La perspective des prochaines élections législatives induit une reconfiguration de l’échiquier politique. Le Parti du renouveau démocratique (Prd) et l’Union progressiste ont donné le ton, en annonçant le week-end dernier, un projet de mise ensemble pour mutualiser leurs forces. Pendant ce temps, l’opposition peine à intégrer la dynamique. Pourtant, au regard des rapports de force, un regroupement des partis se réclamant de l’opposition, en vue d’une fusion, pourrait faire mal et bousculer les certitudes à l’issue des prochaines joutes électorales.
La réforme du système partisan continue d’être éprouvée. L’opposition béninoise peine visiblement à s’accorder les violons sur la possibilité d’une union entre les différentes formations politiques qui la composent. Le caractère hétéroclite des partis politiques et la disparité des approches constituent à n’en point douter, de sérieux handicaps à tout projet de fusion qui reste pourtant l’une des meilleures options pour engranger le maximum de sièges au profit du bloc anti-Talon, à l’issue des législatives du 08 janvier 2023. Les leaders de l’opposition béninoise ont du mal à vaincre le spectre de la division. La cacophonie des ambitions et le choc des égos montrent à quel point les leaders des partis qui ne parlent pas le même discours que le régime, se fourvoient et manquent de réalisme. Sur les 17 partis politiques régulièrement enregistrés, plus d’une dizaine 10 se réclament de l’opposition. Il s’agit des partis Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), Forces cauris pour le développement du Bénin (Fcdb), Les Démocrates, Dynamique unitaire pour le développement (Dud), Grande solidarité républicaine (Gsr), Mouvement populaire de libération (Mpl), Nouvelles forces nationales (Nfn), la Nouvelle alliance (Lna), la Flamme renouvelée, le Parti pour l’engagement et la relève (Per), Restaurer l’espoir (Re), et Restaurer la confiance (Rlc). Cette floraison de partis n’épousant pas les idéaux du parti est symptomatique du manque d’unité et qui caractérise l’opposition béninoise. Il s’agit d’une guerre de leadership qui ruine considérablement sa capacité organisationnelle. Du coup, tout projet de mise ensemble de ses forces est d’office voué à l’échec parce que se heurtant à l’égo personnel de ses leaders. Même le Chef de file de l’opposition qui s’est lancé dans cette aventure, s’est finalement désillusionné pour se recroqueviller sous sa bannière cauris même si à la faveur d’une session de son parti en janvier, il a semblé rassurer de la bonne cohabitation entre les forces de l’opposition. « Si hier nous ne nous parlons pas, aujourd’hui, je peux vous rassurer qu’on se parle, on se voit et on envisage des actions communes. En notre qualité de Chef de file de l’opposition, nous avons fait le pas et il faut avouer que nos camarades ont été réceptifs. Il y aura un cadre de concertation où chaque parti conservera sa légitimité et son autonomie mais où nous prendrons ensemble des décisions communes. Nous sommes très avancés et le dialogue est devenu presqu’au quotidien » a-t-il martelé. Pourtant personne ne voit bouger les lignes en vue de la concrétisation de cette ambition.
La fusion, une panacée pour l’opposition
Il n’est plus un secret que les législatives de 2023 constituent un tournant décisif pour l’opposition. Si elle rate ce virage, c’en aurait fini pour elle. Ses ambitions pour provoquer l’alternance au sommet de l’Etat en 2026, seraient définitivement mises au placard. Les législatives sont donc un test capital, à l’aune duquel, l’opposition va jauger son ancrage national et sa popularité. Si elle rate ce tournant, l’opposition aurait signé sa mort. Dans ce cas, son projet de repositionnement sur l’échiquier politique, n’aurait donc été qu’un trompe-œil, un échec cuisant. 2023 pour l’opposition, c’est une question de vie ou de mort. L’une des pistes pour l’opposition de parvenir à relever ce défi, reste la fusion des forces politiques à l’instar des grands regroupements comme l’Up et le Br. Mais au regard des schémas qui se dessinent, on semble bien loin de cette réalité. A l’allure où vont les choses, l’opposition risque d’essuyer un énième revers à l’issue des joutes électorale du 08 janvier prochain.
Gabin Goubiyi