(Les fausses accusations ne sont pas justifiées)
Le président de la transition nigérienne, le général Abdourahamane Tiani, s’est prononcé sur la crise entre le Bénin et le Niger avec en toile de fond, les raisons qui justifient selon lui, le maintien fermé côté nigérien, de la frontière terrestre entre les deux pays. C’était au travers d’un entretien diffusé sur la télévision nationale du Niger, le samedi 3 août 2024.
C’est la toute première fois que le leader du Conseil national pour la sauvegarde la patrie (Cnsp) s’est publiquement prononcé sur la crise entre le Bénin et son pays. Une crise qui selon le général Abdourahamane Tiani, est la conséquence d’un certain nombre d’agissements prétendument peu orthodoxes de la part des autorités béninoises dans la gestion du lendemain du coup d’État intervenu au Niger le 26 juillet 2023. Le leader de la junte nigérienne déplore notamment les menaces proférées à l’encontre de son pays le jour même du coup d’État par le président béninois Patrice Talon depuis Abuja. S’il dit ne pas tenir rigueur au premier des Béninois, dans son ambition de vouloir prendre des décisions pour sécuriser son territoire, il fustige cependant le blocus opposé par le Bénin sur des produits en transit à destination du Niger. Selon le leader de la junte nigérienne, son pays a vécu l’embargo total imposé au Niger et respecté par le Bénin comme une trahison d’un pays qui se dit frère et ami. Il a par ailleurs manifesté son indignation relativement à la suspension par la partie béninoise des activités du pipeline Bénin-Niger. Ces actes, a-t-il dénoncé, sont symptomatiques de la volonté des autorités béninoises de mettre en difficulté le Niger malgré les garanties qu’aurait donné le président Talon de ne pas entraver les activités du pipeline.
Les fausses accusations réitérées mais pas justifiées
Le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp), Abdourahamane Tiani, n’a pas manqué de revenir sur les accusations de présence de bases militaires françaises au Bénin. Sans en apporter la moindre preuve, et prétextant détenir des preuves formelles, le leader du Cnsp est revenu sur cette accusation réitérée à maintes reprises par les autorités de Niamey en dépit des nombreux démentis de Cotonou. Pour lui, le Bénin tramerait depuis 2023, avec des agents de la Dgse française, des velléités d’atteinte à la sécurité du Niger. Il s’agit, a-t-il exposé, d’une action subversive. « Une action de déstabilisation subversive ne se mène pas avec des troupes conventionnelles », a déclaré le putschiste nigérien. Toujours dans ses allégations, il soutient que la France a loué des hélicoptères au Bénin le 26 août 2023. Par ailleurs, il a confié que des troupes françaises se seraient positionnées à l’aéroport international de Tourou dans l’optique d’attaquer le Niger. Cet aéroport, a-t-il argué, aurait été expressément réhabilité par les soldats français avec la complicité du Bénin aux fins sus indiquées.
Quid de la médiation des anciens présidents Soglo et Yayi ?
La perspective d’une éventuelle réouverture des frontières n’a pas été éludée au cours de l’entretien accordé par Tiani à la télévision nationale du Niger. Pour lui, sans la garantie d’une levée des menaces contre la sécurité du Niger, il n’est pas question que le Niger rouvre sa frontière terrestre avec le Bénin. Il dit avoir eu le compte rendu des émissaires qu’il a dépêchés sur Cotonou et avisera. « Le Bénin est libre de faire ce qu’il veut mais qu’on nous laisse également la liberté de protéger notre territoire », a martelé le général Tiani. Une réponse qui fait dire à nombre d’analystes que la réouverture de la frontière du Niger avec le Bénin et subséquemment le rétablissement des relations bilatérales entre les deux pays n’est pas pour demain. Il a néanmoins salué la démarche des deux anciens présidents du Bénin Nicéphore Dieudonné Soglo et Boni Yayi qui ont entrepris une médiation dans cette crise qui secoue les deux pays frères et amis.
Gabin Goubiyi