L’État béninois passe à l’action en faveur des personnes autistes. Le gouvernement a annoncé récemment un projet d’assistance aux enfants souffrant de cette pathologie. Un engagement crucial aux côtés de la société civile qui a appelé à une mobilisation.
Au Bénin, c’est un pas vers l’intégration sociale des personnes autistes qui est fait. Le programme d’assistance gouvernementale pour les enfants autistes semble sonner la fin du rejet de cette couche sociale. « Les enfants qui en sont affectés sont stigmatisés et victimes de rejet par leur entourage ; d’où des difficultés d’une vie en communauté », indique le gouvernement. L’Etat va alors mettre en œuvre un projet en faveur de ces enfants dans les Communes d’Abomey-Calavi et de Cotonou. La phase pilote du programme regroupe un ensemble d’actions à mettre en œuvre en vue d’apporter un soutien scolaire, une assistance sanitaire et un accompagnement social personnalisé aux cibles. Selon l’Exécutif, le dispositif permettra d’offrir des soins appropriés à l’autisme qu’il présente comme : « un trouble neuro développemental qui se manifeste par une altération de la communication et des interactions sociales nécessitant un investissement important auquel les parents n’arrivent pas à faire face convenablement ».
Engagement crucial
L’engagement de l’Etat à offrir des soins spécifiques aux enfants autistes prend corps à un moment où la société civile se mobilise contre le handicap au Bénin. L’autisme n’est pas une maladie ni un état dû à la présence d’un mauvais esprit. Le gouvernement du Bénin, à travers le ministère des Affaires sociales et de la microfinance, veut travailler à mieux faire connaître aux populations ce qu’est l’autisme et amener l’opinion publique à lever le mythe qui est souvent entretenu autour de ce type de handicap. L’objectif est d’œuvrer pour une inclusion sociale des autistes et surtout pour leur prise en charge et accompagnement. L’objectif de cette rencontre est de voir quel dispositif de prise en charge adéquate mettre en place pour un accompagnement des personnes concernées. Véronique Tognifodé, ministre des Affaires sociales et de la microfinance, a fait savoir que l’autisme est malheureusement encore entouré de mythes et de sacrilèges qui contraignent les parents à garder leurs enfants à la maison, voire les cacher. En s’adressant aux parents, elle leur demande de lire « la volonté du gouvernement d’être davantage présent à leurs côtés pour la recherche de solutions aux exigences en matière de soutien à ces enfants à besoins spécifiques ». Elle a reconnu qu’en matière de diagnostic, de prise en charge, d’accompagnement et de soutien aux personnes atteintes des troubles du spectre de l’autisme, plusieurs pièces manquent au puzzle. En invitant les acteurs clés du développement et de l’avènement d’une société juste à cette journée de réflexions, le ministre Véronique Tognifodé voudrait que les compétences et les forces de proposition soient conjuguées pour mieux adresser ce phénomène qui impacte très négativement les familles et les enfants concernés.
Des actions
Au terme des travaux, la ministre Tognifodé, très satisfaite de la mobilisation des uns et des autres et surtout de l’intérêt accordé à la question de la prise en charge des autistes, a lancé des appels. Il s’agira d’agir en faveur de la reconnaissance de l’autisme comme un trouble handicapant et limitant les capacités des enfants atteints ; d’agir en vue d’offrir un espace d’expression plurielle des besoins des enfants autistes et de leurs parents afin de favoriser leur inclusion sociale, y compris en milieu scolaire ; d’agir en vue d’engager des travaux de recherche-actions sur les troubles neuro-développementaux en général et sur les troubles du spectre de l’autisme en particulier afin d’impulser l’éclosion d’évidences permettant de mieux adresser le phénomène. De même, elle recommande le renforcement des capacités des spécialistes et des professionnels afin d’améliorer la chaine de détection, de prise en charge et d’accompagnement des enfants autistes ; et enfin de construire un réseau solide de professionnels engagés aux côtés des structures étatiques pour l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi-évaluation de politiques publiques inclusives garantissant le plein épanouissement des enfants autistes dans un environnement exempt de discrimination.
Phase pilote à Cotonou et Abomey-Calavi
Le projet d’appui à la prise en charge intégrée des enfants autistes au Bénin entre dans sa phase pilote pour le compte des municipalités de Cotonou et d’Abomey-Calavi. Le lancement officiel dudit projet couplé avec l’installation du comité de pilotage s’est déroulé le mardi 25 juin 2024 à Cotonou, en présence de plusieurs personnes dont des membres d’associations de personnes handicapées, des parents d’enfants autistes, des promoteurs d’écoles spécialisées, des éducateurs spécialisés, des psychologues, neuropédiatres, pédopsychiatres …etc. Dans son discours, Véronique Tognifodé, ministre des Affaires sociales et de la microfinance, a indiqué que les actions prioritaires consistent à soutenir la prise en charge socio-sanitaire et scolaire des enfants présentant des symptômes du spectre autistique et le renforcement des capacités des professionnels dans le domaine de l’assistance aux personnes handicapées à grands besoins de soutien. Ce projet est né de la volonté politique du gouvernement du Président Patrice Talon qui a accepté les recommandations issues d’un cadre d’échanges entre acteurs initié en décembre 2023 lors de la Jiph. Il est entièrement financé sur le budget national. « L’inclusion sociale rime avec égalité et équité », a souligné la ministre Tognifodé dans son discours de lancement avant d’inviter les acteurs chargés de la mise en œuvre de ce projet à s’engager résolument pour son succès. « Vous êtes assistants sociaux, médecins, psychologues, éducateurs spécialisés, agents financiers, responsables d’établissements, parents ou tuteurs ! Vous devez vous donner la main pour entourer chaque bénéficiaire de tous les soins pour son inclusion effective », leur a-t-elle conseillé en guise d’exhortation. L’autisme, selon des spécialistes, se manifeste par des troubles de la communication, des intérêts ou activités obsessionnels, des comportements à caractère répétitif, ainsi qu’une forte résistance au changement. La personne présente aussi souvent des hyper sensibilités sensorielles (sons, lumière, couleurs, toucher…). Les acteurs en charge de la mise en œuvre de ce projet ont salué cette action inédite du gouvernement qui consiste à soutenir les enfants autistes du Bénin. Ils se sont engagés à travailler pour son succès.
Sergino Lokossou