Les réactions se succèdent depuis le 22 septembre 2021 où l’ex-chef de l’Etat, Yayi Boni est allé rencontrer son successeur Patrice Talon. Alors que l’hôte de l’actuel locataire de la Marina a déclaré au sortir de l’audience avoir reçu la caution du président Nicéphore Soglo, avant d’aller à cette rencontre, ce dernier, selon des propos rapportés par la presse, aurait démenti cette déclaration. Du coup, on se demande qui d’entre les deux anciens chefs d’Etat, mène le peuple en bateau.
L’opinion s’embrouille. Qui de Yayi Boni et de Nicéphore Soglo dit la vérité au peuple ? C’est l’interrogation qui trotte dans les esprits depuis que l’ancien président Nicéphore Soglo, selon les propos relayés par un média de la place, déclare n’avoir pas été associé à l’initiative de Yayi d’aller à la rencontre de Patrice Talon. Pourtant, sur sa page Facebook quelques heures après la rencontre, le prédécesseur de Patrice Talon a mentionné avoir reçu la caution de son compère Nicéphore Soglo. Ces contradictions relancent plus que jamais la polémique sur les relations entre les deux hommes d’Etat. Suite aux propos de Yayi Boni, beaucoup avaient salué le sens de responsabilité des deux hommes d’Etat qui venaient ainsi de démontrer à la face du monde, leur grandeur d’esprit sur des questions d’intérêt national. Pour le peuple en effet, la caution prétendument reçue de Soglo, renforce le caractère solennel de cette rencontre et aiguise les espoirs pour une décrispation de la tension politique. Ce mur d’espoir s’effrite comme un château de cartes, après ce « démenti » de Soglo qui ne manque cependant pas de soulever quelques interrogations dans l’esprit de tout observateur averti de l’actualité sociopolitique nationale. Pourquoi avoir attendu plus d’une semaine avant de démentir cet extrait de la déclaration de Yayi pourtant abondamment relayée dans la presse et sur les réseaux sociaux ? Comment comprendre cette posture du premier président de l’ère du renouveau démocratique qui semble fustiger le format de cette rencontre ? Ferait-il partie de ceux qui craignent une réconciliation entre Talon et Yayi ? Au demeurant, la position de Nicéphore Soglo amène à s’interroger sur la nature et la sincérité de l’amitié qui le lie à Yayi Boni. Par ailleurs, on pourrait même se demander si Nicéphore Soglo ne se retrouve pas dans les doléances portées par Yayi Boni.
Léhady avait annoncé les couleurs
Un indice pertinent avait déjà embrouillé les cartes relativement la prétendue caution reçue de Nicéphore Soglo par Yayi Boni. Des soupçons s’installaient déjà dans certains esprits après l’entretien accordé la semaine dernière au magazine panafricain « Jeune Afrique » par Léhady Soglo. Pour le fils aîné de l’ancien président Nicéphore Soglo, la rencontre doit s’élargir à l’ensemble de la classe politique. « Il ne s’agit pas de personnaliser, mais bien d’évoquer avec des personnalités emblématiques, les problèmes qui se posent depuis l’avènement de la Rupture. Il s’agit des symboles du mal-être béninois actuel », avait-il fustigé. A la lecture de cet extrait, on pouvait déjà douter de la sincérité des propos de Yayi Boni. Mais connaissant le caractère atypique et singulier de la famille Soglo, la prudence devait être de mise. D’aucuns se demandaient si ce n’est pas là une stratégie pour embrouiller l’opinion et faire entendre que l’absence de Nicéphore Soglo à cette rencontre ne la « légitimait » pas. Dans tous les cas, la sagesse devra prévaloir dans ces genres de situation. Face aux questions de paix et de concorde nationale, chacun doit faire fi de son égo pour ne voir que l’intérêt général.
Gabin Goubiyi