Le mois de novembre n’est pas un mois comme les autres pour les travailleurs béninois ; En effet, l’avant-dernier mois de cette année 2022 devrait voir se concrétiser la promesse du gouvernement de revaloriser les salaires des travailleurs.
Lors de la rencontre tenue avec les représentants des travailleurs et les membres du patronat du Bénin, le mardi 26 avril 2022, le président Patrice Talon a confirmé sa volonté de procéder, pour compter de cette année 2022, à une revalorisation des salaires des travailleurs. L’annonce de la revalorisation a été faite quelques mois plus tôt, précisément le 15 décembre 2021. En approuvant le Programme d’actions du gouvernement pour le quinquennat 2021-2026, le Conseil des ministres avait adopté, au nombre des réformes majeures qui y sont prévues, celle de la revalorisation des salaires des travailleurs. La nouvelle a déchainé dans le rang des travailleurs aussi bien du secteur public comme du secteur privé, une bouée d’espoir. Quoiqu’aucune précision n’ait été donnée relativement à la prise d’effet de cette mesure, la majorité des travailleurs attendaient de voir les mouvements sur leurs salaires dès le mois de janvier 2022. Quelle ne fut donc pas leur déception quand rien n’a bougé fin janvier. Idem pour les mois qui ont suivi. Place à la polémique et aux critiques. La crédibilité de la parole gouvernementale était pratiquement à rude épreuve. Beaucoup commençaient déjà à déchanter et à se décourager quand une rencontre fut annoncée entre le Chef de l’Etat et les partenaires sociaux. Avant l’annonce de cette séance décisive, le ministre d’Etat chargé de l’économie et des finances, Romuald Wadagni et le porte-parole du gouvernement ont au détour de leurs sorties médiatiques confié que la promesse n’était pas rangée aux calendes grecques ni tombée aux oubliettes. De quoi redonner espoir aux sceptiques qui ne croyaient plus au miracle. Puis vint le fameux 26 avril 2022 où au cours d’une séance qu’il a lui-même conduite de main de maître, le Chef de l’Etat Patrice Talon a dévoilé les modalités de la revalorisation et situé les partenaires sociaux sur les tenants et les aboutissants de cette promesse.
De grandes annonces
L’essentiel à retenir de cette séance du 26 avril 2022 qui a polarisé l’attention de la quasi-totalité des travailleurs, est que le gouvernement et les partenaires sociaux sont parvenus à trouver un accord sur la hausse des salaires. Sur la question, le gouvernement et ses interlocuteurs se sont entendu sur la nécessité de réviser les salaires en raison de la conjecture économique et de la cherté de la vie. Sur le principe à retenir, les parties ont convenu d’une augmentation différentielle en fonction des paliers. De façon globale, il est à retenir que deux (02) niveaux d’augmentation ont été envisagés. Dans un premier temps, il y aura une amélioration du point d’indice pour impacter aussi bien les pensions des retraités que les salaires. On aura ensuite, une augmentation différenciée des salaires et des pensions par palier, de façon à impacter plus fortement les bas salaires et moins fortement les salaires élevés. Les quatre paliers retenus sont de 52.000 FCfa à 100.000 FCfa, de 100.001 FCfa à 200.000 FCfa, de 200.001 FCfa à 500.000 FCfa et enfin de 500.001 FCfa et plus. Les pourcentages à appliquer à chaque palier seront examinés au cours d’une autre séance par le comité interministériel. Il en est de même du coefficient de l’indice salarial. Le principe retenu est que cette mesure impacte également les retraités. Ces derniers n’avaient pas été pris en compte par le comité lors de ses travaux. Sur la question du Smig, il a été retenu un taux de 30% d’augmentation. Du coup, le Smig au Bénin passe désormais de 40.000 FCfa à 52.000 FCfa avec l’exigence pour les employeurs, de souscrire l’assurance santé obligatoire pour leurs salariés à compter du 1er janvier 2023. Sur cette question, les représentants du patronat sont restés extrêmement prudents. Il aura fallu des heures de discussion pour qu’ils concèdent de payer 30%. Pour l’opérationnalisation de ces mesures, le gouvernement a évoqué les incertitudes économiques dans le monde pour s’engager pour le mois de novembre 2022 comme la date d’effet de ces différentes simulations à condition que la situation actuelle évoquée ci-dessus ne s’aggrave.
Les travailleurs entre espoir et déception
La séance du 26 avril a été diversement appréciée par les partenaires sociaux. Pour Noël Chadaré, Secrétaire général de la Confédération des syndicats indépendants du Bénin (Cosi-Bénin), tout est urgent pour les travailleurs et la situation de la cherté devrait induire une certaine célérité dans la mise en œuvre des mesures envisagées au profit des travailleurs. Avis partagé par la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin) qui estime qu’il faut aller vite. Toutefois, les partenaires sociaux disent avoir confiance au gouvernement qui n’a pas coutume de ne pas honorer ses promesses. Pour Nagnimi Kassa Mampo de la Confédération des syndicats des travailleurs du Bénin, (Cstb), cette rencontre est un échec. « La montagne a accouché d’une souris » a-t-il confié, un brin déçu.
Les regards tournés vers le gouvernement
Entre le désir d’honorer sa promesse vis-à-vis des travailleurs et le souci d’atténuer les effets de la cherté de la cherté de la vie, le gouvernement se retrouve entre deux feux. Les travailleurs en proie a extrême impatience, n’attendent que les bonnes intentions annoncées soient traduites en actes concrets. Novembre, fameux mois attendu pour la revalorisation est enfin là. Le gouvernement, en dépit des multiples pressions et face à l’anxiété des travailleurs est attendu sur la question. Revalorisation oui mais à quelle hauteur ? Patrice Talon et son équipe vont-ils rester dans la droite ligne des modalités définies le 26 avril passé ? La guerre entre la Russie et l’Ukraine, étant toujours d’actualité, le gouvernement ne va-t-il pas s’en prévaloir pour reporter derechef, la mise en œuvre de sa promesse ? Ce sont là quelques questions qui agitent les esprits et qui certainement vont trouver réponse les jours et semaines à venir.
Gabin Goubiyi