les raisons de l’arrestation de ma cliente reposant sur des motivations politiques et nous l’avons démontré lors du procès… c’est forcément une solution politique qui facilitera sa mise en liberté pour lui permettre de retrouver ses enfants dont elle est séparée depuis un an et aussi de se soigner et reprendre son activité de consultante internationale ». La grâce n’efface pas l’infraction. Au contraire de l’amnistie qui mettra totalement les compteurs à zéro. Régissant à cette actualité vendredi dernier, Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement, a fait remarquer que cette position de Me Renaud Agbodjo n’est pas loin d’un aveu ou reconnaissance tacite de la culpabilité de sa cliente. « Pourquoi l’avocat n’évoque pas la grâce, mais une amnistie pour effacer du coup l’infraction dont est accusée sa cliente ? Est-ce à dire que Renaud Agbodjo reconnaît enfin, la culpabilité, de sa cliente, alors que depuis plusieurs mois, on la disait victime d’injustice et de machinations politiques arbitraires », s’est demandé le porte-parole du gouvernement. Donc tacitement, dans ce sulfureux dossier qui a longtemps défrayé la chronique, chacun sait désormais à quoi s’en tenir. Au lieu de crier à tue-tête à la machine politique, on doit s’en remettre à la vérité des faits. Faire cet effort, c’est déjà faire un pas vers la résolution du problème. Condamnée à 20 ans de réclusion, Reckya Madougou, doit saisir cette perche pour tenter une sorte de règlement à l’amiable. Elle y a plus que quiconque intérêt. Avant de parler de parler de grâce ou d’amnistie, il faut quitter la position de « victimisation », et prendre une posture plus humble, face à la raison d’Etat. A partir de là, tout irait plus vite.
Jean-Paul Mahugnon