L’opposant sénégalais Ousmane Sonko a été condamné le lundi 8 mai en appel à une peine de six mois de prison avec sursis pour diffamation et injure publique, dans l’affaire qui l’oppose au ministre Mame Mbaye Niang. La Cour d’appel a confirmé le montant des dommages et intérêts fixé en première instance : 200 millions de francs Cfa. Il risque l’inéligibilité en cas de condamnation définitive.
Le verdict a été prononcé : l’opposant sénégalais Ousmane Sonko a été condamné en appel à six mois de prison avec sursis pour diffamation et injure publique. De plus, il a également été condamné à payer des dommages et intérêts comme le tribunal en première instance, soit 200 millions de francs Cfa (300 000 euros). Le procès s’est tenu en absence du principal intéressé, l’opposant Ousmane Sonko ayant annoncé dès dimanche 7 mai au soir qu’il ne serait pas présent. « Je ne me présenterai plus devant cette justice pour répondre à quoique ce soit », avait-il déclaré. L’opposant politique et maire de Ziguinchor avait convoqué une session du conseil municipal de sa ville en Casamance, au sud du pays, le même jour et à la même heure que son procès.
Risque d’inéligibilité
Le principal enjeu de cette condamnation, c’est la conséquence sur l’éligibilité d’Ousmane Sonko pour la Présidentielle, prévue en février 2024. D’après le Code électoral, si la condamnation était définitive, si elle était confirmée en cas d’éventuel recours en cassation, il ne pourrait pas être inscrit sur les listes électorales et donc Ousmane Sonko serait exclu de la course. Pour le moment, ses avocats qui étaient absents au moment de la lecture du jugement, indiquent se concerter avant toute réaction. La partie civile, elle, s’est dite satisfaite, même si elle exigeait des dommages et intérêts beaucoup plus lourds, à hauteur de 29 milliards de francs Cfa. Dans l’opposition, certains ont déjà réagi comme l’ancienne Première ministre Aminata Touré qui dénonce un verdict « inique pour empêcher Ousmane Sonko d’être candidat. » Réaction également de Déthié Fall, un des leaders de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi qui appelle à rester mobilisés contre ce qu’il qualifie de « tentatives du président Macky Sall d’écarter, encore, un candidat à la Présidentielle.» Du côté de la partie civile, les avocats du ministre Mame Mbay Niang se disent satisfaits même s’ils avaient demandé des dommages et intérêts plus importants. De son côté, le Procureur avait requis 2 ans de prison dont un an ferme.
Présence du ministre du Tourisme
Le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, était lui bien présent au palais de justice. A la barre, vêtu de blanc dans la matinée du lundi 8 mai 2023, il a demandé une sanction exemplaire, expliquant s’être ressenti « calomnié », « injurié », « traîné dans la boue » dans cette affaire, rapporte Charlotte Idrac. Durant l’audience, les sept avocats du ministre Mame Mbaye Niang ont demandé la confirmation de la diffamation avec une peine minimum de quatre mois, plus l’ajout des délits d’« injures publiques » et de « faux et usage de faux ». Et en termes de réparation, Ousmane Sonko ayant accusé Mame Mbaye Niang, sur la base d’un rapport, d’avoir détourné 29 milliards de francs Cfa, la partie civile demandait donc 29 milliards de francs Cfa au titre des dommages et intérêts. De son côté, le procureur a insisté sur le volet « faux et usages de faux », il a requis une peine totale de deux ans de prison, dont un an ferme, ainsi qu’un mandat d’arrêt contre Ousmane Sonko.
Manifestation déjà prévue vendredi
Aujourd’hui, 257 prisonniers – pour l’essentiel de son parti Pastef – ont aussi décidé de commencer une grève de la faim, notamment en guise de solidarité avec lui. Ousmane Sonko dénonce un complot pour l’écarter de la scène politique et rappelle sa « campagne à la désobéissance civique contre la justice ». L’homme politique est aussi accusé de viols dans un autre procès, dont la première audience doit se tenir le 16 mai prochain. Dans un contexte tendu, après des rassemblements ayant dégénéré, une manifestation est déjà prévue vendredi 12 mai par la plateforme « des forces vives de la nation F24 ». Cela notamment pour s’opposer au troisième mandat de Macky Sall, mais aussi pour dénoncer « l’instrumentalisation de la justice pour éliminer des candidats ».
Source : Rfi