Les statistiques de l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (Insae) révèlent gaiement que les finances publiques jouissent d’une part considérable des fruits du secteur agricole. De 2016 jusqu’à un passé récent, le secteur qui engendre 75 % des recettes d’exportation contribue à hauteur de 28% au Produit intérieur brut (Pib). Des scores qui s’obtiennent en une partie, grâce à la mise en place par Patrice Talon des Agences Territoriales de développement agricole qui jouent un rôle d’appui-conseil aux producteurs.
Faire du secteur agricole « le principal levier de développement économique, de création de richesses et d’emplois au Bénin », est une priorité pour le gouvernement de Patrice Talon. Dans le Pag, cette vision de l’agriculture est bien inscrite. Tirant leçon des mauvaises expériences agricoles passées sous les régimes précédents, le pouvoir en place est resté pragmatique. En mode valorisation des potentiels agricoles du pays, il fait l’option de l’approche territoriale. Premier acte salutaire, des structures encombrantes et budgétivores ont été liquidées. Du Conseil des ministres du 14 décembre 2016 on retient ce qui suit « Le Conseil a pris récemment des décisions relatives à la rationalisation du cadre institutionnel du ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche. Au cours de la séance de ce jour, le Conseil a examiné le rôle et les missions de l’Agence de développement de la mécanisation agricole (Adma) et de l’Agence de promotion des aménagements hydroagricoles (Aphasa). Il se dégage de cette analyse un constat de redondance avec des chevauchements opérationnels entre ces deux agences (Adma et Apha) et les nouvelles structures en création à savoir, les Directions départementales de l’agriculture, de l’élevage et de la Pêche, les pôles de développement agricole et les Agences territoriales de développement agricole. Les activités de l’Agence de Développement et de la Mécanisation Agricole (Adma) et de l’Agence de promotion des aménagements hydrocarbures (Apah) devront être intégrées à celles des sept Agences territoriales de développement agricole, pour davantage de cohérence, de synergie et d’efficacité. Le Conseil a donc décidé de la liquidation de l’Adma et de l’Apah, pour une meilleure gouvernance du secteur agricole, l’un des principaux leviers de développement économique, de création d’emplois et de revenus. A l’issue de cet examen général du cadre institutionnel du Maep, le Conseil tient à rassurer le personnel des structures dont le processus de liquidation sera engagé, que la question sociale sera traitée avec le plus grand soin, dans un cadre responsable et serein ». Cette décision a donné l’alerte de la métamorphose du paysage institutionnel du Maep pour du concret.
L’originalité des Atda
La création des Atda obéit à une option bipartite qui dans son contenu a des sous divisions. La première option regorge d’abord la promotion des filières agricoles porteuses et ensuite permet de répondre à trois défis majeurs du secteur agricole : la couverture des besoins alimentaires ; l’accroissement des revenus et l’amélioration de la productivité ; et l’attractivité de l’activité agricole et du milieu rural. La seconde option vise le renforcement des performances des structures déconcentrées du Maep. Elle impose une démarche qualitative et pédagogique car, il y a au niveau déconcentré un amalgame terrible de fonction dont le résultat n’est que les faibles rendements obtenus. Les missions régaliennes de contrôle et de régulation sont dissociées des fonctions de promotion des filières agricoles porteuses pour remporter plus le point quatre des défis majeurs du secteur agricole qu’est l’adoption des innovations pertinentes conduisant à atténuer l’empreinte carbone de l’agriculture. De manière cartésienne, les techniciens qui ont conçu l’architecture du développement de la filière agricole béninoise ont procédé à un découpage exceptionnel du territoire national en sept (07) pôles en fonction de la production émergeante de la région. Cette logique est une éviction de faire une agriculture unijambiste qui ne peut être que préjudiciable à la nation. Autrement dit, cela s’inscrit inexorablement dans la dynamique d’un développement équilibré du territoire national par la valorisation des potentiels agricoles desdits territoires qui sont plus ou moins homogènes. En termes basique, c’est de la diversification des cultures.
Somme toute, l’esprit de la mise en place des Atda renseigne déjà à suffisance sur sa mission principale qui est de mettre en œuvre la politique de promotion des filières porteuses spécifiques au Pda et d’initier des actions permettant de s’assurer que les objectifs du gouvernement en matière de développement des filières et des territoires soient réalisés et produisent des résultats, effets et impacts visibles.
Des résultats à perpétuer
Les 7 Pôles de développement agricole (Pda) selon leur spécificité reposent sur trois filières. Il y a les filières à haute valeur ajoutée (ananas, anacarde, produits maraîchers, coton), les filières conventionnelles (maïs, manioc, riz) et les filières de diversification (viande, lait œuf de table, pisciculture continentale, palmier à huile, agrume, mangue, soja, karité, légumineuses, sorgho). En un temps record, ces filières ont été promues grâce au souffle nouveau donné. Le bilan de la croissance enregistrée en témoigne. En effet, la campagne 2016-2017 a connu une croissance de 13,2% par rapport à celle de 2015-2016. Le Bénin a récolté 1.814.289 tonnes de céréales entre 2016 et 2017 contre 1.643.227 tonnes entre 2015 et 2016, soit un accroissement de 10,44%. Au même moment, la production des racines et tubercules (manioc et igname surtout) a connu un accroissement de 14,14%, avec 6.128.288 tonnes en 2015 contre 6.994.622 tonnes en 2016. Au niveau des filières à haute valeur ajoutée, c’est-à-dire les cultures industrielles, le coton s’est retrouvé 30,11% et l’ananas à 24,44%. Quant aux filières de diversification notamment la viande, le lait et les œufs, les résultats sont louables. La production de la viande est passée de 68.490 tonnes en 2015 à 70.327 tonnes en 2016, pendant que le lait enregistré à 113.816 tonnes en 2016 était à 112.950 tonnes en 2015. 15.494 tonnes d’œufs en 2016 contre 14.740 tonnes en 2015. Ces chiffres ont connu une nette progression. Le bilan de la campagne 2019-2020 a été un record de progression. En 2018, le Bénin a commencé par caracoler à la tête des pays producteurs d’or blanc en Afrique de l’Ouest en réalisant une production de 678 000 tonnes. En 2019, il fait un bond de 8% qui donne 732 373 tonnes de coton. Il est accompagné par l’anacarde qui affiche un bond de 13% (130 276 tonnes). Au compteur des autres productions, on peut lire : le maïs une progression de 2 % ( 1580 750 tonnes), le riz 8 % ( 406 083 tonnes) et le manioc de 5 % ( 4 525 450 tonnes) le soja de 56 %, ( 257 000 tonnes).
Les pôles de développement agricole
Les Atda, bras armés de la mise en œuvre de tout programme filière, ont été créées par le décret n° 2017-101 du 27 février 2017 constatant approbation de la création des Agences territoriales de développement agricole. Structures sous tutelle du ministère de l’Agriculture de l’élevage et de la pêche, elles sont réparties en 7 pôles. Le pôle (1) couvre la vallée du Niger : Une zone à vocation de riziculture, de plaines inondables et de bas-fonds. Au Bénin, dans le classement des céréales les plus consommées, le riz occupe étrangement la deuxième place. Les données montrent qu’un Béninois consomme en moyenne entre 25 et 40 kg de riz par an. Et ces riz sont à fort pourcentage importés. C’est ce pôle qui compte une partie de l’Alibori est l’axe du développement du riz béninois. Le pôle (2) couvre l’Alibori (sud), le Borgou (nord) et les 2KP (Kandi-Kouandé-Péhunco) : c’est le principal bassin cotonnier. Le Pôle (3), prend en compte l’Atacora (Ouest), le Borgou Sud et la Donga : Une zone de diversification agricole (On y cultive le coton et les produits vivriers). Le pôle (4) est représenté par la région des Collines avec comme culture (la diversification – le coton, les produits vivriers et l’anacarde). Le pôle (5) prend en compte le Zou et le Couffo : Une zone à vocation arboricultures vivrières. Pôle (6) est représenté par le Plateau (spécialisé dans la diversification agricole – palmier à huile et produits vivriers). Le pôle (7) est constitué de l’Ouémé, l’Atlantique et le Mono : une zone de pêcherie et de maraîchage.
A la tête de ces pôles se trouvent des directeurs. Le 03 avril 2019, le gouvernement béninois a mis à la disposition de ces directeurs le matériel roulant afin que les objectifs soient atteints. Chacun d’eux a reçu un véhicule 4X4 Nissan Diesel de la part du ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche. Ces véhicules d’une valeur totale de 222.400.000 F Cfa sont donnés par le projet Procad grâce à une doléance du ministre à leur endroit du projet. Il faut préciser que ce projet vise à outiller les Atda et de leur permettre de travailler pour l’atteinte des objectifs.
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