Les temps sont durs partout au monde. Tout devient de plus en plus cher. Les produits de grande consommation sont rares sur les marchés et le pouvoir d’achat aussi s’affaiblit. Les syndicalistes béninois, après plusieurs réflexions ont imaginé leur solution. Ils ont estimé qu’il faut envoyer les travailleurs (fonctionnaires de l’État) dans les rues le samedi 27 avril 2024. Pour eux, il faut prendre d’assaut les rues, scander des cris hostiles au pouvoir en place et prendre pour responsable de cette situation générale, le gouvernement.
Difficile d’imaginer les résultats recherchés par les initiateurs de la marche du samedi 27 avril 2024, mais il est clair qu’ils ne peuvent pas faire sortir inutilement des pères et mères de famille dans les rues, sous le soleil et les faire marcher sur des kilomètres sans pouvoir leur annoncer la bonne nouvelle. La marche a sûrement un objectif et les militants, en répondant à l’appel de leurs leaders, veulent certainement voir leur solution s’améliorer. Si après cette manifestation, aucune satisfaction n’est donnée aux travailleurs, c’est qu’il y aurait quelque chose de flou dans cette affaire. Et il faudrait, en son temps, s’en prendre aux initiateurs de cette marche. Les syndicalistes semblent ne pas dire toute la vérité aux travailleurs et à toute la population béninoise. On a l’impression que la marche de protestation tant souhaitée cache des mobiles qu’ils sont les seuls à connaître. Si non, avec un peu de recul, on se demande si le problème de cherté de la vie dans un pays pourrait être réglé par une marche de protestation. Il est difficile de comprendre. Les patrons de la Bourse du travail ne sont pas des arrivistes. Ils maîtrisent bien les rouages des négociations syndicales et savent habituellement ce qu’il faut faire pour trouver solution à une revendication. Si les travailleurs rencontrent des difficultés, les syndicalistes ont l’art et les armes nécessaires pour analyser et identifier les éventuelles causes. Ils détectent ensuite les auteurs desdites causes savent ce qu’il faut faire pour trouver la solution. Dans le cas d’espèce, quelles peuvent être les causes de la cherté de la vie pour qu’on imagine une marche de protestation comme un début de solution ? A vrai dire, qu’est-ce que le gouvernement n’a pas fait pour amortir la cherté de la vie aux Béninois pour que les syndicalistes pensent qu’il faut envoyer les travailleurs dans les rues d’abord ? On nous dira peut-être que cette protestation est un moyen de pression pour amener le gouvernement à faire davantage d’efforts face à la question de la cherté de la vie. Si on consent même que c’est ainsi, les syndicalistes devraient comprendre que le problème n’est pas spécifique au Bénin. En effet, ce qui s’observe est lié à la conjoncture économique mondiale face à laquelle, le gouvernement a déjà déployé une batterie de mesures pour soutenir le pouvoir d’achat des populations.
Savoir raison garder
Selon des statistiques avancées par le ministère en charge de l’Agriculture, le Bénin a produit, la campagne écoulée, plus de deux millions de tonnes de maïs contre un besoin d’un peu plus d’un million de tonnes. Ce qui signifie que le problème de pénurie et de la surenchère ne devrait plus se poser dans le pays. N’a-ton pas tous vu le gouvernement béninois prendre des mesures drastiques pour empêcher la sortie frauduleuse des produits agricoles du Bénin ? N’a-t-on pas suivi les réactions de certains politiciens au sujet de cet acte du gouvernement ? N’a-t-on pas enfin vu les mesures pries par le gouvernement, qui, pour assouplir les conditions d’achat des intrants agricoles, qui pour donner des facilités de commercialisations des productions agricoles ? S’il est vrai que « Le train qui vient à l’heure n’intéresse personne », les syndicalistes pourraient à l’occasion, faire preuve de bon sens pour soutenir le gouvernement dans sa décision d’éviter de faire sortir les productions agricoles obtenues grâce aux subventions de l’Etat béninois. Aujourd’hui, on semble oublier le caractère cyclique de cette crise liée spécifiquement au maïs qui éprouve habituellement les populations avant les premières pluies qui annoncent la reprise des travaux champêtres. L’année prochaine, on pourrait l’éviter si l’on arrive à garder au pays toutes les productions agricoles issues de nos champs. Ce qu’il est important de rappeler aux syndicalistes marcheurs, est que cette situation cyclique ne concerne pas que le Bénin. Ailleurs, c’est pire. Au Bénin, des efforts se font par l’Exécutif. Ils ne sont peut-être pas suffisants. Mais a-t-on besoin d’une marche pour trouver la solution ? Le dialogue a-t-il échoué ? Au regard de toutes ces considérations, les travailleurs doivent faire preuve de lucidité et savoir raison garder.
Abdourhamane Touré