La reprise du chargement du pétrole brut nigérien sur la plateforme de Sèmè-Podji est un nouveau pas dans le dégel de la crise entre le Bénin et le Niger. C’est relativement une bonne nouvelle pour les deux pays, beaucoup plus pour le Niger dont l’économie, selon les dernières révélations de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, ne serait pas au mieux de sa forme. En plus des problèmes de sécurité liés aux attaques terroristes notamment au Sud-est, le Niger est sous la dépendance d’une agriculture de subsistance et fait face aux importations énergétiques depuis le Nigeria (70% de l’approvisionnement en électricité). Il y a par ailleurs l’enclavement et la croissance rapide de la population alors même que le pays enregistre une grande pauvreté (3ème Indice de développement humain le plus faible du monde). Du coup, le pays subit une crise alimentaire chronique au moment où la perception des taxes et des droits de douane est déficient et dans un contexte où la corruption est quasi-endémique même si les nouvelles autorités du pays, font feu de tout bois pour limiter l’ampleur du fléau. La dette publique du pays est estimée à 46,5% du Pib qui est à -6% pour le compte de l’année 2024. Dans le même temps, le taux d’inflation reste inquiétant dans ce pays sous menace d’insécurité alimentaire. Face à ce tableau sombre, le projet pipeline constituait une alternative pour donner un souffle à l’économie nigérienne. La suspension des activités du pipeline, était selon nombre d’analystes, une option suicidaire qui risquait d’éteindre tous les espoirs de relèvement de cette économie pour laquelle, les prévisions pour l’année 2024, étaient plus ou moins prometteuses.
Gabin Goubiyi