Le relogement des sinistrés Xwlacodji et de la Route des pêches est une démarche sociale qui appelle tout esprit équilibré à une analyse consciencieuse de la méthode Talon. Déguerpie pour cause républicaines, la population n’a imaginé une seule seconde que le gouvernement de Patrice Talon pourra joindre l’acte à la parole. Mais elle a été surprise du pas de géant posé par le régime de Cotonou. Si les sinistrés de Xwlacodji et de la Route des pêches ont bénéficié de mesures d’accompagnement alors que ceux de Fiyégnon 1 n’en ont pas eues, c’est parce qu’ils se sont retrouvés sur les emprises publiques.
Avant le Conseil des ministres qui a traité de la mesure prise par le gouvernement, le lundi 13 septembre 2021 , le déguerpissement des populations de Fiyégnon1 a été effectif. Et ce, après une période de mise en demeure et de sensibilisation. Il faut rappeler que pour déguerpir les populations de Fidjrossè plage, c’était par la phase 2 de l’opération ouragan tenue en 2018 sous le préfet Modeste Toboula qui a permis d’avoir des espaces libérés.
Des dispositions prises par le gouvernement, les délogés de Fiyégnon 1 ne sont pas dans le registre des personnes à reloger. Le 17 septembre 2021 à travers une conférence de presse co-animée par le ministre du cadre de vie, José Didier Tonato et le Secrétaire général adjoint du gouvernement, porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, les modalités de relogement des sinistrés ont été rendues publiques. Le gouvernement a retenu que les populations de pêcheurs de Xwlacodji affectées par le projet de construction du centre commercial de Ganhi seront relogées à Djeffa dans la commune de Sèmè-Podji. De plus, chaque unité d’habitation préalablement identifiée va bénéficier d’une parcelle et d’un dédommagement de 5 millions de FCFA pour son relogement. Concernant les populations sinistrées au sud de la Route des pêches, elles seront relogées sur un site situé après le village d’Avlékété dans la commune de Ouidah. Chaque ménage bénéficiera d’une parcelle en plus d’une somme de 3 millions de Fcfa. Selon le ministre du Cadre de vie, José Didier Tonato, le gouvernement a pensé à l’intégration de ces populations relogées. La construction des infrastructures sociocommunautaires et la réalisation des travaux de voirie sont prévues sur ces deux sites. Mais sur le cas Fiyegnon 1, tout semble être incompris.
Quid du relogement des sinistrés de Fiyégnon 1 ?
« Je dirais que Fiyégnon 1 est une problématique différente. Mais avant de revenir sur ce dossier, je vais m’attarder sur Xwlacodji et la Route des pêches pour expliquer les actions en cours. Je veux parler des projets d’aménagement et de modernisation en cours et qui expliquent le fait que l’Etat prend des décisions pour le déplacement et la réinstallation des populations. Dans la terminologie des projets, il y a ce qu’on appelle ‘’les Personnes affectées par les projets’’ (Pap), et selon le statut de ces personnes, la décision sociale est appropriée.
Xwlacodji est un vieux dossier. Ceux qui se souviennent dans les années 2012, il a déjà fait l’objet d’un premier déplacement. Je voudrais également préciser qu’il y a un projet de rénovation de Xwlacodji qui a été adopté en Conseil des Ministres depuis les années 2000. Ce projet devrait permettre de faire le développement d’aménagement de loisirs sur le bord de la lagune, et sur le front de mer, et de moderniser tout le vieux Ganhi afin de transformer ce centre administratif et commercial en un centre-ville digne de ce nom. Et c’est parce que la question de Xwlacodji n’a jamais été traitée de façon sérieuse et responsable que ce projet aurait été renvoyé aux calendes grecques. Dans le cadre du programme d’actions du gouvernement, nous avons travaillé sur ce dossier pour que Xwlacodji soit aménagé. Dans le cadre de la phase 2, il y aura la voie qui va être faite un peu comme ce que vous voyez dans la ville de Cotonou.
Il y a le développement et la modernisation du port qui va progresser un peu vers l’Est. Il y a une réinstallation du Port de Pêche sur la pointe de cette partie qui impacte un peu le quartier Xwlacodji. Nous nous sommes mobilisés, et avec les responsables locaux, nous avons discuté et retenu la façon dont cette question va être traitée. En gros, on peut dire que chaque ménage recensé va récupérer une parcelle de terrain et un dédommagement de 5 millions de FCFA. Cela va se passer ensuite par une réinstallation dans la zone de Djeffa. Le terrain est déjà identifié. Le morcellement est en cours. L’Etat apporte une viabilisation minimale qui comporte voirie-eau construction de latrine-éclairage public, et surtout renforcement des infrastructures d’éducation et de santé qui sont dans les environs. Cela, pour permettre que les populations qui se déplacent soient prises en charge, y compris leurs enfants. Tout cela a été fait et bouclé pour qu’au cours de cette rentrée la question soit facilitée pour les parents qui sont installés. C’est la même situation pour les près de 500 ménages de pêcheurs que nous avons au Sud de la route des Pêches entre Fidjrossè et Avlékété. Ces pêcheurs iront également sur un site aménagé au Nord de la Route des Pêches après Avlékété et bénéficieront des mêmes conditions d’installation. Les zones n’étant pas équivalentes, il y aura un accompagnement par ménage de 3 millions Fcfa plus une parcelle. Voilà la logique sociale qui guide l’action d’un Gouvernement dans une situation où les gens ne sont même pas détenteurs de titres de propriété. Mais au regard de l’installation acquisitive, nous avons traité ce dossier avec toute la responsabilité. Parce que la route des Pêches va recevoir un aménagement paysager. Il faut noter que la phase II de la route des Pêches a démarré avec Sogea Satom et va jusqu’à la Porte du Non-Retour de Ouidah. Donc, tout le côté Plage sera aménagé comme on le voit dans les plus belles plages du monde. Ceux qui font leur commerce aujourd’hui seront réinstallés par le biais d’un bail. Nous allons faire un lotissement commercial avec un cahier de charges précis pour permettre aux opérateurs qui le souhaitent de continuer leurs activités, de s’installer en faisant un bail avec l’Etat et en construisant leurs installations sur la base d’un cahier de charges bien défini. Il n’y aura pas que l’aménagement commercial, il y aura une plantation de cocotiers depuis Cotonou jusqu’au-delà de Ouidah. Il y aura l’aménagement d’une zone de baignade populaire et les parkings.
Les pêcheurs qui sont reconnus comme des personnes vivant dans ce domaine (public) seront donc réinstallés. Les questions liées à Xwlacodji et la Route des Pêches sont totalement prises en charge par le gouvernement », a laissé entendre la ministre en charge du Cadre de vie, José Tonato.
Ce que dit le ministre Tonato de Fiyégnon1
« Le porte-parole du gouvernement a souhaité que je vous apporte quelques éclaircissements sur le dossier Fiyégnon. Pour ceux qui connaissent bien Cotonou, vous devez vous rappeler que Fiyégnon1, tel qu’il est délimité, est intervenu après l’aménagement de la Route des pêches à partir d’Erevan. Sinon, dans le lotissement qui était fait, la limite sur l’occupation est la route appelée Gondouana. Au sud de cette route, c’est le domaine public maritime qui selon la loi est imprescriptible. Donc, on ne peut pas l’occuper. Il y a eu un lotissement frauduleux, qui n’a jamais été approuvé. Et si vous observez bien cette zone, les constructions n’ont jamais été faites en matériaux définitifs parce que les occupants même sont conscients du caractère précaire de cette occupation. Compte tenu de la loi, l’Etat est dans l’impossibilité de régulariser cette occupation. En respectant la loi sur la gestion du domaine de la Zone Littorale, on ne peut pas oser la viabilisation, on ne peut pas régulariser la situation des gens, ni la sécurité foncière. Donc, les gens avaient été prévenus depuis plusieurs années. Qu’il vous souvienne que certaines autorités politico-administratives ont été sanctionnées depuis plus de 3 ans pour être intervenus et avoir posé des actes illégaux dans ce périmètre. Voilà pourquoi nous sommes restés en discussion. Même le chef de l’Etat est descendu sur le terrain pour nous demander de laisser les gens jusqu’à la rentrée afin qu’ils organisent leur déplacement…»
Bienvenue Agbassagan
(Suite dans la prochaine parution)