La dernière Assemblée générale du Cadre de concertation des confessions religieuses du Bénin a fait naître une supposée marginalisation de certains acteurs du culte Vodoun conduits par Dah Adoko Gbèdigba. Dans les médias, il est agité sa contestation de l’élection du président du Cadre. Dah Mèhou Kpotchèdji Rabbi Tan, Vice-président de la Cncvb (Communauté nationale du culte vodoun), raconte le film de l’Assemblée générale et situe les responsabilités dans cet entretien.
Le Matinal : Dah Gbèdiga conteste l’élection du nouveau président du Cadre de concertation des confessions religieuses. Dites-nous ce qui s’est réellement passé le jour de l’Assemblée générale ?
Dah Mèhou Kpotchèdji Rabbi Tan : En ma qualité de Vice-président de la Cncvb (Communauté nationale du culte vodoun) qui est une association membre du Cadre de concertation des confessions religieuses (Cccr), j’ai été délégué pour assister à l’Assemblée générale. Nous étions deux délégués désignés, moi et notre Secrétaire général qui est Babalao Barthélémy. Quant au président du Cncvb, le président Balogoun Hounnansin Corneille, empêché, n’a pas pu faire le déplacement de Porto-Novo. Il était déjà du bureau du Cadre de concertation. Je crois qu’il occupait un poste de conseiller jusqu’au jour où l’Assemblée générale a eu lieu. Au début des travaux, il est dit qu’il y aura un toilettage des statuts et règlement. Dans ce sens, les propositions déjà faites ont été examinées. Ce qui a retenu mon attention est qu’il est dit dans les statuts que l’élection du président se fera d’une manière tournante. J’ai pris le soin de poser la question de savoir ce que recouvre l’expression « de manière tournante ». Le pasteur Alokpo a répondu en précisant que la présidence a été déjà occupée plusieurs années par les chrétiens et qu’actuellement, elle est en transition. Dans son explication, il indique que l’élection tournante va concerner les vodounons et les musulmans à cette occasion. Mais, selon les dires de Dah Gbèdiga et les autres associations, parce qu’au total, nous sommes trois (03) associations de la religion endogène à être présentes dans ce Cadre de concertation, c’était déjà retenu que cette fois-ci, ça soit le tour de la religion endogène d’occuper le poste de président. Mais en tenant compte des statuts qui ont été corrigés ce n’est plus une affaire de désignation ou de rotation sans élection. Face à cette révision, tout le monde, y compris Dah Gbèdiga, a accepté que désormais ça soit une élection.
Cette phase terminée, on est passé à la validation de certaines listes de personnes proposées aux autres postes. Ils ont lu les noms et c’est en ce moment que l’assemblée m’a désigné, conseiller. Le secrétaire général de la Cncvb a été désigné chargé de mission. Cette liste a été validée et il restait le poste de président et de vice-président. Il est dit que si on passe à l’élection, si quelqu’un devient le président, celui qui est son challenger, celui avec qui il a été à l’élection et qui a perdu sera d’office le vice-président. Jusque-là, la première liste de proposition de poste, le président de la Cncvb Balogoun a été proposé en tant que 2ème vice-président. Cette liste a été validée par l’Assemblée. Le Secrétaire général, Pasteur Alokpo, a dit qu’on va passer au vote. Jusque-là, personne n’a contredit le processus en cours pour faire une proposition allant dans le sens de différer l’application du nouvel article. Je parle directement des deux autres associations de la religion endogène. On a dit de faire des propositions de candidats. Les musulmans ont proposé le président actuel qui était en transition. Un membre des associations de la religion endogène a proposé le vice-président en exercice, Dah Gbèdiga. Finalement, nous sommes allés aux élections et les musulmans ont eu 9 voix et la religion endogène en a eu 4. Il faut reconnaître que 3 membres de la religion endogène, y compris Dah Gbèdiga, ont refusé de voter pendant que le scrutin était déjà en cours. On a fini le vote, mais ils ont refusé de remettre leur bulletin de vote, parce que c’étaient des papiers qui ont été distribués où il fallait écrire le nom de la personne là-dessus et plier puis mettre dans un petit carton. C’est quand on a commencé par ramener les bouts de papier qu’ils ont refusé de les remettre comme quoi, en temps normal, il ne doit plus y avoir élection. Mais sans leurs suffrages exprimés, les résultats ont été donnés. C’est de là qu’ils ont demandé 5 minutes pour qu’on puisse se retirer pour se concerter. Étant de la religion endogène, je les ai suivis et je suis allé les voir. Je leur ai dit que je ne suis pas d’accord, parce que dans le texte qu’on vient de valider ou corriger, c’est-à-dire les nouveaux règlement et statuts, il est mis que désormais, le président sera élu d’une manière tournante et qu’ils n’ont pas réagi. Et c’est à la fin du processus qu’ils se désistent. Je trouve quand même que c’est anormal d’accepter et de refuser après. Il fallait jusque-là dire nous sommes d’accord. Il y aura désormais élection du président. Ça ne serait plus une désignation. Mais étant donné que nous venons d’introduire dans les présents statuts qui ont été adoptés cette disposition, cela ne va pas concerner cette assemblée générale. Je leur ai dit les quatre vérités. Quand nous sommes revenus nous asseoir, ils se sont levés pour partir. Quand ça a été fait ainsi, étant donné que Dah Gbèdiga n’a plus assisté à la fin des travaux, il a démissionné. Celui qui a été proposé comme deuxième vice-président qui est le président Balogoun aussitôt, a pris sa place. Il est devenu le premier vice-président.
Depuis que le Cadre de concertation existait, on n’a jamais voté pour avoir le président. En temps normal, c’est notre tour. Ils n’ont pas dit ça. Ils ont accepté. Ils ont adopté les statuts. Pour les autres membres, on n’a pas parlé vraiment d’une élection. C’est juste pour le président qu’il est écrit dedans que désormais l’élection du président se fera d’une manière tournante. Je pense que c’est là que le piège a été posé et nos frères n’ont pas vite réagi. Désormais, je crois qu’il faut être vigilant et quand ils ne sont pas d’accord, ils doivent anticiper et ne pas permettre d’abord que les choses se fassent avant de réagir. Je demande la paix pour cette association.
Peut-on dire que le bureau est mal élu au vu de votre récit et de la position de Dah Gbèdiga ?
Je ne dirais pas que le Conseil d’administration mis en place a été mal élu parce que tout a été accepté et c’est après que les doutes sont apparus. Il fallait juste refuser déjà dès le début et poser les conditions. Sans poser vos conditions, si vous allez au front, ce n’est pas quand vous serez battus que vous allez réclamer quoi que ce soit. J’aime être direct. J’aime que les choses soient claires et que chacun prenne ses responsabilités et assume ses torts. C’est vrai que le Sg Alokpo a voulu peut-être que ça soit le musulman qui continue à être président qu’il a glissé cela dedans. Mais quand il a glissé ce texte, tout le monde était en éveil, a vu et a applaudi. On a adopté les statuts et le règlement intérieur. Ce qui implique son application immédiate. Il suffisait juste que les vodouisans disent que cela prendrait effet après, et non aujourd’hui. Ils n’ont pas été vigilants. Ils n’ont pas été éveillés.
Que suggérez-vous maintenant ?
Nous devons reconnaître que dans ce Cadre de concertation, il n’y a qu’actuellement la Communauté nationale du culte vodoun qui est la seule association vodoun membre. Nous souhaiterons bien qu’ils reviennent à de meilleurs sentiments pour que la paix y est. C’est mon souhait et je ne veux que la paix.
Propos recueillis par Bienvenue Agbassagan